A la rencontre d’un missionnaire de la Miséricorde en cette année jubilaire

INTERVIEW – Père Christian-Marie (Frère Dominicain)
 INTERVIEW – Père Christian-Marie
Frère Dominicain
Le Frère Christian-Marie, frère dominicain de la Province de France, nous a rendu visite pour une série de conférence sur la Miséricorde. C’est à la demande de Mgr Riocreux, qui, en accord avec son supérieur hiérarchique, le Provincial de France, qu’il a participé à cette vaste compagne d’information, proposée par le pape François et c’est tout naturellement qu’il a répondu présent pour cette mission, en compagnie de père Mathieu Malonga. Nous l’avons rencontré au CPSO et s’est confié à nous en toute simplicité.  
 

 

Père Christian-Marie, dites-nous un peu plus sur votre engagement ?
Je suis dominicain de la Province de France puisqu’il y a plusieurs provinces dans le monde, je suis au couvent de l’annonciation à Tours, couvent qui abrite l’oratoire de la Sainte F      ace. Je suis entré chez les frères dominicains en septembre 2006, j’avais alors 40 ans. Titulaire d’un BTS de production animale, j’ai été paysan pendant un certain temps, j’ai élevé des chèvres pour faire du fromage, dans ma région d’origine près de Châlons-sur-Saône en Bourgogne, puis aide-soignant en milieu hospitalier.
 
Pourquoi avoir attendu 40 ans pour vous vivre votre vocation ?
En effet, on me dit souvent que je suis une vocation tardive et je réponds que je suis une réponse tardive. Ma vocation, je l’ai eu, j’avais alors cinq ans, mais c’était dans les années 70, dans une  période un peu difficile et je ne sentais pas qu’on encourageait les vocations, je n’ai pas été accompagné, j’avais du mal à discerner, je ne savais pas comment concrétiser ce désir de devenir prêtre. C’est en 2001 que j’ai vécu une conversion assez importante qui m’a ramenée vers l’église que j’avais laissé tomber et puis cet appel que j’avais enfoui au fonds de moi, a refait surface et une petite obsession, celle d’avoir un habit blanc, voila comment je suis entré chez les frères dominicains.
 
Votre parcours ?
J’ai suivi un parcours ordinaire, un an de noviciat à Strasbourg, les trois premières années d’étude à Lille, les deux autres années à Lyon où j’ai obtenu la licence canonique, j’ai été ordonné diacre en 2012 et ordonné prêtre le 30 juin 2013. Je suis parti en Algérie, envoyé par mes supérieurs dans une maison qu’on possède à Tlemcen dans le diocèse d’Oran, avec comme mission principale auprès de étudiants subsahariens  venus étudier en Algérie. Je suis reparti en janvier 2016, après 6 mois en tant que diacre et deux ans en tant que prêtre, comme coordinateur du diocèse d’Oran pour la Caritas.
 
L’objet de votre visite en Guadeloupe ?
Je suis en Guadeloupe, à la demande Mgr Riocreux qui a contacté mon supérieur hiérarchique, le Provincial de France, avec un autre frère, Mathieu Malonga,  très connu chez vous. C’est un peu un symbole, les Dominicains ont été les premiers missionnaires en Guadeloupe et il y a toute cette histoire entre l’Ordre des Prêcheurs et la Guadeloupe. J’ai répondu oui par obéissance, mais aussi par curiosité. Nous sommes envoyés non par le pape, mais dans l’esprit du pape, il faut savoir qu’il y a  des prêtres qui ont été nommés par leurs évêques pour devenir des missionnaires de la Miséricorde avec cette mission particulière de faire des enseignements sur la Miséricorde, d’assurer des prédications dans les paroisses et le pape compte mettre en place, un ministère très important, celui de la Confession. En ce qui me concerne, je veux faire découvrir un peu plus la Miséricorde, plus par expérience que par connaissance.
 
Pouvez-vous nous parler de la Miséricorde ?
La Miséricorde en deux mots, ce sera un peu difficile, ce qui nous est proposé  cette année, ce n’est pas de parler de la Miséricorde, mais de redécouvrir  et d’approfondir le mystère de la miséricorde de Dieu. La Miséricorde sans lien avec Dieu, ne présente pas d’intérêt et cela ne nécessiterait pas d’envoyer des missionnaires pour en parler.  Cette année de la Miséricorde, il y a longtemps qu’on travaille là-dessus, les quatre derniers papes qui se sont succédés au Vatican, l’ont préparée minutieusement par toute une série d’enseignements, de cheminements, d’encycliques, une sainte a été mise en avant par Jean-Paul 2, il s’agit de Sainte Faustine qui est devenue  depuis, l’apôtre de la miséricorde.  Cette demande de la Miséricorde, c’est une demande du Seigneur pour le monde d’aujourd’hui. En tant que missionnaire de la Miséricorde, je pense que c’est une année importante que nous vivons, aussi bien pour les gens qui sont dans l’église que pour ceux qui ne le sont pas, pour ceux qui sont restés éloignés de l’église depuis quelques années et éprouvent le besoin de revenir, de se repentir ou encore de se confesser. Les médias ont relayé cette évènement, des médias qui ne sont pas forcément catholiques, se font l’écho cette annonce et même s’ils ne savent pas ce qu’il y a derrière, ils sont sensibles à cette démarche du Saint Père qui nous invite à redécouvrir la Miséricorde de Dieu, un visage de Dieu qu’on a oublié et cette porte que nous franchissons, c’est un symbole de conversion ou de reconversion.
 
En conclusion ?
En conclusion, je dirai que, la Miséricorde c’est la manifestation de l’Amour que Dieu a pour nous. C’est le moment de bénéficier de la prière, de faire la démarche de franchir la porte. Dieu sait aussi que nous avons besoin de nous adapter, d’être remis en état, mais il est prêt à nous donner tout, même si nos faiblesses, nos limites, ne nous permettent pas de recevoir tout, tout de suite. Le Seigneur est miséricorde avec nous, il ne déverse pas sa miséricorde sur nous comme un orage, mais comme une pluie bienfaisante qui vient nous irriguer et nous arroser et nous imbiber jusqu’au plus profond de nous même. Quant à moi, j’attends qu’on me fasse Miséricorde. Comme confesseurs et missionnaires de la Miséricorde, nous rencontrons beaucoup de gens qui viennent chercher ou trouver auprès de nous, un réconfort et cela me réjouit,  parce que cela nous fait aussi découvrir, d’autres visages de la Miséricorde, voila un peu, ce que j’attends de mon passage dans votre diocèse.
                                                                                                                       Jeremiah CARLTON