Cette rencontre autour de « l’emploi », et du travail des jeunes en particulier, revêtait un beau parfum de témérité ce soir 26 novembre en l’église St Pierre & St Paul à Pointe-à-Pitre. Et c’est une quarantaine de personnes qui ont bravé la crainte de la crise sanitaire, tout en respectant les gestes barrières, qui se sont retrouvées dans l’optimisme pour échanger entre elles en vérité.
François-Joseph Ousselin lançait la rencontre par le chant « oh qu’il est bon d’être tous ensemble, oh qu’il fait bon dans ta maison »… et aussitôt il ouvrait des pistes de conviction chrétienne : « ne devons-nous pas créer un lien plus solide à la messe quand on se donne la paix… » et en disant « bienvenue à tous et au dévouement de radio Massabielle » il poursuivait en expliquant la démarche : « Jénès an mouvman pou Jézikri ne détient pas toutes les solutions, mais nous ne devons pas rester à ne rien faire. Nous devons utiliser les ressources au sein de notre Eglise pour aller plus loin. Dans nos recherches et notre travail pas de prosélytisme chrétien mais en même temps nous sommes un potentiel au sein de notre Eglise. » Ne convient-il pas en effet de trouver sa place dans l’Eglise ! comment s’engager chacun(e) à son niveau dans les mouvements d’Eglise ? Le monde est impacté par la crise sanitaire. Trouvons des solutions ensemble. Les EDC (Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens) sont là ce soir pour dialoguer avec les jeunes (et moins jeunes) pour trouver des pistes, créer des opportunités, afin de sortir de l’ornière…
Christelle Martial prenait alors le relais avec enthousiasme pour que le dialogue s’instaure… et ce sont Jessy (directrice des ressources humaines) et Madly (conseillère à l’emploi) qui donnaient leur témoignage : on est là pour accompagner les jeunes qui sont en quête d’emploi ou de formation… « on est là pour les aider et, osons le, pour mettre en pratique nos convictions chrétiennes non pas par de belles paroles mais par un vrai agir solidaire »… Puis M. Philippe Vidal, directeur des ressources humaines et politique des hommes (comme il se définit), à La Palette, venait donner un témoignage percutant « nous ne sommes pas des recruteurs, cela ce sont les directeurs des magasins qui le font, mais nous sommes là pour faciliter le lien humain, en effet l’entreprise doit être bien gérée économiquement parlant ça va de soi, mais on ne peut pas on ne doit pas faire sans le social, sans l’humain… tout le monde sait dans mon entreprise que je suis chrétien pratiquant, que j’en vis, même si je ne dois pas le mettre en avant, je ne veux pas non plus le cacher, mais cela guide ma posture, mon travail, mes échanges » Caroline et France-Lise interviennent pour affirmer « on est là en tant que chrétiennes pour créer un réseau et donner de l’espoir »… Jessy directrice des ressources humaines elle aussi témoigne du rôle pivot dans l’entreprise : « nous devons accompagner l’employeur dans la gestion du personnel de l’entreprise, apporter le côté social et humain dans le pragmatisme de l’entreprise, sans cela, ce serait vite la crise on le comprend bien. Et par ailleurs nous avons à cœur d’aider les jeunes dans leur recherche d’emploi. Je considère que c’est une bonne piste que de se relier avec Jénès an mouvman pou Jézikri qui nous a invités ce soir ! »
Christelle Martial, tout sourire, veille à faire circuler la parole… et Caroline Rosier accompagnatrice de jeunes au Lamentin assure qu’elle a toujours donné beaucoup de son temps, de son dévouement (catéchisme, paroisse etc…) et un jour Pôle Emploi m’a appelé et m’a proposé une formation… « mes compétences sans doute avaient été remarquées »… « l’essentiel est de ne jamais se décourager ».
Jocelyne vient bousculer un peu les schémas : « jeunes qui cherchez un emploi, il faut vous bouger et vous donner les moyens pour qu’on ait envie de vous embaucher. Un projet de vie ça se travaille et se prépare ; rien ne nous tombe tout cuit comme ça… je n’ai jamais refusé même un petit boulot quel qu’il soit temporairement. Il faut se donner les moyens, être à l’écoute de tout. Faire des stages, entreprendre de se former. »
Nathalie Joly est présidente en Guadeloupe du groupe EDC (entrepreneurs et dirigeants chrétiens) : ce groupe existe depuis longtemps en métropole où nous sommes autour de trois mille adhérents dans toute la France. Notre idéal : changer le monde, nous occuper du bien commun et du bien-être des humains. On se réunit une fois par mois et on s’appuie sur la Bible en nous « on ne peut pas être chrétiens sans baskets » comme dit le pape François si justement. C’est-à-dire qu’il faut joindre la prière et l’action, et l’action solidaire dans notre gestion. Tous qui que nous soyons, nous devons faire fructifier les talents qui nous sont donnés ».
