Assomption 2020 à Matouba : l’espérance au cœur !

Belle initiative que celle de JMJC an Gwadloup (Jénès an Mouvman pou Jézikri) que ce pèlerinage du 15 août depuis quatre ans déjà ! Même si cette année, du fait de la crise sanitaire et des règles qui en découlent, il n’a pu se dérouler que sur la journée… la pluie intense n’a pas permis non plus que le programme se déroule comme prévu, mais les jeunes et les familles étaient bien présents et la qualité des enseignements, des chants et de la prière a permis à la maïeutique de produire son effet dans l’esprit et les cœurs.


Il faut dire que le groupe JMJC est désormais bien sur les rails et permet à de nombreux jeunes à travers le diocèse de se sentir reliés pour cheminer ensemble dans l’amitié, la foi, la solidarité et le partage. Grâce au dévouement et à la compétence de François-Joseph Ousselin, bien secondé cette année par le groupe de Maddly Charente-Olanor.

La messe de 8 h dans cette belle chapelle du Vœu à Matouba rassemblait toute la communauté paroissiale (respectant les règles sanitaires) que les jeunes avaient rejoint… belle et fervente chorale de Matouba, prière universelle et interventions des jeunes, le père Julien Dossou, curé, présidait l’eucharistie assisté du Père Philippe Guiougou, guadeloupéen et vicaire général du diocèse de Saint-Denis, de passage, et du diacre Jacky Ramassamy. Dans son homélie père Julien invitait le peuple ainsi rassemblé à « vivre comme Marie qui, liée à la mission de son Fils sur la terre, est aujourd’hui avec Lui dans le ciel. Par les vertus d’humilité (simplicité), de foi (faire confiance) et de charité (aimer sincèrement Dieu pour aimer les autres) nous sommes entraînés à cheminer à sa suite ».

L’Eucharistie terminée, et dans l’impossibilité, du fait de l’intempérie persistante, d’effectuer une marche dans le morne environnant, les jeunes se sont mis à chanter, danser et louer Dieu, entraînant tous les participants à prier avec eux. A 10 h François-Joseph nous invitait à nous retrouver pour la première conférence de la journée.

Père Philippe Giougou. Intervenant. Vicaire général du diocèse de St Denis (Paris), natif de baie-Mahault

« Comment repartir dans la vie et dans la foi après le covid19 ? » tel était le thème de l’enseignement donné par le père Philippe Guiougou.

Dans un style simple, clair et direct, père Philippe a captivé son auditoire, ancrant dans nos quotidiens à tous, la problématique de cette période sanitaire difficile que nous vivons tous à l’échelle planétaire. Et d’entrée de jeu il déclarait : « il faut savoir s’adapter, et faire avec les circonstances pour avancer. Jamais avec l’Evangile, on peut rester statique. En nous appuyant sur Marie, comme aujourd’hui, on est aidé à nous décentrer pour nous tourner résolument vers le Christ, qui nous aide à nous tourner vers Dieu. » Ce postulat posé, il interroge :  « qu’avons-nous vécu jusqu’ici : un confinement à la maison, replié sur nous-mêmes… tant mieux si nous avons pu bénéficier d’un petit jardin… mais dans nos cités comme dans mon diocèse de Saint-Denis, on imagine l’exiguïté des H.L.M. ! » Et de poursuivre : « j’étais confiné, obligé dans l’évêché de Saint-Denis avec mon évêque. Et il a fallu s’adapter : nous imposant des temps communs distanciés mais fervents (messe, laudes…) ou amicaux (repas que l’on confectionnait en toute simplicité à tour de rôle)… temps aussi de solitude et de travail intellectuel pour approfondir, réfléchir, méditer dans l’espoir du lendemain. Portant aussi les soucis de tous les chrétiens confinés chez eux. » Les conséquences de cette pandémie sur la vie sociale, amicale… sont terribles. « Car nous sommes des êtres sociaux, relationnels ; la dimension virtuelle certes nous a permis de communiquer et garder le lien, mais la relation avec l’autre est vitale ! Rien ne remplace le contact physique, être avec les autres, aux côtés des autres. Ainsi la définition de Dieu nous est-elle apparue évidente : car Dieu est un Etre relationnel : la Trinité est cela. Pas de trinité sans s’interroger sur la dimension relationnelle : l’un a besoin de l’autre : le Père a besoin du Fils, le Fils a besoin de l’Esprit, l’Esprit-Saint étant le maître de cette grande relation trinitaire…. S’il reste seul irrémédiablement, l’homme dépérit. Sa relation à Dieu n’est pas virtuelle, mais réelle ! Nous expérimentons entre nous les nouveaux moyens de communication si importants, mais reliés à Dieu nous sommes plus qu’avec zoum ou skype.

