2d dimanche de Carême : 28 février 2021

La grâce du Thabor

Le Thabor comme la Croix est l’autel où le grand Prêtre élève son offrande au Père. Comme la Croix, il est le lieu d’où Jésus nous attire tous à lui, dans le sein du Père. Gravir la montagne avec Jésus, comme Pierre, Jacques et Jean, c’est faire un chemin purement spirituel et totalement incarné : purement spirituel quand notre foi prend racine en Christ et totalement incarné quand nous cheminons dans la communion de vie et de témoignage avec l’Église corps mystique du Christ.

Inutile, comme Pierre, de rêver s’installer dans un monde qui ne serait que spirituel alors que la périphérie à laquelle Jésus nous envoie est ici et maintenant. On ne monte pas sa tente sur la Montagne Sainte. Il faut redescendre de la Montagne et vivre la grâce reçue, jusque dans sa chair. Il faut rendre témoignage à la grâce reçue.

La découverte du Thabor nous encourage à mieux vivre les vertus théologales (la foi, l’espérance et la charité) et la triple mission de l’Eglise qui est de célébrer le salut que Dieu nous accorde en son Fils Bien-aimé Jésus-Christ, de servir la vie des hommes et d’annoncer la Parole. C’est donc par notre participation à la mission de l’Eglise que « Le Seigneur Jésus-Christ transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux » (Philippiens 3, 21).

La grâce du Thabor nous concerne tout entier, corps, âme et esprit. Aujourd’hui « beaucoup de gens vivent en ennemis de la croix du Christ » (Philippiens 3, 18), dans une culture qui méprise le corps, faisant de lui à la fois une idole et un objet de destruction massive. La transfiguration du Christ nous rappelle qu’il est important de découvrir la noblesse et la vraie grandeur du corps et de la personne humaine. En nous transfigurant tous « à l’image de son corps glorieux », le Christ transfigure nos différences qui sont un reflet de sa propre richesse. Ces différences fondamentales, qui caractérisent chacun de nous, nous pèsent souvent et nous divisent parfois. Sur le Thabor, les différences révèlent leur sens et elles trouvent leur unité en Jésus. Contempler la lumière du Christ transfiguré nous unifie intérieurement et nous unit à lui en nous révélant notre vraie image et notre identité de fils de Dieu.

En contemplant le Christ transfiguré, nous contemplons notre avenir et nous découvrons le sens de notre foi qui exige une vraie vie d’amour qui espère et ouvre toujours un chemin d’espérance, espérance en la résurrection et en la vie éternelle.

Père Cossi Denis AVIMADJENON (Curé)