« Justice et Paix » porteur d’espoir et d’engagement pour tous !

Mouvement « Justice et Paix » porteur d’espoir et d’engagement pour tous !

 

Ce dimanche 5 février Justice et Paix faisait sa rentrée 2023 à la salle paroissiale de Prise d’Eau, et ce sont près de deux-cents personnes qui ont répondu présentes pour ce temps fort de réflexion et de ressourcement à partir du thème : « Vivre ensemble en Guadeloupe entre communautés humaines de régions différentes ! ». Des délégués venus de toutes les paroisses du diocèse, et des responsables de nombreuses TKL. « Le sujet accroche et il va bien falloir que nous réfléchissions, que nous prenions nos responsabilités, et que nous balisions des perspectives afin de sortir des ornières où notre société semble s’enliser ! » me faisait remarquer Joseph C., à l’entrée.

 

Il faut dire que cette rencontre était placée sous la houlette de trois humanistes guadeloupéens de renom : Robert Valérius juriste, membre de la ligue des Droits de l’homme et avocat ; Raymond Otto sociologue et anthropologue ; et Franck Garain docteur en sociologie et diplômé en droit public. Ils avaient préparé ce thème ensemble et visiblement ils ont su captiver leur auditoire qui n’a pas hésité à s’impliquer dans l’approfondissement de toutes les pistes abordées .

Après la prière d’introduction à partir d’Isaïe 1,17 : « Apprenez à bien faire ; recherchez la justice ; redressez l’oppresseur ! » et d’une prière à l’Esprit-Saint ; nous voilà planchant à partir du schéma de la « Doctrine Sociale de l’Eglise », dont les différents articles vont nous servir de repaires tout au long de la démarche.

 

Après une feuille de route guidée par Robert Valérius, Raymond Otto par des questions aiguisées bousculait nos a priori : « qu’appelle-t-on vivre ensemble ? quels sont les liens d’attachement qui nous devancent ? ne devons-nous pas clarifier nos modalités de fonctionnement dans notre quotidien ! On est trop souvent dans des rapports de confort en Guadeloupe… L’envie est le premier carburant dont on a besoin pour réfléchir, poser des jalons et progresser ! Une phrase de Socrate fait mouche : « La puissance de l’éducation c’est entendre un discours différent du nôtre mais sans être obligé d’y adhérer ». On a envie de faire changer les choses mais on butte sur de multiples travers qui bien souvent découragent notre volonté… on doit être comme le colibri, on doit prendre notre part et ne pas y déroger pour arrêter l’incendie ravageur bien souvent dans nos sociétés… Sommes nous prêts à accepter notre histoire plurielle ? »

 

Et tout le monde a pu s’exprimer en toute liberté étayant de multiples exemples concrets les objectifs visés…

Franck Garin, continuant de creuser le sujet poussait encore plus loin la réflexion : vivre ensemble, deux entités : moi et les autres. Cette articulation n’est pas de tout repos. Elle nous taraude bien souvent. La grande question : qu’as-tu fait de ton frère ? Nous chrétiens nous ne pouvons pas, nous ne devons pas y déroger. La question du vivre ensemble, c’est l’espace immédiat…et souvent la nostalgie : avant c’était mieux… on regrette le passé où il y avait une stabilité qui faisait sens pour nous. Mais aujourd’hui où tout semble aller vite… trop vite ! Nous avons une histoire plurielle et une mémoire qui l’est tout autant. Celui ou celle qui a été esclavagisé n’a pas la même mémoire que celui qui a été colon. Il fallait se croiser, se mettre ensemble pour survivre : la solidarité a pris tout son sens chez nous. Nous devons réapprendre constamment à créer de nouveaux projets : nécessité de faire lien. On est passé d’une société de l’habitation à une société de consommation. On s’est individualisé… Nous devons « faire lien » pour ne pas disparaître, pour ne pas être noyé dans un consumérisme à outrance qui nous vient d’ailleurs. Le mal-être est souvent structurel. Il est temps que nous listions nos divergences, nos convergences, notre hier, notre aujourd’hui, notre demain… quels outils pour déconstruire l’hier souvent négatif… quels outils pour construire demain… Retour sur l’envie de changer, de faire partager, de bâtir ensemble enfin… L’Histoire a créé des couloirs chez nous, alors on doit créer des passerelles. Il nous faudra nous aussi chercher les moyens de la souveraineté… La grande question de la transmission nous est posée à tous ! Le cœur commande que nous mettions la raison sur le même orbite… Souvenons-nous, c’était hier, la culture de la survie est née de l’habitation… Il faut aujourd’hui nous réapproprier le marché caribéen… nous occuper de notre environnement, de façon lucide… retrouver une autonomie collective. Le vivre ensemble entraîne d’être conscient de son être, et que l’autre existe : et qu’une vision commune malgré tout doit nous animer. La grande question : comment se créer soi-même dans le tronc commun ?

