Goyave a une nouvelle église!!

Inauguration et consécration de l’église de Goyave !

 

C’est un grand moment qu’a vécu la population de Goyave ce 5 août 2022 à 17 h, et à travers elle le diocèse tout entier, c’est ce que nous a rappelé M. Daniel Marie-Sainte, historien de Goyave, pour qui cet « évènement fera date ».

Il y avait foule en effet sous les chapiteaux à l’extérieur de la magnifique construction « flambant neuve, toute sortie de terre, à l’esthétique étonnante et superbe comme un voilier poussé par le vent dont le mât est une immense croix ! Quel symbole étonnant pour la cité ! » ainsi que l’expliquait à côté de moi Sylviane P., professeur des écoles, venue tout exprès de Grande Terre avec des amis « vous comprenez, je suis de Sainte-Anne et je ne veux pas louper ce moment qui fait sens pour tout le monde puisque la patronne de ce bâtiment-église est sainte Anne aussi ! ». Une belle unité de tout le monde rassemblé là, « en plein mois d’août, je suis contente qu’il y ait près de cinq cents personnes, dont beaucoup de jeunes, qui aient fait le déplacement » confirmait Armande N. venue en voisine.

goyave
dans 1h l'église sera pleine à craquer!!

Mgr David Macaire, administrateur apostolique de Guadeloupe, entouré des prêtres et du clergé, dont père Norbert Thibault, curé, en tenue de cérémonie, ont écouté sagement comme tout le monde les différents intervenants venus expliquer le pourquoi de la construction de cet édifice.   Toutes les autorités civiles de Goyave, du département et de la région entourant M. Ferdy Louisy, maire, et les différents corps de métiers venus témoigner de la démarche, de la création et du labeur qui ont abouti « à ce beau monument » comme l’expliquait l’animateur mandaté.

« Goyave est chargé d’Histoire qu’il est bon de rappeler au début de notre rencontre aujourd’hui, affirmait M. Marie-Sainte, historien : trois dates clés 1684 Goyave prend son autonomie par rapport à Capesterre et devient paroisse. 14 octobre 1862 : il n’y a plus deux cimetières, un pour les noirs et l’autre pour les blancs, mais un seul !… Goyave terre de marécage, des exploitations agricoles, et du massif qui nous surplombe : que les lumières éclairent et nous préservent de l’oubli ! » Mme Betty Armougon, présidente de la SEMAG, société d’économie mixte au service de la Guadeloupe, présentait ensuite tous les corps de métiers qui sont intervenus et ont travaillé de concert pour que « cette audacieuse construction qui répond aux normes techniques exigées aujourd’hui soit édifiée : sainte Anne patronne des dentelières a inspiré les créateurs, à travers des matériaux nobles et durables dont le bois lamellé-collé, le cuivre pour la toiture…etc. ». Beau labeur en effet dont l’aboutissement fait éclat !  Pour le père Norbert Thibault : « nous devons bénir le nom de Dieu pour sa fidélité, son amour et sa magnificence. Il s’agit plus qu’une inauguration aujourd’hui : c’est une consécration. Et elle concerne tous les chrétiens et aussi tous les hommes qui aujourd’hui veulent bâtir un monde meilleur et vivre authentiquement la fraternité. Je suis heureux de saluer les représentants des autres confessions chrétiennes qui ont toute leur place ici. » M. Ferdy Louisy prenait la parole pour rassembler l’enthousiasme qui était au cœur de tous en cet instant solennel : « Bonheur d’être tous rassemblés ici : le chemin a été long mais l’espace est apaisant, l’architecture pleine d’enseignement, c’est un lieu de vie, de rassemblement et de culture. En dépit de notre laïcité nous n’avons pas échoué car à Goyave c’est l’espérance et la culture de la tolérance qui priment ! » Mgr Macaire concluait la rencontre par ces mots remplis d’émotion : « nous sommes tous fiers d’être Goyaviens, fiers d’être Guadeloupéens et c’est légitime, nous avons un peuple aux Antilles, une vraie communauté dans ce monde qui se déchire. Il s’agit du bien commun ici qui nous appartient à tous. Je salue les membres des autres communautés chrétiennes, des autres religions mêmes… oui la grâce nous vient de Dieu. Manmaille-la : soyez bénis ! Cette maison a été construite par vous, édifiée de vos mains. C’est un moment historique que nous vivons-là. L’oubli n’est jamais bon pour les peuples. Le chemin n’a pas été facile pourtant, mais vous y êtes arrivés ! Cet endroit c’est la porte de notre cœur à tous ! l’ADN du peuple des Antilles c’est cette ouverture à tous ! Place aux enfants que je suis content de saluer, de nommer, place aux jeunes, c’est l’avenir et que vive la Fraternité. Entrons dans la célébration. » Et c’est sous les applaudissements de tous que les différentes étapes ont pu se succéder : coupure du ruban devant le portail de l’édifice, dévoilement de la plaque commémorative, remise des clés par monsieur le maire à Mgr Macaire qui les a remises aussitôt à monsieur le curé ! C’est dans une grande convivialité et un bel esprit de famille que ce moment a pu se conclure par les chants joyeux !

La bénédiction, puis la consécration proprement dite ont pu commencer

 

Mgr Macaire a béni tout l’édifice en faisant le tour à l’extérieur. Le chant du Veni Créator repris par tous a précédé l’ouverture des portes et tout le monde, accueilli avec beaucoup d’amitié par tout un service bénévole de gens dévoués et efficace (« vraiment à Goyave on fait les choses en grand et il y a une communauté dynamique » m’a glissé à l’oreille V.R. jeune père de famille de Basse-Terre), a pu prendre place avec émotion à l’intérieur de l’église, des écrans à l’extérieur permettaient de suivre aussi. « La Gratitude est la mémoire du cœur » a écrit Pascal Ide. Nous y étions m’a glissé à l’oreille une célèbre goyavienne, femme de lettres de renom, qui veut rester anonyme.

