Funérailles du Père Paul SANNER

Grande émotion à l’enterrement du Père Sanner

 

La messe des funérailles du père Paul a lieu en la cathédrale Notre-Dame de Guadeloupe à Basse-Terre ce samedi 13 août au matin.

La cérémonie était présidée par père Edouard Silène, vicaire général, assisté de père Gérard Foucan, vicaire épiscopal, curé de Basse-Terre et responsable des Vocations. De très nombreux prêtres étaient présents (même si plusieurs retenus par des activités paroissiales incontournables en ces fêtes de l’Assomption, n’avaient pu se déplacer) montrant bien l’unité de notre Eglise diocésaine après le retour vers le Père du Doyen du presbyterium. Les pères Hamot, Gillot et Plocoste ont si longtemps travaillé avec le père Sanner !

Le neveu du père Sanner lui a rendu un vibrant hommage, appuyé par le père Silène, tandis que le père Gillot a prononcé l’homélie de circonstance toute empreinte de fraternité. L’émotion dans la voix il a su communiquer la grandeur d’âme du pasteur qui nous quittait.

Nous avons noté aussi la présence de jeunes et de servants d’autel qui malgré ce temps de vacances et de festivités du tour cycliste de la Guadeloupe ont préféré participer aux funérailles. Belle exemple d’idéal pour notre jeunesse aujourd’hui.

Le magnifique hommage ainsi rendu était à la mesure du travail et du zèle apostolique que père Paul Sanner a été pour toute l’Eglise tout au long de sa vie.

J’ai retenu que le père Sanner était d’une gentillesse extrême et d’une serviabilité sans faux-semblants. Le voilà auprès de notre Père du Ciel.

Que le Seigneur l’accueille avec amour dans la demeure préparée pour lui et que son âme trouve le repos éternel dans le ciel par la grande miséricorde de Dieu. Père Paul Sanner aura été un bel exemple pour tout le peuple chrétien.

 

Marie-Mad. Hira

Homélie du Père Yves Gillot.

On l’appelait : « TI Paul ! ».Il était petit de taille, assez maigre et d’apparence même fragile. Et pourtant il a vécu quatre-vingt- seize années. Oui,  Ti-Paul fut pour moi d’abord un confrère, un confident, un prêtre, un véritable ami dont je garderai longtemps les entretiens et les conversations que nous avons eus ensemble.  A l’âge de douze-treize ans, tout jeune garçon après mon certificat d’études, alors que je venais d‘entrer au petit séminaire de Blanchet, je me souviens de ce jour où Mgr Jean Gay avait béni  dans cette cathédrale même, la première soutane dont les premiers grands séminaristes allaient se revêtir. Il s’agissait de Sanner,  Lacroix, Manlius, Belenus, Flower, Lasserre etc . Après la bénédiction de leurs soutanes, ils sont allés à la sacristie et  en sont revenus, revêtus de cette robe noire, qui allait être désormais le signe de leur vocation de prêtres ! Ils étaient environ une quinzaine, je crois !

 

Et donc Paul Sanner était parmi eux. En même temps, et avec d’autres jeunes séminaristes guadeloupéens futurs prêtres,  Mgr Magloire, alors supérieur du séminaire, avec  le P. Forbin son auxiliaire, leur avaient donné notamment les premiers éléments de leur formation philosophique et théologique. Cette première formation a commencé avec eux d’abord aux Saintes, avant qu’ils ne reviennent définitivement à Blanchet en Guadeloupe. La France était en pleine guerre à l’époque. Et en raison de cette période de guerre qui était déjà un peu sur la fin, ces premiers « soutanés » sont restés encore pendant quelques mois avant de gagner, dans l’Hexagone, le grand séminaire spiritain de la Rue Lhomond à Paris. Ce fut encore pour eux quatre ou cinq années, durant lesquelles ils reçurent les derniers éléments de leur formation spirituelle, philosophique et théologique.

