Jubilé de Diamant du père Jean Hamot : quel souffle !

C’est en deux temps que père Jean Hamot a fêté son jubilé sacerdotal ! Il y a soixante ans en effet, le 4 août exactement en la fête de saint Jean-Marie Vianney « saint patron des prêtres » comme l’a rappelé le père Gérard Foucan, vicaire général, au début de la rencontre, le père Hamot était ordonné prêtre. Aussi en cette année 2023 le diocèse tenait à marquer d’une pierre blanche cet évènement. Et c’est en l’église saint Luc de Baimbridge que la communauté diocésaine s’est retrouvée en soirée pour une eucharistie. La foule était au rendez-vous, et de nombreux prêtres et diacres entouraient « le jubilaire tant affectionné en Gwadloup » comme le signalait Hermine grand-mère de Trois-Rivières qui avait tenu à être là « il a tant fait pour nous dans tous les endroits où il est passé ! ». Mgr Philippe Guiougou présidait la messe d’action de grâce.

 

Père Serge Plocoste ouvrait le temps amical de témoignages ce 4 août au soir avant la messe. « Pè Hamot, sé moun a tout moun… c’est un homme enraciné, pour qui l’engagement a toujours été premier ; il nous a appris à réfléchir, à prendre nos responsabilités afin de ‘tenir’ non seulement dans l’Eglise, mais aussi dans la société. Il s’est formé lui-même pour nous former ensuite et que la catéchèse nous permette de nous laisser apprivoiser par le Mystère Chrétien. Beau cheminement afin que nous fassions équipe : il a toujours eu, et encore aujourd’hui, le souci de nous donner des outils pour continuer dans les groupes, mais aussi dans les familles à avancer avec Jésus et pour Lui. Une question Pè Hamot : tu nous as aidés à comprendre et intégrer comme il faut le Concile Vatican II, mais comment as-tu pu t’adapter à toutes les situations ? »  Père Hamot de répondre avec sa joie et son entrain habituels : « mais je le dois à Oscar, à Magloire, à Chérubin et Manlius entre autres, à Mgr Cabo… et reprenons ensemble « sa ki pli bèl sé témwagné »… Christopher Jean-Jacques, jeune prêtre, témoignait à son tour combien père Hamot l’avait aidé et accompagné positivement pendant son discernement et sa formation… « père Hamot c’est une bibliothèque à lui tout seul ». Raymond Pantier, au nom de tous les chrétiens, disait combien « père Hamot a toujours été le levain dans la pâte de tous les chrétiens qui, parfois en tâtonnement, voulaient s’engager… nous lui devons une infinie reconnaissance ! » Père Modetin a tenu à exprimer un témoignage plein d’affection fraternelle et sacerdotale, qui a été magnifiquement lu par Vincent Carvigan, jeune servant d’autel. Père Foucan, enfin, en tant que vicaire général, rappelait cet épisode émouvant : « Vous vous rappelez P Hamot quand vous m’avez dit ici exactement à St Luc de Baimbridge il y a bien longtemps : toi, Gérard, un jour il faudra bien que tu me remplaces ! … et bien vous voyez, c’est fait ! Remercions le Seigneur tous ensemble pour votre place de premier de cordée qui nous a toujours permis de réfléchir sur la relève des vocations ! »

Monseigneur Philippe, dans son mot de bienvenue à tous, au début de l’eucharistie, disait combien il était « heureux d’échanger régulièrement avec tous les prêtres, en particulier ceux qui oeuvrent depuis longtemps dans le diocèse, et le père Hamot est un vrai pilier. Pilier de la fidélité et de l’engagement en Eglise : comme le père Gillot doyen du presbytérium, et Sœur Françoise carmélite dont j’ai eu à présider aussi le jubilé au tout début de mon arrivée dans le diocèse. Dernièrement au début de l’année on avait eu la joie dans le diocèse de Saint-Denis de fêter le jubilé des quatre-vingt ans de sacerdoce d’un prêtre qui continue de faire beaucoup en Île de France. Et bien Père Hamot je formule le vœu avec tous les chrétiens ici rassemblés, que nous puissions fêter votre jubilé de Chêne à vous aussi le moment venu pour vos quatre-vingt ans de sacerdoce ! » Adhésion de tous à travers les applaudissements joyeux !

Dans son homélie, père Hamot, en pédagogue averti, retenait notre attention sur « Jésus qui, dans l’Evangile, a pitié des foules… Jésus est remué dans ses entrailles par la souffrance de ceux qui l’entourent… notons la faiblesse de la foule tellement perdue, mais Jésus est toujours empli de sentiments d’émotion, et se montre en toutes occasions proche de nous… Jésus avait besoin d’ouvriers, nous aujourd’hui nous avons besoin d’ouvriers car la moisson est toujours aussi abondante ; les ouvriers dont nous sommes pour semer la graine de la Parole de Dieu : mission de transmission, de révélation (le Royaume, c’est Dieu lui-même déjà à l’œuvre dans le cœur de toute personne aujourd’hui encore)… mission aussi d’espérance, car une part de ce que vit Jésus, et que nous vivons aujourd’hui, est une semence : pardon, entraide, don de soi. La prière est l’élément constitutif de la mission : nous ne sommes jamais seuls, à l’exemple du curé d’Ars. Ce jubilé aujourd’hui est un peu le jubilé de l’appel de Dieu. Célébrons l’appel, il nous vient de Dieu…. Pensons aussi à tous les souffrants auprès desquels nous devons être les signes de la présence de Dieu à travers l’Espérance, levain dans la pâte de nos vies ! »… Mi on bon nouvel pou nou anonsé, mi on bon nouvel, nouvel a Bondyé !