Deux jeunes en quête d’emploi viennent témoigner de la difficulté actuelle pour briser la peur et ne pas se décourager dans cette démarche de travail. « Nous ne sommes jamais oisifs, nous trouvons toujours quelque chose à faire de bien autour de nous ». Et Jérémy, jeune entrepreneur guadeloupéen : « n’ayons pas peur de nous retrousser les manches. On peut aussi créer son emploi, c’est ce que j’ai fait mais il ne faut pas se décourager à monter des projets. Même si le monde du travail est difficile, soyons solidaires, entraidons nous pour arriver au but. Ne jamais nous complaire dans la facilité ou le désœuvrement. » Jocelyne revient et abonde dans son sens : « de toutes façons il ne faut jamais baisser les bras. Il faut aussi donner du temps pour les autres quand on cherche un emploi, on doit penser entreprise. Donner du temps, se donner, voilà une dynamique qui nous permet de montrer qu’on peut nous faire confiance ».
Christelle continue à convaincre son auditoire que Jénès en mouvman pour Jézikri veut s’activer à être un réseau de connaissances vraies et d’entraide, à aider les employeurs qui cherchent des salariés, mais aussi à donner aux jeunes l’occasion, par les réseaux sociaux, de se faire connaître. Père Bonel Saint-Fleur, actif vicaire à St Pierre/St Paul vient encourager tout le monde en disant : «Nous sommes toujours en relation, en lien. Bien-sûr, les chrétiens ne doivent pas se contenter de prier, même si c’est primordial, il faut aussi agir et vivre dans le concret et la solidarité. Personne ne doit être laissé sur la carreau. Quand un jeune me demande à trouver un boulot pour lui, j’essaie de discerner qu’il est bien prêt, ce qu’il veut vraiment ; il ne s’agit pas en effet de se compromettre car alors on n’est plus crédible. Et c’est l’impasse. »
Christelle : « utilisons tous les moyens pour partager, échanger, ne jamais se décourager ». « Lisez Eglise en Guadeloupe et vous y trouverez des motifs d’espérance, affirme son rédacteur en chef présent ce soir. Et puis n’hésitez pas à vous exprimer dans ses pages, comme Thierry Fundéré vous le permet sur les ondes. La hardiesse de Jénès an mouvman pou Jézikri sera porteuse de fruit ».
Le temps est passé très vite et François-Joseph a conclu en expliquant que Jénès an mouvman pou Jézikri veut « créer du lien entre les personnes. On a les coordonnées de toutes les personnes qui se sont exprimées ce soir, n’hésitez pas à nous les demander. Nous avons facebook aussi pour nous relier. L’individualisme c’est redoutable, on le voit actuellement plus cruellement encore ». Prochaine rencontre le 28 janvier à St Pierre/St Paul sur le thème : « quelle peut être la parole de l’Eglise dans une société si bouleversée ». Osez, osons nous retrouver pour inventer cette nouvelle Fraternité dont parle si bien le pape François. »
La rencontre s’est terminée par la prière du « Notre Père » récitée tous ensemble ! Merci et woulo bwavo à Jénès an mouvman pou Jézikri !
« Prophétique cette soirée » s’est exclamée Fernande, grand-mère, à la sortie !
Jean-Marie Gauthier
(Photo d’Olivier Baudin)
Témoignages :
« Voilà un trépied sur lequel s’appuyer et qui me plaît bien : le mois dernier à Basse-Terre c’était « les mouvements d’Eglise dans lesquels on peut s’investir » ; ce soir le concret avec « du travail pour tout le monde, comment ?» ; en janvier 2021 ce sera le débat d’idées, la philo peut tellement nous aider… bien intéressant tout ça ! Il faut inviter des jeunes autour de nous davantage encore ! » Mme Christiane D. (enseignante à Fouillole et paroissienne fidèle de St Pierre/St Paul)
« Moi j’ai aimé l’échange, même si ma timidité m’a empêché de parler devant tout le monde cette première fois. J’ai compris que c’est en dialoguant qu’on peut y arriver et s’affirmer. J’ai un master d’économie/gestion. J’habite Morne-à-l’Eau et c’est pas facile pour moi, mais ce soir j’ai apprécié. J’aime lire heureusement, je suis tombé ce matin sur un texte intéressant du Père Bruno-Marie Duffé, dans un blog sur mon ordinateur : comment mettre en pratique « Fratelli Tutti » et « Laudato’si ? ». J’en parlerai à la prochaine rencontre. Enfin cette parole du Frère Francklin Armand m’accompagne plus que jamais : « quand on n’ose pas, on n’arrive pas ! » Fallando Versil, 21 ans (Morne-à-l’Eau)