Jubilé du groupe Waka, à la cathédrale

Belle leçon de vie avec le groupe Waka !

 

Ce samedi 7 janvier, en la fête de l’Epiphanie, le groupe Waka fêtait son jubilé d’Emeraude ! Et pour la circonstance, afin de rendre grâce à Dieu, son président Garry Bosc a tenu à demander que soit célébrée une messe d’action de grâce : « car ces quarante ans d’existence sont une belle preuve que notre groupe artistique, culturel et carnavalesque porte des valeurs fraternelles et humaines qu’il tient de ses racines chrétiennes, et cela a permis à notre association de tenir dans les bons moments, comme dans les passages les plus difficiles ». « Ainsi va la vie, cette vie qui nous vient d’en haut, de notre Dieu maître de tout ! » comme aime le dire souvent Jean-Claude Glandor, promoteur avec tant d’âme, de notre patrimoine guadeloupéen.

 

C’est donc à la cathédrale de Basse-Terre qu’a eu lieu cette eucharistie solennelle à 18 h, présidée par le père Gérard Foucan, curé de Basse-Terre et vicaire épiscopal. La chorale de Sainte Thérèse, sous la houlette de Fortuné Toussaint, animait magnifiquement cette célébration et lui donnait une couleur et une vibration qui ont réchauffé tous les cœurs.

Dans son mot d’accueil, à la suite de l’enseignement de l’Eglise, père Gérard a su placer haut la barre : « En ce jour solennel de la fête de l’Epiphanie, Dieu se manifeste pour que nous soyons illuminés de sa lumière et de sa grâce ! Et ce qui a été vécu par les mages il y a deux mille ans, l’est tout aussi véritablement pour nous aujourd’hui ! Et les quarante ans de l’association Waka en est une belle manifestation : que de dons, de qualités, de travail et d’échange dans votre cheminement à tous ! Et nous aurons une pensée et une prière pour toutes les personnes qui se sont données avec tant de dévouement et de compétence depuis le début, et qui s’en sont retournées à Dieu. » Le chant d’entrée interprété avec conviction exprimait bien l’adhésion de la foule présente ce soir, dont de très nombreux membres jeunes et moins jeunes de Waka en tenue soignée et artistique de grande qualité : Bondye né jódi manmaille, Bondyé né jódi ! I vini póte lapè e di nou ke nou se fwè .

 

Après le magnifique Kyrie de Georges Louise, le Gloria de Sr Danielle résonnait harmonieusement dans le vaisseau de notre cathédrale ! Le « Debout Jérusalem » de la première lecture en Isaïe, doit nous mettre debout aujourd’hui encore, ainsi que le dynamisme de Waka sait si bien le vivre. Et comme en écho, l’épitre de saint Paul aux Ephésiens « prêchait l’unité puisque toutes les nations sont associées au même héritage ». Après la proclamation de l’Evangile des Mages en Matthieu 2, 1-12, père Gérard reprenait une invocation retenue par le nouveau missel romain montrant la primauté de cette fête de l’Epiphanie qui illustre toutes les fêtes chrétiennes qui s’en suivront durant l’année liturgique et seront ainsi reliées à partir de la révélation si éclairante de la mission des Mages. « Sympa ! » me soufflait ma voisine de banc.

 

Dans son homélie, père Gérard Foucan a fait un parallèle audacieux et très pédagogique entre : « la joie de ce jubilé de Waka : quarante ans de bénévolat, de partage, de travail, de don de soi… Dieu a permis à l’association d’avancer car elle a en elle des valeurs évangéliques indéniables. C’est pourquoi nous sommes là, c’est pourquoi vous êtes là tous ! Et la vie culturelle plus générale de notre Guadeloupe qu’il ne faut pas négliger non plus. Bien au contraire, nous devons continuer de l’habiller de valeurs chrétiennes que nous devons transmettre et qui aideront, à n’en pas douter, les jeunes à construire leur vie positivement »… et d’oser un propos percutant et fort juste : « on entend parfois tout et n’importe quoi sur le carnaval… Certains n’aiment pas, ils ont le droit ! Mais ne nous y trompons pas : laissons les sarcasmes et les quolibets de côté, continuons notre route de transmission de nos valeurs chrétiennes caribéennes : de bénévolat, de travail artistique, d’échange, de fraternité, de respect des autres et de la nature dont Waka et bien d’autres associations sont porteuses si légitimement. De nombreux jeunes sont ici ce soir, et qui étaient jeudi dernier à « l’heure sainte » de prière à la chapelle Ste Thérèse… Jésus Messie d’Israël et du monde, Tu nous aides à surmonter les obstacles, nous qui sommes, comme les mages, des marcheurs et des chercheurs de Dieu … dans la liturgie nous invoquons le Seigneur régulièrement : « dans ta miséricorde, Tu es venu en aide à tous les hommes pour qu’ils te cherchent et puissent Te trouver », et bien c’est nous aujourd’hui, nous tous ici rassemblés, vous tous qui vivez des moments importants dans vos associations… et comme les mages, « ne rentrons pas chez nous comme avant »… sachons tenir le cap, et laissons-nous sans cesse illuminer par le Dieu de l’Epiphanie que nous fêtons aujourd’hui ! »