Dimanche 6 août à 9 h 30 avait lieu le deuxième temps du jubilé de diamant du père Hamot, au Centre Hospitalier Jacques Salain, dans la grande salle centrale des manifestations et réceptions ; il y avait là aussi grande foule, mais cette fois-ci plus bariolée, bon enfant, familiale : de nombreuses personnes âgées ou malades conduites par leur famille ou des soignants, des familles entières composées d’enfants et de jeunes, des médecins, des infirmières, tous les bénévoles visiteurs et visiteuses, et accompagnants des malades… et puis des jeunes membres de l’Akademy du Ka… « Quelle chaleur humaine ici ! » me glisse à l’oreille Amandine, grand-mère de Sainte Anne qui a l’habitude de venir. La famille du père Hamot au grand complet, des personnalités de la société civile, un orchestre qualifié composé d’artistes chevronnés et de jeunes… bref tout ce monde a collaboré pour que le moment soit festif et vécu dans une foi sincère et profonde (« c’est pourquoi je suis heureux de participer aux messes, et Jaklyn Cachmire-Thole sait nous entraîner » me dit le jeune J.T. qui a été élève à Blanchet et qui « a été bien entraîné par l’aumônerie Dom Helder Camara, du coup, n’ayant pas pu aller aux JMJ je n’ai pas manqué le jubilé du père Hamot »).

Les témoignages ont là encore commencé la rencontre. Nénette, sœur du père Hamot, et Bernard son beau-frère, s’en sont donnés à cœur joie pour raconter « l’enfance et la jeunesse de Jean ». « Quel parcours de joie, de feu, d’enthousiasme… mais aussi de souffrance (suite à l’accident qui a failli lui coûter la vie en 1975 entre autres)… mais le doute n’a jamais eu raison de lui !… Il a tant fait ! Son maître mot : la famille ! » Des témoins des mouvements d’action catholique et de la catéchèse sont intervenus aussi. L’un d’eux a clamé cette phrase superbe du père Hamot : « Il n’y a pas de paix sociale sans justice sociale ». Ecrivons ça au fronton de nos maisons ! Ainsi que le MRJC et père Chérubin Céleste (dont nous nous souvenons que ce jour est aussi l’anniversaire de sa naissance) nous l’ont appris ! Jaklyn Cachemire-Thole a lancé un beau plaidoyer pour Radio Massabielle qui doit tant au père Hamot, et pas seulement à lui : « Votre formation à la communication, à la liturgie et à la catéchèse ont empli nos ondes et fait tellement de bien à tous, et encore aujourd’hui. Merci, merci infiniment. Vou sav kozé ban nou ! sé sa Jezikri vlé ! Nous devons travailler aujourd’hui l’unité dans la communication ; c’est essentiel ! » Être reliés pour « d’un seul cœur uni dans la prière, d’un seul cœur… nous guettons Seigneur les signes de l’Esprit ! » La messe joyeusement pouvait commencer présidée par Monseigneur Philippe.

 

L’homélie du père Hamot, toujours très construite, « nous emmenait à la rencontre de Dieu… la transfiguration… partir à l’écart… qui est Dieu, qui sommes-nous ? Dans la prière les apôtres voient Jésus illuminé, transfiguré… la puissance transformante de l’amour de Dieu qui se manifeste là doit nous toucher, nous toucher aujourd’hui… qui sommes-nous ? … Dieu se manifeste : lumière, blancheur… image de la nuée signifie toutes les grandes manifestations : Parole, Personne et Vie de Jésus pour que nous Le suivions ! Dieu est chemin : ne pas avoir peur, qu’Il vienne dans notre intériorité. » Et à la fin de son magnifique enseignement : « La Famille, oui, c’est elle qui nous construit, qui nous relie ; je dois beaucoup à la mienne, elle est là et je ne cesserai pas de lui être reconnaissant. Nous devons en faire autant, nous devons aider et préserver la famille ! Sans rejeter personne bien évidemment ! » Sé Bondyé ki chwasiw pouw di la vérité, sé Bondyé ka voyéw fo paw pè témwagné !

 

Merci Père Hamot !

 

Jean-Marie Gauthier

Témoignages

« Moi je retiens son témoignage sur sa famille exemplaire. Ça fait du bien de voir ça ! la mienne s’est disloquée… et mes parents aujourd’hui qui sont vieux et qui sont ici en ont beaucoup souffert, je le sais… Mais je retrouve l’espoir dans les rencontres en Eglise ici ! » (J.-L. D., père de famille de Prise d’Eau).

« Il faut prendre soin de nos jubilaires partout, dans nos familles, dans nos communautés, dans nos lieux de travail, dans notre Eglise… car avec les réseaux sociaux, on a tendance à aller trop vite, à tout oublier, ou à vouloir tout tout de suite. Mais la vie c’est pas ça ! Bel exemple aujourd’hui ! » (Laurane V., assistante sociale à Basse-Terre)

« Je suis en train de découvrir le livre du père Jean Hamot qui vient de sortir « Hold-up judiciaire… l’affaire du centre Saint Jean Bosco » aux éditions Nèg Mawon ». Intéressant ! Du concret ! Pour que nous n’oubliions pas ! » (Raphaël J.T., de Saint-Martin)