 

Mgr Macaire était entouré des pères Edouard Silène, vicaire général, Gérard Foucan vicaire épiscopal, Norbert Thibault curé de Goyave, Régis Kplé doyen du secteur, Rémy Siouray jeune prêtre originaire de Goyave ordonné l’an dernier par Mgr Macaire, Miguel Dolcé, Anson Daciné, Jonas Saint-Paul… des enfants de chœur, des jeunes servants d’autel et cérémoniaires. La messe pouvait commencer.

 

Il convient de saluer en premier la chorale qui a fait montre d’un immense talent, d’une belle unité et d’un vrai travail. Luan Pommier, artiste et organiste de génie, à la voix d’or, était entourée d’instrumentistes qualifiés. Et tous les chants latins, français et créoles ont entraîné la foule dans un bel élan tout au long de la cérémonie. Il fait dire que le vaisseau de l’église a une excellente acoustique.

 

« La consécration d’une église est la pierre d’angle de la communauté chrétienne, car en elle l’Alliance prend corps » a dit un jour Mgr Guy Gaucher, évêque de Lisieux. « Nous y sommes m’a soufflé à l’oreille une catéchiste voisine qui habite Goyave : tous les rites ont un sens si fort. Il s’agit bien de toute une catéchèse pour notre enseignement et notre cheminement chrétien, comme Mgr Macaire nous l’a bien explicité à chaque moment ! »

 

La messe a commencé par le rite de l’eau : aspersion des fidèles, de l’autel, de tout l’espace… La Parole de Dieu avec Néhémie : « Tout le peuple était là qui voyait le livre et l’on pouvait comprendre ! » St Paul aux Corinthiens : « Vous êtes une maison que Dieu construit ! » Et l’Evangile proclamé par père Thibault : « Tu es Pierre et sur cette Pierre je bâtirai mon Eglise ».

 

Dans son homélie Mgr Macaire laissait éclater sa joie d’être là : « Ouais, zot bèl ! » a dit un jour Jocelyne Béroard dans un concert célèbre. Amen, je vous le dis aussi à tous, aux enfants et aux jeunes en particulier. Vous êtes un peuple heureux qui attend son évêque qui sera bienheureux de vous rejoindre le moment venu. La liturgie parle d’elle-même. Notre cœur est ouvert : jaillissement d’eau bénite qui nous rappelle notre baptême. Nous avons aspergé les murs extérieurs et intérieurs, mais la vraie beauté vient du don de nous-mêmes. En effet un seul geste de charité couvre une multitude de péchés ! nou sé fanmi, nou sé pèp Gwadloup… nous ne devons pas vivre dans un monde d’isolement, d’égoïsme… Dieu nous offre ! … Monsieur le maire vous êtes la main de la providence. Notre foi repose sur une tradition, une transmission… Mési Bondyé ! Les rites : parfum, huile, encens, lumière… autel, ambon… puis nous tous peuple de Dieu. La consécration : nous prenons au sérieux le don que l’on a reçu…. Vous croyez en Dieu, Dieu croit en vous ! Bondyé ka béni nou ! Cette bénédiction continue dans les rues, dans les maisons, dans les quartiers, dans les familles, dans les couples… Nous sommes des envoyés ! Tous les rites qui vont suivre vont nous introduire dans ce cheminement chrétien indispensable pour notre conversion à toujours renouveler. Amen ! »

 

S’en suivaient tous rites de consécration importants : placement de la pierre d’autel (pierre d’angle), huile répandue sur l’autel, apposée sur l’ambon et chaque pilier de l’édifice, encens pour élever et rassembler nos prières, lumières des cierges apportés pour illuminer l’autel… « Nous devons être lumières du monde ! je le comprends mieux aujourd’hui » soufflait une jeune sur le rang devant moi à sa voisine !

 

L’Eucharistie pouvait se dérouler dans une grande foi et l’unité des cœurs. Jusqu’à la procession après la communion pour porter Jésus qui repose dans le tabernacle !

 

Nou sé Légliz a Jézikri, sèl é limyè pou pèp Gwadloup… ! et c’est dans la joie, après avoir remercié M. Jourson pour le magnifique mobilier en bois qui occupe maintenant tout l’espace de l’église, que chacune et chacun a pu partager un moment fraternel sur le parvis de l’église qui sera un bel espace de convivialité et de culture pour prolonger dans le concret notre vie de foi ! Goyave sait cultiver l’espérance.

 

Jean-Marie Gauthier

Témoignages.

« Je repars émue et regonflée avec mes enfants… et je me dis que nous devrions en prendre exemple pour bénir nos maisons, nos appartements et nos foyers, nos lieux de vie en un mot, avec autant de sérieux et de vérité afin que nous allions mieux dans nos familles et que la fraternité dont parle tous les jours le pape François nous irrigue vraiment, et que l’incompréhension et la violence reculent ! » (Mme Caroline V. jeune mère de famille de Ste Claire Goyage)

 

« Moi, c’est la chorale qui m’a touché. Vive les chants sincères et la joie partagée ! ça me donne envie de jouer d’un instrument ! » (Jordan C., collégien)

 

« Je retiens les trois C de ce jour : Christ, Conversion, Culture. Vive Goyave ! si avec tout ça on ne reprend pas espoir, je n’y comprends rien ! » (Albert H. de Pointe-à-Pitre)