Le Père Edouard Silène a présidé la célébration de la nuit de Noël, le 24 décembre à la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul, retransmise à la télévision et à la radio. Dans son homélie, il a rappelé que la fête de Noël était à la fois une fête de la lumière, une invitation à revenir à l’essentiel et un temps de grâce. Nous publions son texte intégral.
Frères, sœurs et amis, Vous qui êtes devant votre petit écran en Guyane, en Martinique, ici en Guadeloupe, vous les auditeurs de Radio Caraïbes internationale et de Radio Massabielle, de l’église saint Pierre et saint Paul à Pointe-A-Pitre, au nom de notre évêque Mgr RIOCREUX, je vous souhaite un joyeux noël.
C’est dans un contexte très particulier que nous vivons cette nuit de Noël.
Nous vivons cette fête de Noël au moment où la situation sanitaire mais aussi la situation économique et sociale sont présentes dans tous les cœurs.
Certains d’entre nous n’oublient pas les deuils vécus ces derniers mois sans pouvoir accompagner jusqu’au bout des proches, sans que la famille puisse se réunir.
Beaucoup n’oublient pas les épreuves difficiles qu’ils traversent en ce moment-même.
Et malgré cela En cette nuit de Noël, les magasins, les places et les rues de certains quartiers sont décorées de lumière.
Ces lumières évoquent une autre lumière, invisible aux yeux, mais non aux cœurs. Alors que nous regardons les illuminations des magasins, que notre âme s’ouvre à la véritable lumière qui est annoncée « à tous les hommes que Dieu aime ». (Lc 2, 14)
LA FETE DE NOËL EST UNE FETE DE LA LUMIERE
C’est cette lumière dont nous parle le prophète Isaïe : « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi. » (Is 9, 1)
C’est aussi la lumière expérimentée par les bergers dont il est dit que « la gloire de Dieu les enveloppa de sa lumière. » (Lc 2, 9)
Cette lumière véritable, nous le savons, c’est l’enfant de la crèche, Jésus, dont le nom signifie Dieu sauve, lui qui est l’Emmanuel, Dieu avec nous. Lui qui dira « je suis la lumière du monde, celui qui marche à ma suite ne demeure pas dans les ténèbres. » (Jn 8, 12) Lui qui dira à ses disciples : « Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 14)
Avec les bergers, nous sommes tous invités à nous rendre à la crèche. C’est là que notre Sauveur nous attend. A la crèche nous venons nous imprégner de la présence de Celui qui veut naître en nos cœurs. A la crèche nous accueillons cette lumière qui est en Jésus pour qu’elle transforme notre vie.
Cette présence et cet amour de Dieu c’est comme un trésor qu’il nous faut accueillir et partager. Nous ne devons jamais oublier que Noël c’est Jésus qui continue à venir pour nous et pour le monde entier.
Lors de l’audience générale du 18 décembre 2019, le pape François, disait que la crèche nous rappelle quelque chose d’essentiel: «Dieu n’est pas resté invisible, dans les cieux, mais il est venu sur terre ». « Il s’est fait homme, petit enfant »
LA FETE DE NOËL EST UNE INVITATION A REVENIR A L’ESSENTIEL
La fête de Noël est une invitation à revenir à l’essentiel, à ce qui fait l’essentiel de nos vies.
En cette nuit de Noël, nous sommes invités à nous arrêter un peu à entrer dans un certain silence, à descendre au plus profond de notre cœur.
Seuls l’amour et la vérité peuvent combler nos cœurs.
Nous traversons des temps difficiles qui ne sont pas liés uniquement à la crise sanitaire, à la crise sociale, à la crise économique, mais à une crise du sens de la vie, des raisons de vivre.
La fête de Noël doit être pour nous l’occasion de nous interroger sur ce qui est essentiel dans nos vies. Ne restons pas à la superficie des choses.
Il y a en chacun de nous une nostalgie de Dieu. Laissons jaillir devant l’enfant de la crèche nos interrogations les plus profondes, nos désirs les plus profonds, nos aspirations les plus profondes.
Dieu manifeste sa grandeur en devenant tout petit. Dieu manifeste sa puissance en entrant dans la fragilité humaine.
LA FETE DE NOËL EST UN TEMPS DE GRACE.
-La fête de Noël est un temps de grâce. C’est le moment où nous pouvons laisser l’amour de Dieu traverser nos propres blessures pour qu’elles deviennent le lieu d’une véritable fécondité.
Ces mois derniers beaucoup de personnes ont été définies comme des personnes vulnérables.
Alors nous sommes invités à nous Présenter vulnérables devant celui qui s’est fait vulnérable pour nous ; présentons-nous tout petit devant le Fils de Dieu qui s’est fait tout petit pour nous.
Noël est aussi une invitation à poser un regard différent sur la fragilité de nos frères et sœurs, sur la fragilité humaine, sur les plus blessés, les plus souffrants
Ils sont pour nous un don de Dieu. Sans oublier que parfois, nous sommes les plus fragiles, ou qu’un jour nous le serons.
Le message de Noël s’adresse à tous les hommes que Dieu aime. « Paix à tous les hommes qu’il aime » proclament les anges dans le ciel. (Lc 2, 14)
Dans un monde tenté par la désespérance, l’angoisse , la violence, la peur, nous avons à être des témoins authentiques de l’amour de Dieu, témoin à la manière du Christ.
Nous avons à nous mettre à l’école de la crèche en acceptant que ce témoignage passe par la fragilité, la pauvreté. Nous sommes conviés à témoigner de l’amour à travers notre vulnérabilité. N’ayons pas peur de nous présenter au monde, pauvres, fragiles, humblement comme Dieu lui-même.
Pendant le temps de l’Avent sans doute nous avons chanté ce beau cantique : venez divin Messie. Un couplet nous fait dire : O Fils de Dieu, ne tardez pas ; par votre Corps donnez la joie à notre monde en désarroi….
Puisse notre monde en désarroi en cette période accueillir le Messie, le Sauveur tant chanté et attendu.
Malgré l’angoisse qui nous habite en cette nuit de Noël, puissions-nous accueillir l’enfant de la crèche avec joie. « Ne craignez pas, dit l’ange aux bergers, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur ».
Encore une fois Joyeux Noël à toutes et à tous.
AMEN !