Courage et espérance pour Haïti !

Mgr Jean Désinor, évêque de Hinche, est de passage en Guadeloupe, durant trois jours,  pour porter des paroles de réconfort à ses prêtres et ses amis haïtiens, eu égard à la situation terrible que traverse le pays actuellement. Il a pu rencontrer Mgr Riocreux et donné une interview à Radio Massabielle. Il a volontiers répondu à nos questions.

 

Mgr Jean Désinor, évêque de Hinche, est de passage en Guadeloupe, durant trois jours,  pour porter des paroles de réconfort à ses prêtres et ses amis haïtiens, eu égard à la situation terrible que traverse le pays actuellement. Il a pu rencontrer Mgr Riocreux et donné une interview à Radio Massabielle. Il a volontiers répondu à nos questions.

1°) Les nouvelles qui nous parviennent d’Haïti sont terribles. On parle même de « guerre civile ». Pouvez-vous nous éclairer, car les médias semblent muets sur le sujet ?

« Oui le pays traverse une période particulièrement violente. Politiquement l’instabilité est à son comble, et le peuple ne voyant pas d’issue et n’ayant aucune perspective est dans la rue à réclamer justice. Car il manque de tout et par endroit la famine s’installe ! Il faut comprendre que depuis mi-septembre toutes les écoles sont fermées. La situation pilotée de l’extérieur (sur le plan économique : pétrocaribe…etc) est devenue très compliquée. Or les médias caribéens n’en parlent pratiquement pas, encore moins les grands médias internationaux. Tous nous laissent dans un isolement cruel. On parle du Chili, du Liban ; or Haïti est bloqué mais on n’en parle pas, c’est très injuste en effet. Quelle perspective tout de suite ? Du 27 octobre au 2 novembre prochain, on parle d’un blocage complet « dépoté bannann ! » comme on dit chez nous. »

2°) Que devons-nous faire, comme St Luc le dit dans l’Evangile (3, 14) ?

« L’Eglise appelle de ses vœux à revenir à une solidarité régionale authentique (comme le Venezuela et Cuba avaient si bien commencé à le faire). Il y a actuellement une hypocrisie évidente des Etats-Unis et un mutisme plus qu’inquiétant de l’Europe et en particulier de la France. Or tant de vies humaines sont en danger chez nous ! »

3°) Et la Mission dans tout cela ?

« Elle concerne tous les chrétiens du monde comme le rappelle le pape François, et comme vous le vivez ici. Haïti est reliée à l’universel et chaque contrée ou pays adapte son implication missionnaire dans le concret. Chez nous, à Hinche, nous avons décidé d’être le plus près possible des gens… de ceux qui ont décroché, de ceux qui souffrent, de ceux qui se sont éloignés. Comment nous voient-ils ? Aparecida parlait de la conversion pastorale à toujours renouveler de la part de tous les agents pastoraux : évêques, prêtres, diacres, religieuses et religieux, laïcs engagés… Il y a une conversion permanente à opérer. Proximité et vérité : voilà le travail d’une authentique Mission. Il nous faut être simples, proches pour vivre la fraternité, celle de Jésus-Christ. J’aime cette phrase du Père de Foucauld que reprend souvent Frère Francklin Armand : « si cet homme est bon, c’est que sa religion doit être bonne ! ». C’est si vrai ! Que laissons-nous voir de nous dans notre vie chrétienne ? C’est le vrai examen de conscience à faire en permanence. Et, dans la prière, avancer résolument et humblement sur ce chemin, comme l’Evangile de ce dimanche « du pharisien et du publicain » nous y invite ! »

4°) Pour conclure, pouvez-vous dire deux mots à notre petit groupe Ti Fanmi Lenkanasyon qui prend racine humblement en Guadeloupe depuis le passage des petits frères de l’incarnation ?

« Je bénis cette initiative et je vous encourage absolument à persévérer. Vous savez au mois de mai dernier a eu lieu la grande rencontre de la famille spirituelle du Père de Foucauld à Saintard (près des Gonaïves). J’y suis allé invité par le Frère Armand. Je peux dire que j’ai été édifié par tout ce vécu admirable dans le concret partout à travers le monde. Et si la spiritualité et le charisme de la Fraternité de l’Incarnation peuvent s’implanter dans la Caraïbe c’est un vrai réconfort pour la solidarité et la fraternité dans nos pays. Voilà qui est porteur d’espoir missionnaire pour nos Eglises respectives ! »
Merci Mgr Désinor. Soyez assuré de nos prières pour vous et tout le peuple d’Haïti.

 

Mgr Désinor a célébré la messe dominicale de 18 h ce samedi 26 octobre en l’église St Louis de Gosier. Joie des fidèles nombreux qui l’ont bien connu dans les années 2000 quand il venait remplacer le Père Cyrille en juillet-août chaque année !   
Question d’un paroissien du Gosier après la messe sur le parvis :Le pèlerinage en Haïti envisagé durant dix jours début août 2020 par le diocèse de Guadeloupe auprès de la Fraternité de l’Incarnation à Pandiassou et Saintard,  et pour visiter Père Daniel Romulus, pradosien, à Petit-Boucan :« Oui venez sans hésiter, le pays ira mieux d’ici là nous l’espérons fort avec vous, et on vous accueillera avec tellement de joie ! »

Jean-Marie G.