L’histoire de la communauté œcuménique de Taizé est impressionnante. Dans ce petit village bourguignon de 200 habitants, proche de Cluny, un jeune suisse protestant, Roger Schutz arrive là en pleine guerre en 1940. Il porte en lui le projet intérieur de créer une communauté de prière, à l’image des monastères. La guerre interrompt provisoirement cette fondation. Elle reprend en 1946. En 1949, sept frères prononcent leur engagement. Depuis, les frères venus de différentes églises chrétiennes, originaires d’Europe ou d’autres continents vivent une vie monastique avec prière trois fois par jour. Puis, dans les années 60, Taizé devient aussi un lieu d’accueil pour les jeunes européens.
De plus, chaque année, entre Noël et le Jour de l’an, Taizé organise des rencontres européennes dans une grande ville. Prochaine rencontre du 28 décembre 2022 au 1er janvier 2023 à Rostock en Allemagne.
La personnalité du fondateur, frère Roger (1915-2005), a contribué au rayonnement de la communauté. Pour ma part, je garde plusieurs souvenirs de Frère Roger et de Taizé. D’abord ma première visite en 1972. J’étais séminariste. Ensuite la rencontre européenne à Paris fin 2002 avec la présence humble et profonde de Frère Roger. Enfin sa mort en août 2005, alors que nous étions à Cologne pour les JMJ.
Vivant depuis un an avec quatre frères de Taizé à Ste Marthe des 4 chemins à Pantin, je souhaitais venir à nouveau en ce lieu. Pendant quelques heures, je me suis immergé au milieu des centaines de jeunes de tous pays. J’ai chanté avec bonheur les mélodies propres à Taizé. Invité par frère Aloïs, prieur de Taizé, successeur de Frère Roger, j’ai été émerveillé par le recueillement, le silence, la joie et la fraternité. Joie d’un accueil chaleureux par deux frères, un belge et un hongrois. Joie de retrouver les jeunes frères venus dans la communauté de Pantin pendant quelques mois.
Au programme, visite de l’église romane et du cimetière où repose frère Roger, dîner, prière du soir avec les 70 frères et des centaines de jeunes, nuit sur place, messe…. Emerveillement le soir avec le prolongement de la prière par l’entretien des jeunes avec un frère ainsi que les confessions. Emerveillement de l’Eucharistie matinale dans la crypte en présence de dizaines de fidèles de tous âges et de tous pays, concélébrée par huit prêtres originaires de Pologne, d’Allemagne, d’Afrique et de Chine.
Taizé, c’est d’abord un site. Une église avec la lumière. Des chants connus : « Laudate Dominum », « Ubi Caritas et Amor », les Alleluia de Taizé….Ainsi que les textes de Grégoire de Nazianze, Thérèse d’Avila et Jean de la Croix mis en musique par Berthier.
Taizé a attiré et a bénéficié de l’intérêt de l’Eglise catholique et du soutien des papes, de Jean XXIII à François, notamment Paul VI et Jean Paul II. Le dimanche 5 Octobre 1986, Jean-Paul II a souligné que « l’on passe à Taizé comme on passe près d’une source. Le voyageur s’arrête, se désaltère et continue sa route. » Chaque année, des dizaines de milliers de jeunes viennent à Taizé, participent aux prières et aux services.
Ma brève visite se situait quelques jours après celle de la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyden et de la rencontre des délégués des diocèses de France pour préparer les JMJ de Lisbonne qui auront lieu en juillet-août 2023.
Grâce d’être venu pour quelques heures à Taizé. Et de méditer avec cette communauté et découvrir son rayonnement en Europe et dans le monde, notamment auprès des jeunes. Il y a 60 ans, Jean XXIII avait présenté Taizé comme « un petit printemps ».
Au seuil de cette nouvelle année, il est bon d’avoir vu ce printemps sans fin depuis 80 ans.
Au6ème siècle avec Benoît et au 11ème siècle avec Cluny, le monachisme est née et s’est développée en Europe. Au 20ème siècle, à Taizé, l’Esprit-Saint a suscité cette communauté qui rayonne dans notre pays et dans le monde.
+ Jean-Yves RIOCREUX
1er septembre 2022