Dans un instant, après l’accueil et l’engagement au célibat de Rémi, je vais imposer les mains à Rémi qui fera de lui, avec la prière qui l’accompagne un diacre, c'est-à-dire un serviteur.

Dimanche 5 juillet 2020

Cathédrale Notre-Dame de Guadeloupe à Basse-Terre

Dans un instant, après l’accueil et l’engagement au célibat de Rémi, je vais imposer les mains à Rémi qui fera de lui, avec la prière qui l’accompagne un diacre, c'est-à-dire un serviteur.

Et auparavant nous prierons avec la grande litanie des saints alors qu’il sera à même le sol, allongé, en signe d’offrande de sa vie par le célibat et par cet engagement définitif puisqu’une ordination diaconale, sacerdotale ou épiscopale imprime un caractère définitif à celui qui est ordonné. Puis nous l’habillerons. En fait il est déjà habillé avec sa belle aube blanche qui rappelle d’ailleurs le baptême qu’il a reçu, et ce jour-là d’ailleurs, au jour de son baptême, il a été dit : « vous avez revêtu le Christ ». Et en plus de cette aube blanche, il va recevoir une étole et une dalmatique, symboles du service. Et ensuite, je lui transmettrai l’Evangile. Cet évangéliaire qui est sur l’autel et qui lui sera transmis, avec lequel il présentera cette Parole de Dieu.  Et je dirai cette phrase : « Reçois l’évangile du Christ que tu as mission d’annoncer, sois attentif à croire à la parole que tu liras, à enseigner ce que tu as cru, et à vivre ce que tu auras enseigné. »

Tout à l’heure, pendant la présentation, le père Gérard a souligné que, depuis ses premiers pas,  au foyer Paul VI, au CPSO en 2013-2014 il y a déjà  7 ans, voici qu’il s’est laissé travailler par la Parole de Dieu. Et encore plus à partir de l’année de fondation spirituelle avec toute une session sur la Parole de Dieu qui lui a été donnée en Bretagne chez les Petites Sœurs des Pauvres à Saint Pern. Pendant ces années, au séminaire d’Aix-en-Provence et au séminaire de Toulouse, il a poursuivi sa méditation régulière de  la Parole de Dieu qui  la centralité de la formation d’un futur prêtre.
 Cette Parole de Dieu  vient d’être proclamée  et elle nous est donnée en ce jour.  Rémy, à partir de ton ordination, tu auras à commenter la Parole de Dieu. Ce n’est pas facile de prêcher. Tu vas apprendre. Oui, on a toujours à apprendre pour méditer la Parole de Dieu et la commenter dans l’homélie. Certaines Paroles  sont tellement claires que le commentaire peut en être très bref.

Voici qu’en cette année, nous lisons l’Evangile de Mathieu. Chacun des quatre Evangile a sa caractéristique : Matthieu, Marc, Luc et Jean. Les spécialistes  des évangiles nous disent que ce passage que nous venons d’entendre, on a l’impression qu’il est extrait de l’Evangile de  Jean. Cependant, Matthieu a rapporté ces phrases qui nous sont rapportées aussi dans l’évangile de Luc avec une petite différence.  Dans l’évangile de Luc en effet il est dit : « Jésus, sous l’action de l’Esprit Saint exulta de joie »(Lc 10,21). Quel bonheur d’avoir chanté  au début de la célébration : « Tressaillez de joie ! ». Ici il est dit simplement que « Jésus prit la parole ». Mais quelle parole ? Puisque ce n’est pas une parole qui s’adresse à ses disciples qu’il vient d’appeler comme on peut le voir dans le passage antérieur et les envoya en mission. Et voici qu’il est avec eux. Mais là, c’est Jésus qui s’adresse à son Père : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange. Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. », comme pour dire, je suis heureux parce que la Parole de Dieu par les disciples a été annoncée. Mais elle a été annoncée aux tout-petits, révélée, c'est-à-dire le même mot que l’Apocalypse, la révélation, « révélée aux tout-petits ».