Osons cette analogie : on pourra toujours faire une wifi avec Dieu !

 

L’Evangile est une transmission. Et pour les catéchistes, dans la transmission de la foi le plus essentiel est que le jeune entre en « relation personnelle avec le Seigneur »… avant tout accumulation de savoirs, nous devons irradier que la réalité du Seigneur a du sens en nous ! Nous sommes en effet des personnes, des humbles témoins… mais c’est le Seigneur qui nous rencontre !

Dans la vie de tous les jours, nous avons besoin de relations, qui sont nécessaires pour nous, avec les autres et avec le Seigneur.

Une anecdote si vous permettez. Lors d’une récollection avec le père Pierre Lacroix et l’aumônerie des Antillais de métropole, quand j’étais au séminaire, il avait commenter 1Rois 19… parlant avec son cœur, pour nous faire comprendre du dedans l’importance de la démarche d’Elie… le grand prophète Elie qui, vivant une période de grands soucis, fuit au désert et se réfugie dans une grotte où il se terre caché. Il a peur (comme nous durant le confinement). Il supplie Dieu et demeure aux aguets pour attendre l’intervention de Dieu (comme nous aujourd’hui en quelque sorte un peu)… mais Dieu n’intervient pas dans les grandes tribulations, pas dans le grand vent, pas dans l’orage, pas dans les coups d’éclat… non ! Mais la brise légère… Elie est sûr que c’est Dieu ! Et le voilà apaisé, confiant ! Cet enseignement ne m’a jamais quitté, et jusqu’à aujourd’hui il continue de me faire beaucoup de bien… Dieu en effet est dans ce qu’il y a de simple ; d’imperceptible quelquefois, de vrai… une parole, un sourire, dans la joie de la rencontre… regardons aujourd’hui ce que le personnel de santé a pu faire de remarquable durant cette épidémie ! Faisons attention aux petites choses…

Une pandémie qui nous révèle un corps social malade… à l’image de notre corps physique qui nous donne des alertes quelquefois… Soyons objectifs, soyons attentifs à ce que révèle cette crise à notre corps social. Le Christ est présent dans tous les aspects de notre vie, et plus largement de la société.

 

*comment nous laisserons-nous interroger sur cette pandémie ? notre société créée des disfonctionnements avec ce désir effréné de consommation toujours plus grand, par exemple…

Réorientons nos vies, ajustons notre vie….

Notre pape François dans Laudato’si nous redit « que la terre est à tous ! qu’en faisons-nous ? » L’écologie demande un ajustement de nos vies… je n’invente rien, la Bible le disait déjà dans cette recommandation de Dieu : « prendre soin de la terre ».

*nous tous qui sommes ici, en quoi notre vie a besoin d’être réajustée et réorientée ?…

Il y a de grandes réalités, d’incroyables évidences à prendre à bras-le-corps. A l’image du Christ, cette pandémie entraîne une réorganisation en nous et autour de nous… ne jamais se décourager, mais renaître (naître avec)…

 

*dans ma vie, il y a des moments jusqu’à maintenant où j’ai dû lâcher quelque chose… le lâcher-prise dont on parle tant dans les réseaux sociaux… De cette petite mort, en quelque sorte, est-ce que quelque chose a pu naître ; est-ce que du neuf peut naître ? Car si je lâche quelque chose, quelque chose naît… C’est tout le sens du Baptême, don de Dieu, mort et résurrection. Je dois veiller toujours à ma relation intime avec le Christ.

 

*relisons « Christus vivit ! » du pape François, c’est lumineux et plein de perspectives.

*ne pas lâcher le cap à suivre, avec le Christ comme boussole ! Et pour cela la Parole de Dieu est vitale : relisez la Bible, livre après livre !

