Ouverture du Synode : Nou sé Lègliz, Lègliz sé nou tout, marchons ensemble !

Rediffusion sur Radio Massabielle de l’ouverture du synode sur la synodalité samedi dernier à Saint-Pierre et Saint-Paul :

Mercredi 20 octobre, 9h

-Jeudi 21 octobre, 16h

-Vendredi 22 octobre, 14h

-Samedi 23 octobre, 8h30

Nou sé Lègliz, Lègliz sé nou tout, marchons ensemble !

Voilà un beau leitmotiv qui a rassemblé près de quatre cents personnes représentants des paroisses, des mouvements et des communautés pour l’ouverture du Synode ce samedi 16 octobre de 9 h à 12 h en l’église Saint Pierre & Saint Paul de Pointe-à-Pitre ! Belle assemblée en effet « comme un beau patchwork de notre Eglise en Gwadloup » ainsi que me le faisait remarquer Céline D. (de Désirade) en entrant dans l’église. Et elle poursuivait : « Je ne suis pas ambassadrice de ma communauté mais comme je venais sur Pointe-à-Pitre pour installer ma fille qui va être en BTS au lycée Charles Coeffin, je suis venue prier avec toute l’Eglise car je me sens concernée ! Même si j’ai eu tendance à un peu m’éloigner de la pratique religieuse ces dernières années ! »

La journée a commencé par un temps d’accueil chaleureux. Nous étaient alors remis les livrets expliquant la démarche, et la feuille de chants « dans l’attente d’un pasteur, cheminons ensemble »…chaque délégation avait son point de ralliement dans l’église, en respectant les règles sanitaires. Mgr Macaire situait aussitôt la démarche synodale recommandée par le pape François qui a convoqué le Synode Romain pour 2023. « En amont tous les diocèses du monde sont invités à prier, réfléchir, échanger, dialoguer, faire des propositions… tout cela sera rassemblé et remontera en diocèse, puis en conférence épiscopale, puis à Rome » … « Vaste chantier, me faisait remarquer Lanoze (jeune de la pastorale des migrants), mais c’est enthousiasmant ! ».

 

Puis Père Kaze situait la démarche diocésaine dans le synode romain : « pour une Eglise synodale : communion, participation et mission » … Travail dans des délais contraints commun à tous les diocèses et porté prioritairement par les doyennés et les paroisses. Un questionnaire et dix thèmes seront proposés (tout cela à travailler entre le 17 octobre et le 24 décembre 2021). Et c’est en février 2022 que le bilan regroupé par les conférences épiscopales des pays du monde entier sera transmis à Rome.

 

Père Gérard situait ensuite le projet pastoral d’ensemble : « en attendant le nouvel évêque », qui regroupera le travail des commissions selon quatre grands chantiers. Suivant la trajectoire suivante : « Forces – Faiblesses – Projets – Obstacles ». Ce document support devant être utile pour le prochain pasteur du diocèse le moment venu.

P Kaze EUGENE et P Gérard FOUCAN

L’organisation d’ensemble était impeccable et permettait à tout un chacun de pouvoir poser des questions. Divers médias retransmettaient tout du long (dont Radio Massabielle) les travaux et le déroulement de cette magnifique rencontre de travail et de concertation. Mgr Macaire, en premier de cordée, intervenant régulièrement pour expliquer et vulgariser le message.

 

Il ne faut pas hésiter à aller aux périphéries… les chrétiens, tous les chrétiens sont consultés, les fidèles, mais aussi celles et ceux qui ont pu s’éloigner de l’Eglise sur la pointe des pieds. « Nous n’avons pas retenu le terme « délégués » pour vous désigner, mais « ambassadeurs »… c’est-à-dire « engagés, impliqués par vous-mêmes », « témoins… et disciples… de Jésus » qui n’ont pas peur de se montrer chrétiens (non par provocation, mais par soucis d’authenticité et de vérité dans ce monde qui souvent « est rempli de nébuleuses vagues »)… comme ambassadeurs nous devons en premier lieu nous imprégner du questionnaire nous-mêmes, le méditer, le faire nôtre, prier dessus… puis nous sommes envoyés en mission dans nos groupes, nos quartiers, nos communautés pour échanger et croiser les points de vue ! Le secrétariat du Synode peut venir dans les doyennés pour vulgariser la compréhension de la démarche synodale. Les ambassadeurs ont été nommés dans les paroisses et les mouvements « mais on peut être accueilli nouvellement si des personnes motivées sont repérées dans la concertation »… « on va affiner la formule et la méthode au fur et à mesure ». Puis les membres du secrétariat du Synode ont été présentés (prêtres, diacres, religieux/religieuses, diacres, laïcs, de tous âges…) Ils sont de tous les coins et de toutes les sensibilités du diocèse.