Armande C. à la sortie, enseignante à la retraite, me confirmait combien cette messe lui avait fait du bien : « ça remet les pendules à l’heure une homélie comme ça, car même si on y met toute notre bonne volonté on est parfois dénigré. J’ai toujours milité à Voukoum depuis plus de vingt ans aux côtés de ce cher M. Démétrius, et on a toujours plaisir à côtoyer les autres associations, comme aujourd’hui. Nous sommes une grande famille artistique et culturelle en vérité, qui nous déployons en plusieurs branches afin de garder nos particularités. Mais cultiver l’unité à partir des valeurs humaines et fraternelles incontournables voilà qui est porteur de salut pour notre jeunesse. »

 

Deux moments forts artistiques et spirituels durant cette cérémonie grandiose : la présentation des offrandes avec les danseurs et danseuses en tenue madras extraordinaire et qui ont interprété une chorégraphie de grande qualité à couper le souffle. De même la bénédiction spéciale des jeunes instrumentistes et de tous les membres de Waka, quand père Gérard saisissant le goupillon a fait pleuvoir sur elles et eux la bénédiction de Dieu ! Grand moment d’émotion et de communion partagée par toute la foule présente !

 

Père Gérard demandait avant la sortie à Garry Bosc de dire quelques mots pour témoigner en tant que jeune président de Waka : «Je veux remercier tout le monde. C’est une affaire d’équipe ne l’oublions jamais. Nous sommes tous bénévoles, et nous avons la foi chevillée au cœur. Nous sommes les seuls artistes au monde qui payons pour nous produire ! Le don de soi, le partage et la transmission est le trépied sur lequel repose notre labeur. Un souhait à partir de cette magnifique fête de l’Epiphanie : que chacune et chacun de nous continue de mettre au service de tous les talents que nous avons reçus. Et je vous confie un secret : Waka est comme ma seconde famille, et j’y fais toujours de belles et saines rencontres ! » Les applaudissements en disaient long sur la communion qui unissait toute l’assemblée aujourd’hui !

 

Hauts les cœurs : le chant d’envoi écrit par F. Toussaint « toulejou sé Nwèl, sé lanmou ka vansé » entraînait à la suite de la chorale de Ste Thérèse , la foule à l’extérieur où les tambours de Waka donnaient du dynamisme et de la joie à tout le monde ! « La beauté sauvera le monde ! » a écrit Dostoïevski. Avec Waka, et nos liturgies soignées, nous y sommes ! Grâce à Dieu !

Jean-Marie Gauthier

Témoignages :

 

« Moi qui suis membre de Waka depuis le début, je retiens un seul mot : la joie véritable qui anime ce groupe depuis ses débuts. Et quand il y a de la peine et de la sueur (ou des incompréhensions parfois) la joie partagée prend vite le dessus, et Dieu que cela fait du bien ! C’est ce que nous enseignons aux jeunes et voulons leur transmettre : l’oisiveté et la nonchalance sont mauvaises conseillères. Seule la création associée au labeur permet de s’en sortir ! »

S.J. grand-mère toujours active.

 

« Je fais partie d’un gwoup a po dans lequel je m’éclate et où je suis content d’évoluer pour bien intégrer l’Histoire d’abord tragique des peuples de la Caraïbe dont le nôtre… et j’apprends ainsi à transcender les tragédies (violences, drogues…) et les souffrances de notre époque actuelle… car il ne faut pas croire, je suis étudiant, je n’ai pas été vacciné, et on m’en a fait baver, le covid par là-dessus n’a rien arrangé… seules la foi et l’amitié de mon groupe carnaval me permettent de ne pas dévisser ! C’est un hasard, car visitant une amie à Basse-Terre, mais j’étais très content d’être là ce soir et de partager ce moment d’émotion et de ferveur authentique. »

 

 Laurent C. (des Abymes).