 

*autre piste dans Mat.25, on trouve les œuvres corporelles et spirituelles… œuvres vitales de Miséricorde. Notre sensibilité peut nous servir de guide. Je suis sensible personnellement et me mets à pleurer quand je suis ému, c’est comme ça ! On est comme on est chacune et chacun ! Cette sensibilité peut être signe de beauté, n’ayons pas peur de pleurer quand notre cœur en ressent le besoin. Jésus a pleuré devant Lazare… On dit ici chez nous, les hommes ne doivent pas pleurer… mais non ! Pleurer met notre sensibilité à vif et peut nous faire croiser le beau, peut nous faire rencontrer Dieu !

 

* « Tends la main aux pauvres ! » tel est le thème choisi par le pape François pour la journée mondiale des pauvres qui aura lieu en novembre prochain. Voilà un beau geste, tendre la main ! Plein de sens et qui donne du sens à nos attitudes chrétiennes et sociales.

 

*Nous comptons sur la jeunesse pour accueillir toutes les dimensions de la société, et l’évêque de mon diocèse aime préciser : « la jeunesse c’est le présent de l’Eglise. Jeunes vous n’êtes pas l’avenir, mais le présent de l’Eglise ». c’est donc maintenant qu’il faut y aller !

 

*Comme baptisés nous sommes appelés ! Et c’est par le service d’abord que nous pouvons et devons répondre. Le pape François aime interpeler : « il faut refuser tout ce qui déshumanise l’homme ». Les moyens de communication ne doivent donc jamais aboutir à distancier ou déshumaniser les relations, et ne se bornant qu’au virtuel !

 

*La nature. Comment mettre la nature au sein de notre pastorale ? comment en premier lieu je me reconnecte avec la nature, en vérité ? Dans ce sens cette épidémie a valeur d’avertissement.

 

* « Le matin sème ton grain » ce beau livre de Mgr Eric de Moulin-Beaufort, président de la conférence épiscopale française, je vous recommande le lire. Il est simple et très accessible.  Par exemple, il a le culot de proposer (mais c’est prophétique selon moi) qu’un dimanche par mois nous soyons en confinement total. Pas de commerce ouvert, pas de travail. Mais un temps de confinement comme celui qu’on a tous vécu, pour penser, prier vraiment quand on peut, se retrouver en famille, en quartier, en petite communauté…

 

*dans la réorientation proposée après ce confinement, il y a la conversionconversion à laquelle nous sommes appelés par le Baptême. Je n’invente rien. Et pour reprendre l’expression du pape, « tendre la mains » nous fait découvrir la capacité de donner du sens à la vie !

Avec Marie, nous y arriverons ! (fin de l’enseignement).

S’en est alors suivi un silence plein de ferveur parmi l’assemblée, et ce silence chargé d’émotion « était une vraie prière » comme François-Joseph nous l’a bien dit, en remerciant le père Philippe Guiougou d’être venu à nous !

Et se sont enchaînés chants de prière, de louange et d’intercession alternant avec les témoignages spontanés des uns et des autres…. Exprimant dans le concret le vécu de ce temps de confinement… partage riche et plein de sensibilité vraie…

Après la pause amicale et conviviale de midi… Chapelet médité et adoration eucharistique permettaient le ressourcement spirituel.

« Qui es-tu Marie ? » tel était le thème de l’enseignement du père Julien Dossou, curé de Saint-Claude… Partant de l’Evangile de l’Annonciation suivi de celui de la Visitation, père Julien a décliné ce leitmotiv plein de foi « rien est impossible à Dieu ». Et Marie dans toute sa vie a donné chair à cette parole de l’ange à l’Annonciation.

Place première et singulière de Marie, fille de Anne et Joachin, couple âgé qui l’ont consacrée à Dieu comme tout premier né dans la tradition juive. La première en chemin, elle nous entraîne aujourd’hui encore.

Dans notre foi, nous savons que Marie est vierge et mère, car elle a pu enfanter grâce à l’intervention de Dieu. Elle est donc pour nous le Tabernacle de Dieu. Lien et lieu de l’Incarnation, par ce lien charnel entre la mère et le Fils.

*Marie c’est l’école de la volonté ! Oui je veux, que tout se fasse selon la Parole… mais tout est préparé par Dieu … car Jésus nous dit « heureux ceux qui écoutent la Parole et l’observe ».