 

Alors que j’étais jeune prêtre, ma première amitié avec Paul  m’avait beaucoup rapproché de sa famille à St. Claude. J’avais même l’impression que j’étais véritablement devenu un membre de sa famille, tant les parents de Paul avaient de l’attention pour moi. Et Paul  avait même fait construire dans la propriété de ses parents à st. Claude une maisonnette dans les bois, au fond du jardin de leur propriété, où, à l’époque, je venais de temps en temps gouter un peu de silence et  prendre un peu de repos. Je connaissais tous ses frères (dont l’un était au petit séminaire avec moi) et également deux de ses sœurs. Et c’est  moi d’ailleurs qui ai fait les obsèques de son papa, de sa maman, de ses deux sœurs (dont  Marie-Céline entre autres), et d’une de ses tantes. Cette proximité avec ses parents m’avait beaucoup marqué au point que j’ai véritablement servi parfois, auprès d’eux, de conseiller dans certains domaines et certaines affaires qu’il est inutile de rappeler ici.

 

L’autre amitié de Paul s’était manifestée particulièrement encore envers moi, alors que j’étais jeune prêtre et étudiant  à Rome en Italie. A l’époque de mes études à Rome nous ne nous connaissions pas particulièrement. Mais je revenais en France pendant les vacances scolaires, pour aider dans les paroisses, et servir d’aumônier chez  des religieuses. Or Paul et moi, en ce temps-là, je le répète, nous ne nous connaissions pas vraiment ! Lui Paul, sachant que je faisais office d’aumônier auprès des religieuses, pendant les vacances, quelque part du côté de Menton (du coté de la frontière italienne),  un jour s’était mis à ma recherche un peu partout à cet endroit, allant jusqu’à même interroger des prêtres, des paroissiens, des gendarmes, et  aussi différents couvents de religieuses,  jusqu’à ce fameux après-midi où il avait fini par me retrouver. Et depuis, durant toute ma vie sacerdotale en Guadeloupe, on a été très proche.  A plusieurs reprises, on avait décidé de prendre nos vacances ensemble : ce qui nous avait permis de faire des économies et de pouvoir voyager en Europe, comme par exemple  pour aller en Suisse. Ainsi, à maintes reprises nous étions allés rendre à  Sœur Louise, et aux autres « religieuses hospitalières de Sion » (en Suisse), dont certaines étaient des Guadeloupéennes.

 

Au début de mes années sacerdotales, Paul eut une particulière attention pour moi, comme un véritable pédagogue, surtout dans mes premières responsabilités de jeune curé, et notamment à Pointe-Noire. Il fut réellement dans ce domaine-là un vrai guide pastoral durant ces premières années. A l’époque où Mgr Oualli était devenu évêque du diocèse, Paul assurait  les fonctions d’économe du diocèse. Or, à cette époque-là, en raison du petit nombre de prêtres, à chaque week-end, il devait aller prendre le bateau à St-François, et cela chaque samedi afin d’assurer la messe dominicale à la Désirade.  Le lundi matin il repassait de nouveau chez moi à Pointe à Pitre à la maison diocésaine, avant de retourner à Basse-Terre, pour reprendre son travail. C’est sous sa responsabilité d’économe diocésain, par exemple, alors que l’ancien presbytère de Pointe-à-Pitre, proche du tribunal, se trouvait en très mauvais état, qu’il avait décidé de transférer cet ancien presbytère en bois dans une construction neuve qu’il avait fait construire  à la rue François Arago. Et ainsi, l’ancienne maison-presbytère avait été laissée désormais, à la disposition de la municipalité de Pointe-à-Pitre.  A l’époque, à l’endroit même où se trouve actuellement la « maison diocésaine », il y avait autrefois   un grand local qui servait de cinéma paroissial qu’on appelait le « Cinéma « Jeanne-d’Arc » C’est donc à cet endroit que Paul avait parfaitement bien négocié le transfert et suivi scrupuleusement les plans de cette nouvelle construction. Cet établissement qu’on appelle désormais « la maison diocésaine » je l’ai occupé comme presbytère plus d’une vingtaine d’années. Je me souviens aussi qu’à l’époque de la construction de l’édifice actuel, on avait découvert dans les fondations une importante source d’eau dont on avait envoyé un prélèvement-échantillon dans l’hexagone pour y être analysé car, proche de ce lieu, la place de la Victoire,  il y avait autrefois dans les temps anciens, disait-on, un cimetière. Or la conclusion de l’analyse de l’échantillon fut étonnante et  surprenante !! L’eau avait été reconnue parfaitement saine et  potable. A toutes fins utiles, je déclare que cette source a été captée, qu’elle ne fut jamais   exploitée et qu’elle demeure toujours enfouie sous cette maison diocésaine.

