Beau jubilé de cachemire pour la Fraternité de l’Incarnation en Haïti !

En ce 26 décembre, avait lieu le 47ème anniversaire de la fondation de la Fraternité de l’Incarnation en Haïti par Frère Francklin Armand. Tous les petits frères et toutes les petites soeurs de l’incarnation ont à cœur de marquer ce temps d’une pierre blanche ; et le mouvement Ti Fanmi Lenkanasyon Gwadloup tient à s’associer fidèlement à cette fête fondatrice : le lendemain de Noël marque aussi le martyr de saint Etienne « même si nous sommes dans la spiritualité de Charles de Foucauld, le martyr d’Etienne nous dit aussi combien vivre sa foi, pratiquer sa foi, se mobiliser pour la charité autour de nous sont parfois chemins de souffrance, et nous le savons actuellement plus encore en Haïti… c’est pourquoi votre proximité en Guadeloupe nous est précieuse, vous savoir à nos côtés dans la prière, l’amitié, la solidarité, la joie de croire en Jésus est porteur d’espérance malgré les épreuves ! » (selon les mots de Fr Francklin reçus par WhatsApp aujourd’hui).

La crèche de l’église de Prise d’Eau a retenu notre attention par sa simplicité et son dépouillement

Le jubilé a commencé par la messe célébrée par père Silvère Numa, D.E.I. en l’église sainte Thérèse de Prise d’Eau à 10 h 30 où nous a accueillis chaleureusement père Bonel Saint-Fleur qui nous lançait en ouvrant tout grands ses bras « ne sommes nous pas de la même lignée ». En effet Bonel a cheminé longtemps dans la Fraternité de l’Incarnation avant d’être ordonné prêtre pour notre diocèse il y a six ans. Même si de nombreux amis et membres de Ti Fanmi Lenkanasyon qui n’ont pas pu venir s’étaient excusés, le noyau bien présent a su porter la prière de tous, et surtout implorer Dieu de garder en bonne santé Frère Francklin Armand si durement éprouvé actuellement avec le vol de petites barques de pêcheurs par des gangs venus de la mer du nuit récemment.

D’un seul cœur, unis dans la prière, comme dit le psalmiste… la messe a pu se dérouler dans une grande ferveur.  Père Numa et Père Bonel avaient tenu à ce que l’homélie soit remplacée par un texte magnifique de Frère Francklin Armand à partir de ses différents écrits, enseignements ou mails.  (texte repris intégralement à la fin de cet article).

« J’ai retrouvé dans cette eucharistie l’émotion et l’ardeur des messes célébrées à saint Jean Bosco, quand les petits frères y étaient encore » n’hésite pas à témoigner Juney Cophy, jardinier hors pair, et fidèle de la première heure.

Après la messe un montage diapositives, à partir de paroles de Fr Francklin pour guider nos routes, et de photos du sanctuaire St Charles de Foucauld à Saintard (le premier dans la Caraïbe), a permis de continuer de se ressourcer sur les pas du père de Foucauld et sur l’actualisation du charisme de la Fraternité de l’Incarnation. Puis après le repas tiré du sac , nous nous retrouvions pour un atelier de réflexion et d’échange sur « le synode diocésain pastorale d’ensemble » à la lumière des fiches proposées par Père Gérard Foucan, vicaire général. Notre sous-chantier 2 Identité et Opportunités, du chantier 1 Nous chrétiens de Guadeloupe … a intéressé tout le monde et chacune et chacun a apporté sa pierre à l’édifice  afin qu’une synthèse puisse être présentée le moment venu comme Mgr l’évêque et père Gérard l’ont demandé.

« Tout s’est déroulé dans une grande amitié, comme l’a remarqué Jocelyne Mambole, fidèle grand-mère depuis la première heure. J’aime ses rencontres simples, priantes mais en même temps joyeuses et sans chichi. » Et Juney Cophy de poursuivre : « nous devons construire cette fraternité dans toute la Caraïbe ».

Nous avons du pain sur la planche, mais nous ne devons pas nous décourager.

Jean-Marie Gauthier

Noël 2023

Méditation du Frère Francklin Armand à partir de ses écrits, et de son dernier message.

 

Notre vie ne peut pas tenir si nous ne nous appuyons pas sur le trépied suivant : La prière – La mission – l’action.

Ecouter, prier et agir sont les trois verbes qui doivent nous gouverner.

 

Charles de Foucauld perdu dans le désert priait et adorait plusieurs heures par jour dans son ermitage. « Que de fois j’ai pleuré devant le Saint-Sacrement, en me remémorant les souffrances du peuple qui m’entoure, et mon incapacité à faire entendre son cri ». Mais jamais il n’a cessé de prier « pour moi, c’est comme une respiration indispensable et vitale ! ». Jésus nous a montré le chemin, Dieu seul sait le prix à en payer.

