Dimanche du Saint Sacrement : 19 juin 2022

Etre ses intermédiaires, ses collaborateurs…

 

La solennité de ce jour (Fête du Corps et du Sang du Christ, existant que depuis le 13ème siècle) n’est pas un « Jeudi saint bis », malgré la tonalité eucharistique des lectures : Melkisédek apporte du pain et du vin à Abram et le bénit (1ère lecture), la 2ème lecture n’est autre que le récit de l’institution de l’eucharistie…

 

Le récit évangélique commence par une initiative des Douze : ils s’approchent de Jésus pour lui recommander de renvoyer la foule. C’est le soir et l’endroit est désert. Pour eux, il vaut mieux donner la possibilité aux gens de se rendre sans tarder dans des villages pour y manger et y passer la nuit. Or Jésus n’entend pas agir selon la suggestion des Douze et leur dit : « Donnez-leur vous-même à manger ». Il se situe sur un autre plan et confie une mission aux disciples : « Faites-les asseoir par groupe de cinquante ». Finalement, les disciples suivent les consignes de Jésus.

 

Alors Jésus agit. Il prend les cinq pains et les deux poissons, et, tourné vers le ciel, « il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule ». Et c’est l’incroyable : « ils furent tous rassasiés ». Notons que les verbes utilisés pour décrire les gestes de Jésus sont un clin d’œil au récit de l’institution de l’eucharistie (Lc 22,19) : « prendre, prononcer la bénédiction, rompre (ou fractionner), donner ». Et « fractionner » ou « fraction du pain » se retrouvent plusieurs fois employés par l’évangéliste Luc (Lc 24,30.35 ; Ac 2,42.46). Il s’agit donc des gestes accomplis à chaque eucharistie. Au final de compte, c’est la vie de l’Eglise d’après Pâques que raconte saint Luc.

 

 Aujourd’hui encore, la faim des hommes attend d’être apaisée. La foule de l’Evangile représente notre humanité affamée de sens et de vérité, en quête de liberté… A nous aussi, le Seigneur dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ».

 

Si nous allons à l’Eucharistie, ce n’est pas seulement pour nous-mêmes mais nous y allons aussi en portant la préoccupation de tous les autres, de tous ceux et celles qui ont faim, faim de pain, de tendresse, d’amour et de liberté. Le Seigneur ne cesse de nous renvoyer à eux car il ne veut qu’aucun ne se perde : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ». Donnez ce qu’il faut de votre temps, de vous-mêmes, de vos disponibilités. Faites tout pour que l’autre vive. On ne peut pas séparer l’Eucharistie de toute cette vie des hommes.                                                        Père Gérard FOUCAN