Il n’y a pas un saint comme Yves !
Nan eus ket ur sant, evel sant Erwan !
C’est par cette invocation magistrale à saint Yves, patron des Bretons et patron des avocats, que ce dimanche 21 mai à 10 h a été célébrée une messe solennelle en la cathédrale de Basse-Terre par père Silvère Numa, vice-chancelier du diocèse et responsable des publications catholiques, assisté du diacre José Obertan. La communauté bretonne qui vit en Guadeloupe a tenu à cet évènement pour « unir nos deux cultures : la bretonne et la caribéenne ». En effet, c’est en quelque sorte aujourd’hui qu’est ainsi posée la première pierre du Centre Culturel Breton Gwadloup, comme l’a expliqué Lionel Rolland-Thibonet son responsable, au début de la célébration.
« Demat ! » «Bonjour en breton ! » s’est exclamé père Numa en souhaitant la bienvenue à tous ! Belle assemblée composée d’une vingtaine d’avocats de Guadeloupe tous en toge, de leurs familles, des nombreux amis de la communauté bretonne œuvrant en Guadeloupe, et de nombreux chrétiens et amis caribéens venus de tout le pays (dont plusieurs tout exprès de Martinique !)… La préparation de cette eucharistie avait été soignée et la liturgie a permis une belle place aux chants et musiques bretonnes de grande qualité. Il faut dire que Jean-Michel Lesdel, titulaire des grands orgues, a pu donner toute sa mesure, entouré de Lionel Rolland, Dominique Igier et Lorz Calippe à la bombarde. « Quel bel instrument cette bombarde, étonnant, comme me le disait Fortuné Toussaint à la fin de la cérémonie, instrument des montagnes et vallées qui peut résonner très loin et très fort ! » Soutenu par les grandes orgues la bombarde nous a ravis tout au long de la messe… Tandis que les battements d’un ka pouvaient s’en donner à cœur joie après la communion dans une méditation subtile, qui marquait à point nommé l’unité de nos deux cultures par-delà nos différences ! « Quelle belle leçon d’humanité que cet ensemble harmonieux et qui élevait bien l’âme » comme le disait Hortense B., enseignante à la retraite, venue tout exprès du Lamentin.
Après son mot de bienvenue, père Silvère Numa a eu le génie de spécifier « qu’était solennisée aujourd’hui la 57ème journée mondiale des communications sociales ainsi que le pape François en assure la promotion par ce leitmotiv : « nous sommes invités à aller voir et écouter avec le cœur » pour apporter la paix et la concorde autour de nous » au-delà de la réalité de nos origines diversifiées nous sommes invités à vivre la concorde et la fraternité. Maître José Gallas, ancien bâtonnier du barreau de Guadeloupe, venait situer combien ce moment était important pour toutes les personnes qui œuvrent au ministère de la Justice « l’avocat comme le prêtre sont à l’exemple de saint Yves, des défenseurs des pauvres et des petits ».
La ferveur et l’émotion ont marqué ce moment important de prière et de communion. Dont le magnifique psaume « ma lumière et mon salut, c’est le Seigneur, alléluia ! » interprété par Gérard Vienet, maître de chapelle de la cathédrale.
Dans son homélie, père Numa a centré la vie de saint Yves « homme de foi, de justice, de compassion qui a tant à apprendre à notre époque présente. » et de citer cette parole éloquente de Pierre Rabhi, grand humaniste décédé il y a peu : « La conscience est probablement ce lieu intime où chaque être humain prend en toute liberté la mesure de sa responsabilité à propos de la vie ! » Et de poursuivre en s’appuyant sur Edouard Glissant : il nous faut relever le challenge de cette société aujourd’hui de plus en plus fracturée, et défendre l’équité apaisante et fédératrice dans un dialogue constructif et en toute vérité. Yves, homme juste, tu nous apprends à vivre ensemble, à réfléchir ensemble et à œuvrer ensemble. Et pour conclure reprenons le mot de saint Irénée : « le gloire de Dieu c’est l’homme debout »… mettons nous debout pour affirmer notre foi !
A la fin de la cérémonie, le bâtonnier de l’ordre des avocats de Guadeloupe, remerciait tout le monde et en particulier l’évêché pour cette belle rencontre d’aujourd’hui qui est porteuse d’avenir. Avant que les grands orgues et les bombardes interprètent une pièce éclatante après la bénédiction et l’envoi !
« La fraternité entre les peuples c’est un travail, ça se construit… et aujourd’hui on y a placé une belle pierre ! » disait Stéphane D. jeune professeur du lycée des Droits de l’Homme. Merci à notre Eglise diocésaine de Guadeloupe, et au mouvement Justice et Paix qui en est une composante vitale comme sait en témoigner Maître Robert Valérius, d’être aux avant-postes dans ce cheminement-là ! Annou alé !
Jean-Marie GAUTHIER
