2 NOVEMBRE : COMMÉMORAISON DES DÉFUNTS

Il y a mille ans a été instaurée, en 998, la commémoraison des fidèles défunts, par saint Odilon, abbé de Cluny. Certes, depuis plusieurs siècles déjà, chez les peuples celtes et en Orient, on célébrait leur mémoire. Et l’apôtre Paul lui-même nous laisse entendre, dans sa première lettre aux Corinthiens (15, 29), que, dès les premières générations, les chrétiens se sont plu à prier pour les morts. Mais cela n’avait pas encore été officialisé ni étendu à l’Eglise tout entière. Voici donc un millénaire que la liturgie propose à toute la chrétienté de célébrer chaque année ce que saint Odilon n’a pas hésité à appeler « la fête des morts ».

 

Au lendemain donc de la fête de tous les saints que nous aimons imaginer dans la gloire éternelle du ciel, nous prions, tout spécialement pour les défunts dont nous pouvons penser qu’ils n’y sont pas encore entièrement parvenus. Comme le rappelle notre pape Jean-Paul II : « notre prière fraternelle vient ainsi au secours de ceux et celles qui sont en attente de la vision béatifique ». C’est là une expression de charité fraternelle de l’unique famille de Dieu par laquelle nous répondons à la vocation profonde l’Eglise qui est, comme se plaisait à le dire Thérèse de Lisieux, de « sauver des âmes qui aimeront Dieu éternellement ». Prier pour nos frères et sœurs défunts revient donc à proclamer notre espérance. Il est vrai qu’on ne peut pleinement approcher du Dieu très saint sans être soi-même réellement sanctifié. La foi de l’Eglise est, qu’un chemin de purification demeure encore possible par-delà la mort. Nous pouvons donc participer encore à leur salut dans cet admirable mystère de la communion des saints. Et de même que nous pouvons nous entraider ici-bas, sur la terre, en priant mutuellement les uns pour les autres ; nous le pouvons tout autant en nous tournant vers l’au-delà où notre prière monte, sans connaître l’obstacle des séparations ou des distances. Ainsi restons-nous en lien vivant avec celles et ceux qui nous ont quittés mais qui font toujours partie de la famille. Une famille qui ainsi ne se restreint pas, mais s’élargit au contraire, monte, grandit s’étend et, peu à peu, établit un lien indestructible entre cette terre où nous sommes et le ciel à venir où nous allons.

 

A la mort, dit le père Sertillanges, « la famille ne se détruit pas, elle se transforme. Une part d’elle va dans l’invisible. On croit que la mort est une absence quand elle est une présence secrète. On croit qu’elle crée une infinie distance, alors qu’elle supprime toute distance en ramenant à l’esprit ce qui se localisait dans la chair. Plus il y a d’êtres qui ont quitté le foyer, plus les survivants ont des attaches célestes. Le ciel n’est plus alors uniquement peuplé d’anges, de saints inconnus et du Dieu mystérieux : il devient familier. C’est la maison de famille. La maison en son étage supérieur, et, du haut en bas, le souvenir, les secours, les appels répondent. »