 

La mission c’est être envoyé… c’est irradier autour de nous le visage de Jésus-Christ… pas par des paroles qui n’en finissent pas, des discours interminables ou pompeux… encore moins des arrogances ou des diktats… « L’apostolat de la bonté » dont parlait si bien Charles de Foucauld. C’est s’engager à écouter autour de nous, entendre par tous les sens de notre être, les paroles, les supplications, les souffrances des gens qui nous entourent… et demeurer là prêts à aider, à accompagner, à compatir… C’est cultiver la bienveillance, et l’attention. « Seule une vraie et saine amitié conduit à la fraternité qui par capillarité permet à la paix d’advenir ! »

 

L’action. Se mettre résolument au travail ; prêter mains fortes ; ne pas attendre que tout vienne des autres ou d’ailleurs ; être debout, solidaires et agissants… Avoir conscience que ce n’est jamais dans un claquement de doigt, que les choses bougent ou adviennent (sauf pour ce qui est négatif : on le voit bien avec les conflits qui naissent partout et qui sont souvent télécommandés… et parfois de loin !… en Haïti c’est tous les jours que nous le mesurons)… si on veut agir positivement en travaillant c’est marche après marche qu’il faut grimper, cheminer… dans une espérance qui doit faire partie de notre for interne, de notre conscience profonde ! Travailler inlassablement avec Jésus-Christ comme seule boussole !

 

Voilà le trépied sur lequel il est indispensable de nous appuyer chacune et chacun d’entre nous si nous voulons avancer dans le bon sens dans notre quête de bonheur.

 

Ensemble. Pour qu’advienne cette Fraternité tant espérée, il faut nous appuyer sur deux piolets : la Famille ; la Communauté.

La Famille avec un vrai et authentique esprit de famille, tel que la Sainte Famille nous l’apprend dans la Bible. Respectueuse, tolérante et en même temps sincère et vraie. Laborieuse et orante.  Pas de faux fuyants ; pas de double-vie. Famille basée sur la fidélité et l’espérance structurantes. La joie de la communion en un mot. « La spiritualité du devoir d’état » est à cultiver et approfondir tous les jours.

La Communauté. Avoir le souci du bien commun. Du Respect les uns des autres. De la liberté et de la justice à cultiver dans l’éducation, dès les premiers pas des enfants et des jeunes qui nous sont donnés. … le monde d’aujourd’hui est bouillant et bouillonnant d’idées nouvelles qui surgissent brutalement, d’intelligences artificielles qui semblent prendre le pas sur tout (lisons le message du pape François pour la 57ème journée mondiale de la Paix, il est très instructif). La Communauté doit se ressaisir, et nous devons être agissants en son sein, si l’on veut que la fraternité, l’écologie gagnent du terrain et que l’individualisme et l’enfermement régressent.

 

Seigneur, viens à notre secours… Toi seul en ce noël 2023 peut nous permettre de tenir bon. Augmente en nous la Foi !

 

Frère Francklin Armand

 

 

(extraits reliés, tirés des livres de Frère Francklin Armand : « Paysan de Dieu », « Danser avec la vie », « avec l’Esprit-Saint »… et de la retraite prêchée à Saintard en 2018)

 

Message de Frère Francklin Armand reçu par courriel le 21.12.2023

Cher(e)s ami(e)s, 

A l’approche de Noël j’espère que cette lettre vous trouvera en bonne santé et en paix. Je vous écris ce courriel avec un poids dans le cœur et une profonde inquiétude. Il est difficile pour moi de mettre des mots sur ce que vit le peuple Haïtien en ce moment, mais je ressens le besoin de partager avec vous les événements douloureux qui ont récemment secoué, une fois de plus, la Fraternité de Saintard. 

Il y a quelques jours, cette Fraternité a été victime d’une intrusion d’hommes armés au cours de la nuit, hier soir encore nous avons été visités et cette fois-ci, les voleurs ont emporté quelque chose de très précieux pour nous, un bateau de pêche. Vous pouvez imaginer la douleur et la peine qui m’habitent en ce moment. Ce n’est pas seulement la perte matérielle qui me touche, mais c’est aussi le sentiment d’insécurité qui s’installe, et la crainte constante que cela puisse se reproduire. 

Je partage ces sentiments avec vous pour sensibiliser à la réalité de la criminalité qui peut toucher n’importe qui, en Haïti. C’est un rappel brutal que la vie peut parfois nous confronter à des épreuves inattendues. 

En cette période difficile, vos pensées et votre soutien sont plus précieux que jamais. J’apprécie profondément notre amitié et je sais que vous comprendrez la complexité de la situation en ce moment.  

En cette fête de Noël, j’espère que nous pourrons trouver la force et le réconfort nécessaire pour surmonter cette épreuve ensemble. 

Avec gratitude et amitié, 

 Fr Francklin Armand