 

 

« Après cette pluie de questions fondées et de suggestions importantes qui nous ont été déployées comme des confetti par nos intervenants de qualité, nous voilà amenés à réagir et à donner notre ressenti, et nos exemples concrets ! » Le débat est monté d’un cran, et Dieu que c’était intéressant pour tout le monde ! « Les TKL qui sont en plein essor demeurent un terreau positif pour nous reconstruire personnellement et en collectivité » faisait remarquer une mère de famille du Moule.

 

Après ces deux heures de travail intense, et une petite pause pour nous rafraîchir et nous détendre, nous étions invités à faire les remontées du questionnaire suggéré auparavant et que nous avons pu travailler en équipe.

( DOCUMENTS : …COMPENDIUM D.S.E. N°149 : La personne humaine et ses DROITS……+ L’INTRODUCTION  à la Semaine de prière pour l’UNITE DES CHRETIENS 2023 IsaÏe 1,17))

1-Quels sont, d’après vous les différents obstacles du « Bien Vivre ensemble » en Guadeloupe, aujourd’hui ?………..

 

2-Malgré nos faiblesses, Dieu poursuit l’accomplissement de sa promesse dans l’Histoire……. Avons-nous le courage de reconnaître les obstacles que Dieu rencontre en nous-mêmes : notre insouciance, nos négligences, nos compromissions, nos calculs, nos craintes ?.. . Avons- nous le courage de dénoncer les obstacles que nous rencontrons dans le monde :  la consommation à outrance, l’individualisme, l’apathie des foules, le formatage des média (écrans et réseaux….), le paraître, la course aux honneurs, au profit et au bien-être matériel, la démagogie des dirigeants, l’arrogance et l’agressivité des possédants (cf Isaïe 1, 7 ) ?

 

3-Devant les obstacles, quelle est notre attitude : démission ? découragement ? pourquoi ? …  espérance ?  engagement ?  pourquoi ?

 

4-Autour de nous qui ? fait quoi ?. où ?.. pour améliorer  le « MIEUX VIVRE ENSEMBLE »  EN GUADELOUPE ? A quoi suis- je appelé(e) avec ma famille et ma communauté ?

 

Toutes ces questions ont reçu un écho important dans nos groupes et nos communautés. La mise en commun a été très enrichissante. La commission diocésaine Justice et Paix a promis de nous en communiquer une synthèse par la suite pour aller plus loin, poursuivre la réflexion et surtout nous engager dans le bon sens.

Et c’est par l’Eucharistie que nous avons conclu bellement notre fraternelle rencontre qui est porteuse d’espérance et d’engagement pour tout le monde ! Une pensée pour père Daniel Romulus, pour lequel notre diocèse destine son offrande de Carême afin de l’aider à construire son église en Haïti !

Merci à la Commission Diocésaine Justice et Paix qui réalise un travail extraordinaire pour aider tous les chrétiens et toutes les personnes de bonne volonté à réfléchir et à travailler ensemble à un avenir meilleur pour notre pays Gwadloup !

Jean-Marie Gauthier

Témoignages :

« J’ai trouvé beaucoup d’intérêt dans cette rencontre… enfin la foi dans le concret de nos vies : de nos difficultés, de nos souffrances… Comme a dit père Serge Plocoste, il faut apprendre à relire notre histoire pour nous en approprier les données et baliser les choses pour un lendemain meilleur ».                                                                                                                    Solange N. (côte sous le vent)

 

« Je pense à notre jeunesse, et au devoir de transmission que nous avons. La vie de famille est un levier tellement important. Nous sommes tous attendus à ce carrefour-là ! »

Jérôme Verger (Gourbeyre)

 

« Je retiens que Ecologie, Fraternité et Solidarité est le trépied sur lequel nous devons nous appuyer. Notre boussole doit être la Justice, car sinon nous n’aurons pas la paix ! comme sait tellement nous le rappeler Frère Francklin Armand régulièrement. »

Alexandre D. (Morne à l’Eau)