Misyon Lari : allons ailleurs

« Allons ailleurs… » (Marc 1, 35-39) avec Misyon Lari !

 

Pour son jubilé de chypre, le mouvement Misyon Lari, qui ancre son implantation dans le diocèse, a réuni une centaine de participants pour son rendez-vous annuel des 25 et 26 février, à l’occasion du premier dimanche de carême. « Marche, prière, engagement et rencontre : voilà les battements du cœur de ce mouvement dans lequel j’aime tellement me retrouver » affirme un jeune père de famille de Baie-Mahault qui est très impliqué et qui a l’habitude de participer.

 

Cette année le pèlerinage reposait sur un trépied  : saint Charles de Foucauld qui par ses écrits percutants a jalonné toutes les étapes de notre parcours ; la marche pour aider à l’approfondissement de son parcours -Frère Francklin Armand qui, en Haïti, a fondé il y a quarante ans la Fraternité de l’Incarnation (à partir de la spiritualité du père de Foucauld) a écrit dans son livre « paysan de Dieu » : « la foi nécessite, après la lecture et la prière de la Parole de Dieu, de marcher encore et toujours afin que s’enracine en nous la plénitude de la vérité de Jésus-Christ pour que nous nous engagions résolument pour nos frères » ; le sens de l’accueil, du partage et de la fraternité. « Et bien cette trinité là a parfaitement fonctionné cette année (spiritualité du père de Foucauld, marche, accueil/partage) pour rendre notre pèlerinage attractif, enthousiasmant et plein d’espérance » disait une mère de famille de Grande Terre.

« Et pourtant on en a bavé » comme disait un jeune à la fin de la première journée : 21 kms de Ste Thérèse de Bas-du-Bourg à Trois-Rivières en passant par Saint-Claude (montée de Bologne le long des champs de canne – puis par Belfond, montée vers l’église de St Claude – Choizy puis Gallard à travers chemins et champs – paroisse de Gourbeyre pour la pause de midi – enfin Champfleury et longue marche à travers la montage pour relier la plage de Grande Anse et enfin arriver en fin d’après-midi à la paroisse de Trois-Rivières) pour le repas du soir, puis la veillée de prière afin d’approfondir à la fois la spiritualité du père de Foucauld et les fondements qui ont permis l’éclosion de ce mouvement génial Misyon Lari. Si la deuxième journée a été tout aussi éprouvante de l’église de Trois-Rivières à l’église de Capesterre Belle Eau (16 kms), c’est que la marche (toujours très organisée pilotée par nos chefs d’équipe sous la houlette de Timoléon, guide de renom) nécessitait prudence, vigilance et courage ; car si le parcours complet de la Coulisse en bord de mer est splendide, il est escarpé, et présente des passages un peu acrobatiques… mais tout le monde s’y est mis dans la bonne humeur et l’entraide, et la foi aidant le moral des troupes n’a jamais été atteint !

 

Le tracé très pédagogique concocté par l’équipe d’animation Misyon Lari aidée de nos guides a permis de constater combien notre Guadeloupe est parcourue de plaies qui nécessitent des travaux conséquents suite à Fiona (le nombre d’ouvrages routiers abimés grandement à certains endroits et notamment dans la traversée de la montage entre Champfleury et Grande Anse est ahurissant) ; les amoncellements d’ordures déposées un peu partout de façon anarchique montrent le manque de sérieux de nombre de Guadeloupéens il faut bien le dire – « nous avons de sérieux progrès d’entraides écologiques  à faire comme nous le recommande notre pape François , et d’obéissance civique aussi» disait une mère de famille de Basse-Terre ; les sargasses encore et toujours qui s’amoncellent dans nos criques et les défigurent (« ces sargasses qui nous agacent » comme disait un enfant ; sans compter le désordre organique et biologique que cela provoque… Tout cela a été porté dans nos prières, notre réflexion, nos échanges…

Notre parcours sur les deux jours a été jalonnés de temps d’écoute de la Parole de Dieu, de partage de textes écrits par le père Charles de Foucauld tout au long de sa vie :  « quel parcours humain étonnant que cet homme a connu dans son enfance puis son adolescence : souffrance de la mort de ses parents ; perte de la foi ; « repères débridés qui lui ont fait vivre n’importe quoi, disait un jeune qui ajoutait, c’est un peu comme aujourd’hui pour certains ! » ; jusqu’à ce travail intellectuel intense pour apprendre la langue des Touaregs, et approfondir la culture et l’histoire de tous ces peuples d’Afrique du Nord : « il a voulu se faire l’un d’eux pour les comprendre à fond… les aimer vraiment et invoquer Dieu tous les jours pour eux ! » Ordonné prêtre, il a été un homme de prière infatigable, et un homme d’action et d’engagement exemplaire pour devenir « le frère universel »… et « promouvoir cet apostolat de la bonté afin de rendre la foi chrétienne accessible au plus grand nombre ». « Quel bel exemple ! » s’exclamait Daria, d’Anse-Bertrand. « Il va changer ma vie ».

Que dire de l’accueil des communautés qui nous ont reçus à Ste Thérèse, Saint-Claude, Gourbeyre, Trois-Rivières et Capesterre : extraordinaire ! Partout la bienveillance, l’attention, la chaleur humaine permettaient une vraie fraternité. Le pape François ne nous dit-il pas que « l’accueil vrai, sincère et bienveillant doit être au cœur de notre cheminement de Carême ». Avec Misyon Lari, c’est sur la bonne voie !

Que dire aussi du témoignage fait de simplicité et de bienveillance de tous les membres actifs de Misyon Lari : on sent que leur engagement sincère et fait d’humilité et de bienveillance, exprime une belle cohésion entre eux, même si ce n’est pas facile tous les jours ! « Les jeunes de nos rues et de nos quartiers et les nombreuses familles en souffrance ont besoin de notre présence, pas de notre fuite ! ». Cette charité là, dans le quotidien, patiemment, elle seule peut faire reculer la violence, et le désœuvrement ! « Soyons des leviers à ce niveau, et notre société ira mieux et cultivera l’espérance et la justice enfin ! » Nous sommes tous concernés en vérité !

« Prier et se retrousser les manches ! » comme le répète souvent Frère Francklin Armand, pour stimuler ses petits frères et petites sœurs de l’incarnation, à aller de l’avant encore et toujours sans se décourager !

L’Eucharistie en fin d’après-midi du dimanche en l’église de Capesterre-Belle-Eau permettait l’action de grâce authentique et le renforcement des liens fraternels entre tous ! La joie a été le ferment de tout ce beau week-end qui restera dans tous les cœurs et les esprits ! La joie pascale à l’horizon permet à tous d’aller de l’avant ! Nous ne pouvons que saluer le courage de tous les marcheurs, et remercier du fond du cœur les pères Paul-Antoine Bernard et Serge Plaucoste qui sont les ardents bergers de ce mouvement bien inculturé qui ne peut que s’étendre tant les besoins de nos communautés et de la société sont grands !

Nul doute qu’en diocèse nous fêterons le jubilé d’étain de ce pèlerinage Misyon Lari ! Dans nos paroisses ne va-t-on pas nous entraîner à faire éclore des équipes Misyon Lari, comme le suggère si justement Père Plaucoste !

Jean-Marie Gauthier