L’Association Familiale Catholique de Saint-Claude a le vent en poupe : elle existe, et depuis longtemps, pour aider les familles, pour aider les enfants, les jeunes et les personnes seules à retrouver souffle, à ne pas perdre pied, à s’épauler pour faire face aux problèmes et difficultés de la vie qui ne manquent pas de survenir. Et singulièrement notre aujourd’hui sociétal est bien ébranlé par tout ce qui se passe : depuis les guerres qui se déclenchent de tous côtés, « la violence qui se fait ordinaire partout alors qu’elle devrait être l’exception » comme l’affirmait le jeune Steeven (natif de St Claude), dans une émission de Canal 10 récemment, depuis Saint-Martin où il essaie de trouver sa place dans un travail temporaire auquel il veut croire.
Ce jeudi 30 novembre à 18 h, au centre socio-culturel Edouard Coradin, en la fête de saint André, non seulement patron des pêcheurs, mais aussi celui des couples, des amoureux « ceux qui croient en la vie quoi ! » (comme aimait dire Père Albert Chalder), l’AFC de Saint-Claude avait convoqué tout le monde à un temps de réflexion et d’approfondissement sur le thème « la famille d’hier et d’aujourd’hui : quelle évolution ? » car ce thème en effet concerne tout le monde à vrai dire ! En tout cas, il devrait ! Annie Chalcol-Toy souhaitait la bienvenue à tous, situant l’AFC comme un havre de paix et de salut pour les personnes qui en ont besoin, « et nul n’est épargné ». Même si c’est sur un chemin de crête difficile qu’elle tente de tenir avec comme axe la confiance ! Puis elle accueillait et présentait chaleureusement M. Raymond Otto, père de famille, sociologue, anthropologue de renom, et éducateur spécialisé.
Avec rigueur et une grande simplicité M. Otto a tenu en haleine les personnes ainsi rassemblées toute la soirée tant il est clairvoyant, appuyé sur l’histoire de chez nous et les faits sociaux imparables, et en même temps visionnaire. Il y a un avant et un après : l’histoire c’était hier ! « Il y a 175 ans (soit deux générations de 90 ans) entre la fin de l’esclavage et aujourd’hui » a-t-il expliqué de façon pédagogique à un enfant qui était au premier rang ! Irréfutable ! Et tout y est passé : le commerce triangulaire ; le code noir ; le noir libre ou libre de couleur ; les femmes potomitan ; les directives obligées du protectorat ; l’arrivée des nombreux immigrés de partout ; l’assimilation ; les conditions imposées par l’occident… etc… la famille a à chaque fois été bousculée dans son histoire chez nous, dans ses fondements… « entre 1980 et 1986 la société explose »… Prenant de nombreux exemples pour étayer son propos ! Nous sommes chez nous en Caraïbe où il y a un problème de modélisation de la société ! Les questions de nombreuses personnes sont intervenues, à chaque fois bien prises en compte par M. Otto, qui jamais n’esquive, mais reprend, réoriente et argumente pour être bien compris dans la perspective qu’il nous faut tenir : le bien de nos enfants, l’espérance pour les familles, les valeurs à préserver, les carences éducatives, l’assistanat qui bouscule la notion structurante du travail, la formation, l’économie chamboulée parce que non partagée la plupart du temps, ou si mal… la liberté, la vraie, galvaudée… la dimension spirituelle de l’homme… et nous sommes arrivés à l’écologie avec ce débat si important sur la chlordécone (avec le dilemme du bassin de Moreau)… Les bonnes volontés, les compétences ne manquent pas chez nous (un exemple immédiat la Voie des Outre-mer demain à St Pierre St Paul ; des talents bien de chez nous) : mais est-ce qu’on nous écoute, est-ce qu’on nous laisse travailler et monter des projets structurants pour le bien des familles, des communautés, des groupes de métiers…etc… Et d’énumérer des chiffres qui font réfléchir !
-Nous avons eu ici en Guadeloupe 40 % de demandes supplémentaires de placement d’enfants pendant le covid !
-Les associations de parents d’élèves partout dans les écoles ne doivent pas s’interposer aux familles… pour légiférer dans tous les sens !
-Question de la survie du capitalisme qui s’appuie partout sur 20% d’élites et 80 % de consommateurs. Où allons-nous ?
-Depuis la fin des années 50 on a créé une vingtaine de métiers dans l’action sociale.
-On est passé d’un chômage conjoncturel à un chômage structurel dans les années 90… et ça continue… quelque part cette habitude nous paralyse…
-« La peur m’envahit tous les jours davantage quand je vois comment évoluent les choses, qu’en dites-vous ? » me demandait une jeune dans un groupe de réflexion dimanche dernier au Christ-Roi aux Mangles.
-La somme de toutes les choses qui ont été laissées entraîne la débâcle !
-Il convient de réinjecter les discussions au sein des familles ! Il faut retrouver du souffle, la foi bien comprise est là pour ça !
-Trois axes sont prioritaires : contrecarrer impérativement la première dévolution qui est la dévalorisation de la notion de travail ! La santé est un bien commun à préserver absolument : il faut s’emparer de tout ce qui est écologie etc… La famille est un repère irremplaçable !
« Il y a débat » comme disait une mamie à la fin. Oui, « quand il y a débat il y a vie » comme appuyait encore toujours père Chalder. Beaucoup de questions doivent être reprises et approfondies.
Merci M. Otto ! Vous avez déployé avec génie et prophétisme tout ce qui nous anime dans notre for interne ! Continuons à cheminer et œuvrer ensemble voulez-vous ! Et à l’exemple de notre évêque qui nous envoie en mission aux périphéries avec l’objectif « que tous soient Un » pour ne laisser personne sur le carreau…!
Merci A.F.C. Saint-Claude vous pratiquez si bien la fraternité !
Jean-Marie Gauthier