*à la Croix, Marie nous est donnée comme Mère… et devient mère de toute l’Eglise !

*Marie à la fois Mère, Missionnaire, Médiatrice (les trois M, comme aime le rappeler notre évêque dans ses enseignements)… Marie est la première éducatrice… à Cana elle intercède et cherche le bien des autres, de nous tous… et elle nous appelle à être témoins « faites tout ce qu’il vous dira »…

*Marie va toujours jusqu’au bout… « Mères courage » que sont toutes les mamans d’aujourd’hui (voyons toutes ces familles de réfugiés aujourd’hui qui ressemblent tellement à la sainte famille lors de sa fuite en Egypte : Joseph prenant soin de Marie et Jésus !)

*Trois vertus appliquées par Marie : Foi, Espérance et Amour. Voilà qui balise le chemin pour nos familles aujourd’hui !

*Vénérons Marie qui est co-rédemptrice… Notre dévotion est l’expression de notre attachement et de notre attitude filiale envers Marie. Mais n’oublions pas qu’elle nous mène à Jésus. Vénération : respect envers Marie, comme Elisabeth qui l’a accueillie … n’ayons pas peur de l’invoquer comme aux noces de Cana parce que le Christ nous l’a donnée comme mère.

*Imitation : Marie par son labeur, sa foi et son amour est un modèle à imiter.

*Vatican II parle de Marie « modèle de foi et d’union au Christ ! » Lumen Gentium dit « Marie modèle dans l’ordre de la Foi (non pas soumission mais responsabilité pour nous, engagement).

*le Chapelet n’est pas à réciter mais à méditer

*les sanctuaires oui pour faire halte : mais n’oublions pas et ne nous sentons pas obligés d’aller loin… Fatima, Lourdes (comme aujourd’hui le pèlerinage national avec le cardinal Parolin)… pour nous c’est ici à Matouba. Et c’est bien que les jeunes et les familles s’y retrouvent.

*N’hésitons pas à invoquer Marie, mais attention dévotion n’est pas idolâtrie !

*Incarnation : dans toutes les religions révélées il y a une place pour Marie ! (fin de l’enseignement)

S’en sont suivies de nombreuses questions que père Julien a eu le souci de traiter avec François-Joseph, ne laissant personne sur sa faim.

Et la journée s’est terminée par le chant du Magnificat, suivi de nombreux chants pleins de dynamisme, de ferveur et de foi… exprimant combien la joie est au cœur de notre foi, malgré cette pandémie ! Jénès an mouvman pou Jézikri fait montre d’une qualité de prière et d’expression musicale preuve du travail artistique et d’amitié vraie qui anime tous ses membres… « je ne suis plus esclave de la peur, je suis enfant de Dieu ! »

Le partage du gâteau et du verre de l’amitié terminait cette belle journée mariale ! Un grand merci à tous !

Jean-Marie Gauthier

Père Dossou, curé de St Claude

Témoignages :

« On passait dans la rue, revenant d’une promenade à pieds et on a entendu des chants magnifiques qui ont attiré notre attention. Nous sommes entrés et nous avons été édifiés par les échanges et le dynamisme de tous ces jeunes ! Merci pour l’accueil !»

Edmond et Chantal V.

Originaires du Cantal, en vacances dans un gîte voisin

« Je suis servant d’autel et catéchiste dans ma paroisse depuis trois ans, et j’ai toujours eu plaisir à me retrouver avec la pastorale des jeunes. Je rentre au séminaire en septembre car je me sens appelé par Dieu ! Un jour comme celui-là fait beaucoup de bien, comme le camp vocations que je viens de vivre en diocèse aussi ! »

Jason E.

(Sainte-Rose)

« Comme mère de famille, j’ai beaucoup apprécié cette journée, ses enseignements et ses partages. C’est réconfortant. D’autant qu’on a croisé de nombreux jeunes certes, mais aussi des familles, de jeunes enfants et des grands-parents aussi. Merci Marie pour Jénès an Mouvman pou Jézikri ! Je prendrai l’habitude d’y participer chaque année, c’est une belle halte pour moi qui n’ai pas les moyens d’aller en pèlerinage loin.»

Eliane C.

(Vieux-Fort)