 

Oui,  Paul m’a beaucoup aidé et conseillé durant ces dix premières années sacerdotales. Chaque lundi, par exemple, (et pourquoi chaque lundi), parce que c’était le jour fixé par le diocèse pour permettre aux prêtres un travail en doyenné. Paul venait soit à Pointe-Noire, soit à Basse-Terre, soit à Massabielle, soit à St. Pierre et St. Paul à Pointe-à-Pitre (où j’étais curé), me chercher avec sa voiture pour me conduire chez tel ou tel confrère, pour me faire découvrir la vie des prêtres, et ainsi faire de nombreuses connaissances… A l’époque où il s’est trouvé à l’Ehpad de Basse-terre, Paul m’avait obligé de lui faire cette promesse. « Tu ne diras rien et, rien, le jour de mes obsèques en guise d’homélie ». Par exemple, disait-il, pas de panégyrique, pas de témoignage, pas d’oraison funèbre, ou que ce soit de ce genre ! !  Pourquoi lui avais-je demandé ? Parce que, disait-il, je ne suis pas un héros, ni un médaillé ! Je ne suis rien et je ne veux être considéré que d’avoir été un humble serviteur de Dieu et de l’Eglise. Je n’ai laissé aucun écrit et je ne veux pas que tu   dises quoi que ce soit à propos de ce que j’ai fait ou dit d’extraordinaire. Je veux, au contraire, disait-il encore, que le jour de mes obsèques après l’Evangile, on garde le silence dans l’assemblée comme la liturgie le requiert !! Et alors, je lui avais répondu en balbutiant des lèvres : « si c’était moi qui mourais avant toi » ? En tous cas, et si possible, je ferais en sorte qu’on observe le silence comme tu l’as dit, l’Eglise requiert après la lecture de l’Evangile. Je lui avais demandé la permission, toutefois, ce (sur quoi il était tombé d’accord avec moi), de pouvoir le jour de ses obsèques, témoigner de sa foi, de son amour de Dieu et de sa fidélité à son engagement sacerdotal. Le Christ non plus n’a pas organisé ses obsèques, ni  rien laissé par écrit. Le seul écrit dont parle l‘Evangile et que le Christ ait laissé, c’est ce qu’il a laissé sur le sable. C’était le jour où les pharisiens accusaient une femme du péché d’adultère, et où il avait dit : « Que celui d’entre vous qui  est sans péché, lui envoie la première pierre. » Et se baissant, il se mit à écrire sur le sable ! Ce fut sa seule écriture ! Qu’est-ce qu’il a écrit ? Personne ne sait !!! Concernant, ai-je dit à Paul, ce qui demeure écrit désormais   dans nos cœurs à nous et dans nos mémoires à nous, c’est l’amour que Lui Jésus a eu pour nous. Ce qui demeure enfin écrit dans nos mémoires à nous, aujourd’hui encore c’est l’exemple que Toi, Ti Paul, tu nous as laissé : l’exemple d’un bon et humble serviteur de Dieu et de l’Eglise. Tu as aimé l’Eglise et tu l’as servie ! Aimer et servir, n’est-ce pas ce qu’il y a de plus grand aux yeux de Dieu ? Jésus, lui-même nous en a donné l’exemple. Il s’est fait pauvre et serviteur au point d’accepter de mourir sur la croix pour nous. Mon cher  « Ti-Paul ! » Merci et à bientôt ! Que le Seigneur t’accueille dans son Paradis. Amen

Père Yves Gillot