Un petit intermède de chants priés précédait le temps d’adoration… « nou sé Légliz… Légliz sé nou tout… marchons ensemble »… écrit joliment par Juvenson de la pastorale des migrants… « nous implorons ta guérison, sur nos familles et nos enfants… »… Fernand (père de famille de Capesterre de Marie-Galante) me soufflait en passant : « qu’il est beau de faire Eglise par-delà les turbulences du moment ! Je sors du covid et j’ai besoin de me ressourcer !» … Puis le Saint Sacrement étant exposé : fais ton travail en nous Seigneur, inspire-nous, irrigue-nous de ta force… « victoire, tu règneras… ».

 

Puis venait le temps de l’Eucharistie solennelle. Esprit de Lumière, Esprit créateur, restaure en nous la joie, le feu, l’espérance… Mgr Macaire dans son introduction expliquait qu’il portait la « crosse de Mgr Cabo, celle du Synode de 1995… nous devons marcher ensemble, emprunter le même chemin, la même route, la même direction, même si nous ne sommes pas au même rythme… sé sa Bondyé vlé ». Et comme « Dieu appelle à l’existence ce qui n’existe pas… on peut, on doit, tout en nous appuyant sur la Parole de Dieu, sur la tradition de l’Eglise, trouver des chemins nouveaux ».

Mgr Macaire avec la crosse de Mgr Cabo

Dans son homélie tonique qui se voulait proche de tous… prêtres, diacres, religieuses, chrétiens engagés, laïcs hommes et femmes, jeunes… Mgr Macaire rapportait sa rencontre avec l’Enseignement Catholique la veille : « dans la tradition africaine on souligne que pour éduquer un jeune il faut tout un village… nous y voilà… l’Eglise c’est tout un village, une grande famille. Pour que l’Esprit Saint avance il faut toute une Eglise qui doit se laisser guider pour se renouveler… à vin nouveau, outre neuve. Il nous faut retrouver le goût et la pratique des assemblées, pas par habitude surtout, mais par grâce… c’est ce que nous sommes en train de vivre par amour. Prêtre, prophète et roi, nous le sommes par notre baptême… mais roi dans le sens de serviteur, au service dans l’Eglise… la diaconie… nous devons appeler toutes celles et tous ceux qui cherchent. Nos communautés doivent adopter le style de Dieu, ainsi que nous le recommande si joliment pape François. Nous avons des petites communautés ici en Gwadloup : qu’est-ce que le Seigneur nous appelle à vivre ? Le Seigneur a envie de nous bousculer… Messe cela veut dire mission ! Méfions-nous du cléricalisme, mais il guette aussi les laïcs que nous sommes… à partir de janvier nous serons invités à embrayer la pastorale d’ensemble : vers quoi œuvrer… quels projets doivent se faire jour pour renouveler notre Eglise ? Si le Seigneur est avec nous, qui sera contre nous… nous sommes multi-culturels, c’est une vraie chance… la maïeutique du synode de 1995 doit se renouveler aujourd’hui. Vous avez des rêves, comme dit le pape François, et bien lâchez les chaînes et avancez ! Ne bâtissons pas des murs… le mot Pontife m’a toujours fait frémir, ça fait mondain, mais finalement pas du tout, un pontife comme le pape François c’est celui qui fait des ponts… qui brise les murs pour en faire des ponts ! Quel bel idéal le pape François ne nous laisse-t-il pas ! Aujourd’hui les jeunes parlent plus facilement de réseaux… nous y sommes… rester nous-mêmes, chrétiens fervents et solidaires mais surtout reliés … » Et de conclure son homélie bellement par « je vous envoie pour être des pontifes ! »

La messe pouvait se poursuivre dans une grande ferveur ! Et se concluait par l’envoi en mission de tous les « ambassadeurs » auxquels étaient remis le médaillon d’encouragement pour avancer… Et avant la bénédiction épiscopale finale était proclamée par tout le monde la « prière pour le nouvel évêque ». Le chant final du précédent synode, écrit par le père Hamot et harmonisé par Georges Louise, permettait à la foule de se regrouper dans la joie sur le parvis de l’église ! « On a du pain sur la planche, me disait Jérôme ambassadeur de l’enseignement catholique à la sortie, mais ça fait du bien ». Tandis que Louise, animatrice en pastorale scolaire à Massabielle, renchérissait de son côté : « on a pris un sacré coup de jeune ! » Annou alé !

 

Jean-Marie Gauthier