Rémy,  tu as déjà fait l’expérience dans les paroisses où tu as été en stage, dans les Bouches du Rhône et en Haute Garonne pour le catéchisme et les enfants. C’est une merveille d’être avec les enfants et les adultes qui ont demandé le baptême, d’ouvrir la Parole de Dieu et de voir que cette Parole de Dieu se révèle en eux et aux petits enfants… et que les petits enfants nous font découvrir quelques fois, et même souvent la profondeur de ce que Dieu est venu nous dire en Jésus son Fils et par l’Evangile. Puis, Jésus va ajouter quelques mots pour nous faire entrer dans son intimité avec son Père. Mais en gardant le secret, il dit :« tu m’as remis toutes choses. Personne ne connaît le Père si ce n’est le Fils. »

Nous le savons par expérience, une mère, un père connaît son enfant certes de l’extérieur et même de l’intérieur. Et un enfant connaît ses parents, certes par le lien d’affection qui les unit. Comme entre un homme et une femme qui sont mariés il y a cette relation, cette connaissance mutuelle. Mais il y a le secret de chaque être. Et le secret de Jésus, c’est cette relation avec son Père et il veut que nous aussi nous entrions dans cette relation avec lui et par lui, « avec lui et en lui », avec son Père et notre Père comme nous le disons en chaque prière eucharistique, et geste profondément symbolique, tout à l’heure dans l’Eucharistie, tu prendras sur l’autel le calice au moment où on diras « Par lui, avec lui, et en lui, à toi Dieu le Père tout-puissant dans l’unité du Saint Esprit, tout honneur et toute gloire pour les siècles et des siècles ».

 Connaitre le Christ ! Nous n’avons jamais fini de le connaître. Et nous aurons toujours à approfondir cette relation avec lui. En temps de confinement ou en temps de déconfinement, puisque nous avons vécu ensemble à l’évêché  ce temps particulier. Comment ne pas souligner la
grâce qui nous a été faite à vous les six séminaristes qui étiez ici à l’évêché de Basse-Terre, et nous qui étions avec vous prêtres, évêque. Quelle joie de constater que ces semaines vécues ensemble ont été un temps de  formation et vous a permis de découvrir  aussi le diocèse. Ensemble pour la prière,  les échanges et  les repas en continuant de suivre les cours en ligne. Et une chose que nous pouvons dire, c’est que justement nous avons fait plus ample connaissance les uns avec les autres et que ce temps faisait partie de formation puisqu’il y a dans la formation pour être prêtre la formation humaine, la formation spirituelle, la formation pastorale. Et la formation humaine c’est bien de vivre en semble comme tu l’as appris dans ta famille et comme nous l’avons expérimenté durant ces semaines dans la famille que nous constituions. Et cela est très important puisqu’on ne devient pas diacre ou prêtre pour soi. On le devient pour le peuple de Dieu et ensemble.

          Tout à l’heure les diacres te donneront la paix, pour dire que tu fais partie de cette fraternité diaconale comme on fait partie d’une fraternité presbytérale, sacerdotale et qu’il est essentiel que nous le vivions. On n’est pas prêtre tout seul. Comme un évêque, il n’est pas évêque tout seul. Il est évêque dans son diocèse en communion avec les autres évêques et le Pape. 

Voilà ce qu’est l’Eglise dans sa beauté, l’Eglise au service de laquelle tu seras maintenant.
Et puis il y cette deuxième partie de l’Evangile : « Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et moi je vous procurerai le repos. ».
Rémy, c’est une phrase aussi qui résonne dans ton cœur comme la première phrase de ce même Evangile. Nous savons tous le fardeau de l’existence et des difficultés de vie. Mais, et c’est cela aussi l’essentiel que nous pouvons retenir, Jésus nous procure le repos. Et dans un autre Evangile il nous dit : « Venez à l’écart vous reposer ». Si nous sommes invités chaque dimanche à venir participer à la messe, c’est parce que  Jésus  nous y invite. Tout au long de la semaine nous travaillons. Et voici que, le Jour du Seigneur, nous nous rassemblons pour rencontrer le Christ qui nous procure le repos. Puis, il dit aussi : « Devenez mes disciples. ».

Rémy, tu es déjà disciple de Jésus. La formation pour être prêtre comporte plusieurs phases. Et au début du séminaire, il est dit qu’il est nécessaire que les séminaristes approfondissent ce qu’ils sont, disciples-missionnaires parce que, à ton ordination aujourd’hui, et demain, si Dieu le veut, pour être prêtre, tu auras, nous avons et vous avez tous, ordonnés en particulier, cette mission d’être des disciples missionnaires dans un monde qui est à évangéliser. Le monde d’aujourd’hui  est différent du monde d’il y a 50 ans, et encore plus d’il y a cent ans. Et on ne tient pas pour acquis la foi. Confrontés que nous sommes aux questions de toute sorte, voire à la sécularisation, et à l’indifférence.

