« Osons le bien autour de nous » : jubilé de vermeil de la Fraternité de l’Incarnation !

Voilà un bel idéal sur lequel aime s’appuyer Frère Francklin Armand. Il y a quarante-cinq ans exactement il fondait la Fraternité de l’Incarnation ; aussi chaque année cet anniversaire est fêté par toutes les communautés des petits frères et des petites sœurs de l’incarnation en Haïti. Et notre groupe Ti Fanmi Lenkanasyon Gwadloup a à cœur de se retrouver pour l’occasion et solenniser ce moment. Ainsi ce 27 décembre à 10 h 30 dans la chapelle des Sœurs Carmélites de Gourbeyre, une messe d’action de grâce était célébrée par père Silvère Numa (qui chemine avec nous), assisté du père Louis-Gabriel Blot aumônier du carmel. Et c’est une petite quarantaine de personnes qui a pu se retrouver pour l’occasion (beaucoup étant retenus chez eux à l’occasion des fêtes de fin d’année). « Mais le cœur y était » comme beaucoup de celles et ceux qui n’avaient pu venir nous l’ont dit par SMS.  

 

« Faisons le bien par petits bouts là où nous sommes ; car ce sont tous ces petits bouts de bien, une fois assemblés qui transforment le monde » Cette phrase de Mgr Desmond Tutu, prix nobel de la paix, décédé quelques jours plus tôt, est revenue à la mémoire de tous. Car Frère Francklin Armand a aimé tellement s’y référer lors de la retraite qu’il avait prêchée pour notre groupe à Saintard en 2018.

 

Après le mot d’introduction proclamé par Corine pour expliquer la démarche, père Silvère ouvrait la célébration par une prière chaleureuse qui nous permettait de nous « relier à tous les membres de la fraternité de l’incarnation réunis au même moment en Haïti »« cette communion dans la prière doit être comme le levain dans la pâte même si les temps sont difficiles pour tout le monde chez nous avec cette crise sanitaire qui n’en finit pas, mais plus encore en Haïti où les conditions de vie entraînent épreuve sur épreuve, cruauté sur cruauté »… « le courage du Frère Francklin n’en est que plus extraordinaire et nous entraîne sur un chemin de foi qui en cette année synodale est porteur de sens, d’engagement, de vérité et de solidarité pour tout le monde »…

 

Lors de la prière universelle des petits lumignons étaient apportés et disposés devant la crèche pour bien montrer le lien indéfectible dans la prière qui nous unit à la Fraternité de l’Incarnation. Les petits frères de l’incarnation ont en effet semé une graine lors de leur fondation en Guadeloupe il y a sept ans « et cette graine continue de tiger » comme aime le rappeler mamie Sonia « dans l’attente de leur retour » !

 

« L’homélie du père Silvère Numa m’a émue, tant il a su trouver les mots justes pour toucher les cœurs et nous permettre de continuer de murir les enseignements du Frère Francklin Armand qui, dans le sillage de Charles de Foucauld, donnent corps à cette spiritualité du devoir d’état qui permet aux familles de tenir bon dans la vie » n’a pas manqué de relever Daniella Foucan-Argus qui, avec son mari Wiltord, depuis la Martinique, demeure reliée à nous. Ils sont venus tous les deux se ressourcer en Guadeloupe à l’occasion de ce jubilé. « Je vis en Martinique avec mon mari, mais j’aime revenir chez moi à l’occasion ; j’ai été formée étant jeune par le père Chérubin Céleste vous savez et cette spiritualité de l’engagement ne m’a jamais lâchée. Je retrouve dans le charisme de la Fraternité de l’Incarnation cet enracinement-là » n’hésite-t-elle pas à témoigner.

 

Le verre de l’amitié a permis un partage amical avec tout le monde !

 

Jean-Marie Gauthier

Témoignage lu au début de la messe par Corine, mère de famille

 

Où en sommes-nous aujourd’hui ?

 

Cher Frère Francklin Armand, il y a quarante-cinq ans, après plusieurs années de bons et loyaux services chez les Petits Frères de Sainte Thérèse, tu ressentais le désir, inspiré par Dieu, de fonder la Fraternité de l’Incarnation en Haïti, afin d’être au plus près de la réalité du peuple Haïtien tout entier « tes sœurs et frères de terrain » comme tu les appelles dans ton livre magnifiquement écrit « Danser avec la vie ». L’Eglise a discerné avec toi et validé ton choix. Te voilà à l’œuvre avec les paysans de ton pays, qui étaient le corps social le plus rejeté qu’on appelait « les gens du pays en dehors ». Tellement leur condition était difficile : tout le monde fuyait la province vers les villes, et essentiellement Port-au-Prince, espérant un avenir meilleur.

 

Depuis cette intuition première, quel magnifique chemin parcouru ! Les petits frères et les petites sœurs de l’incarnation se sont implantés dans toutes les régions du pays voulant « devenir paysans avec les paysans pour l’avènement du règne de Jésus et de son Evangile » comme tu le dis si bien. Coopératives agricoles, centres d’élevage, les lacs collinaires creusés partout, des écoles, des orphelinats, des centres de soins, des centres de formation en apprentissages et universitaires, et des maisons de retraite et de ressourcement spirituel (en particulier à Saintard où nous sommes allés en 2018).

 

« C’est sur deux pieds que nous marchons et nous avons deux bras pour travailler :  ainsi formation intellectuelle va de pair avec inculturation ; indispensable respiration quotidienne de la prière et des sacrements va de pair avec travail manuel et artistique ; implication sociale va de pair avec sens du service, humanisme et engagement. » C’est sur ce trépied que repose le charisme des petites sœurs et des petits frères de l’Incarnation.

 

« Et pourtant notre Haïti Chérie continue de souffrir terriblement aujourd’hui, nous écrivait Frère Francklin dans un mail pathétique il y a quelques jours. Dieu fasse que l’Espérance continue de nous irriguer tous et nous donne la force de tenir face à cette adversité cruelle quotidienne qui nous menace inlassablement. Le Dieu de Jésus-Christ est à l’œuvre en ce monde, malgré tout, et envers et contre tout. Je vois deux signes qui nous le prouvent comme des petites lampes que nous devons bien tenir à la main pour avancer : le Synode (et la synodalité) inspiré par notre pape François pour l’Eglise universelle et donc pour nos Eglises et nos communautés en particulier ; et la canonisation de Charles de Foucauld en mai prochain. 

 

Merci à vous, amis de partout : Caraïbe, Europe, Afrique… de rester à nos côtés. Votre proximité en Guadeloupe (où nous espérons revenir) nous est si chère. Rendons grâce à Dieu de demeurer dans cette amitié qui nous fait vivre et nous permet de tenir debout où que nous soyons. »