Voici que justement, c’est tout cela que tu auras à vivre pendant ce temps qui est maintenant devant toi. Et voici que dans cette célébration, quelques conseils qui sont donnés par l’Eglise elle-même. De suite après cette médiation, nous allons chanter le Veni Creator Spiritus, demander cet Esprit Saint qui te fortifie. Diacre, tu dois apporter l’aide à l’évêque et aux prêtres. Vous remarquerez d’ailleurs qu’il n’y a que l’évêque qui impose les mains au diacre. Alors que dans l’ordination sacerdotale, presbytérale ou épiscopale, ce sont les prêtres et les évêques. Mais là pour dire que le diacre est en lien avec l’évêque dans la mission de service qu’il lui confie, il est le seul à lui imposer les mains. Tu participeras au ministère de la Parole et ministère de l’autel, et surtout tu seras serviteur dans le ministère de la charité. Et c’est d’ailleurs  la première des cinq questions que je te poserai : « Veux-tu entrer dans la diaconie ? ».

Depuis ces dernières années et ces dernières décennies, nous avons approfondi ce qu’est la diaconie de l’Eglise. Et, pendant ce temps où  nous ne pouvions  pas nous rassembler, nous étions invités à montrer que l’Eglise est au service des plus pauvres et de ce ceux qui souffrent.. Tu auras à proclamer l’Evangile, à préparer le sacrifice eucharistique, à distribuer aux fidèles le Corps du Seigneur. Et puis, il te reviendra selon cette mission reçue par l’Eglise, d’exhorter aussi bien les croyants que les incroyants. Et tu en rencontreras sur la route. Ne serait-ce qu’au moment de préparation des sacrements ou de moments particuliers, de baptêmes, de mariages… Par expérience, nous savons qu’on peut célébrer un mariage avec quelqu’un qui n’est pas chrétien et qui peut le devenir et qui reçoit le témoignage  de la foi. Instruire dans la foi, présider aux prières, administrer le baptême, prêcher, porter le viatique aux mourants, présider au rite des funérailles, assister au nom de l’Eglise au mariage et le bénir. Ainsi, consacré par l’imposition des mains transmise depuis les apôtres, puisque l’imposition des mains est le geste central et dont nous parlent en particulier les Actes des Apôtres, tu accompliras au nom de l’évêque ou du prêtre ce ministère de la Parole, ce ministère du service de l’autel et ce ministère de la charité en te souvenant que tu es disciple de celui qui est venu non pas pour être servi mais pour servir.

Rémy et nous tous ici présents, et je pense en particulier aux diacres, aux prêtres, aux futurs prêtres, aux séminaristes, nous devons  toujours lutter contre ce désir d’être reconnu, d’être aimé, estimé. Certes, c’est humain mais ce n’est pas chrétien. Ce qui est chrétien c’est, comme le dit le Christ, servir et non être servi. Oui, c’est toujours un combat spirituel pour vivre dans la fidélité à la mission qui nous a été confiée par le Christ.

Voici que nous avons commencé cette célébration en chantant « Tressaillez de joie car vos noms sont pour toujours dans les cieux », cela rejoignait la première lecture du livre de Zacharie  et  l’Evangile. Cette exultation de joie est dans notre cœur en ce jour béni de ton ordination diaconale. Et, cette ordination est aussi  pour nous le témoignage de l’Esprit Saint qui a travaillé en toi tout au long de ces années. Et nous  pensons  à tous ceux qui t’ont accompagné, ta famille et particulièrement ta maman qui t’a appris à prier, les prêtres que tu as rencontrés sur ta route, tel le Père Morales que tout le monde connaît ici à Basse-Terre et à Goyave, tous les prêtres qui t’ont accompagné ici même dans le diocèse, les prêtres formateurs  à Aix-en-Provence et à Toulouse, notamment les Pères Thierry Galet et Rossignol et Frédéric Adjé.

 Oui, nous allons prier ensemble comme nous le faisons pour les grands moments de la vie de l’Eglise avec la litanie des Saints en implorant ainsi leur prière pour Rémy ordonné diacre en ce jour. Notre cœur exulte de joie. « Père ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. ».

Rémy fait  partie de ce tout-petits qui au fil des années, depuis l’enfance, l’adolescence, la vie professionnelle a avancé en découvrant Jésus le Christ, le serviteur qui t’invite à servir à ton tour. Jésus qui est vivant pour les siècles des siècles.