Partage et relecture de vie avec la pastorale des jeunes !

Ce samedi 20 janvier au matin la Pastorale Diocésaine des Jeunes avait invité tous les grands jeunes et animateurs de groupe à un temps d’approfondissement et de partage sur la Révision de Vie, à la paroisse de saint Luc de Baimbridge. « J’étais sceptique au départ lorsque l’invitation a été lancée, tant le sujet tout de suite ne me parlait pas. Et puis je dois dire que j’en suis revenu avec des réflexions et un vrai bagage pour avancer dans la vie avec moins de tâtonnements et plus d’idéal » témoignait à la sortie Ludovic Cazako, vingt-trois ans, membre de l’aumônerie Dom Helder Camara au LEP de Blanchet, et qui vient de trouver un emploi dans les espaces verts. « La recherche d’emploi n’est pas une mince affaire, mais l’entrée dans le monde du travail non plus, et j’étais très heureux de rencontrer des jeunes de la J.O.C. (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) dont le témoignage m’a interpelé » continue Ludovic. En effet, au père Paul-Antoine Bernard, curé de Petit-Canal et aumônier diocésain de la JOC et du MTC (Mouvement des Travailleurs Chrétiens) avait été demandé un enseignement et des pistes de réflexion et de pratique sur la révision de vie (ou relecture de vie). « C’est assez inattendu, tout va si vite autour de nous » témoignait une mère de famille animatrice en catéchèse collège qui poursuivait : « les jeunes ne voient souvent que le portable, mais il faut savoir s’arrêter et parfois s’en extraire aussi ! »

Plus de soixante personnes, dont les deux tiers de jeunes, ont répondu présents pour cette matinée de prière, d’amitié, de réflexion et de partage. Venus de tout le diocèse et de nombreux mouvements et paroisses, beaucoup avaient au cœur cette riche expérience des JMJ à Lisbonne. « J’en suis encore profondément imprégné et c’est heureux que la Pastorale des Jeunes nous permette de poursuivre le cheminement dans le concret de nos vies » n’hésite pas à dire Marc-André, de Grande Terre, qui a trouvé un emploi comme cadre dans le social.

Après le temps de prière et le mot de bienvenue par le père Kaze, père Paul-Antoine nous a mis tout de suite au travail : à partir de l’Evangile de Marc (10, 46-52) « Fils de David, aie pitié de moi ! » « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » « Maître que je retrouve la vue ! »… La foule : « confiance Il t’appelle. » L’aveugle bondit « que je vois ! » Jésus : « Va, ta foi t’a sauvé ! »  C’est saisissant ! Que voyons-nous ? Qu’entendons-nous ? Que ressentons-nous ? Père Paul-Antoine dans une démarche très pédagogique nous invite à nous accaparer chacun personnellement le texte, à aller plus loin : ouvrir nos yeux, nos oreilles, notre cœur… et de tonner : « la relecture de vie, n’a rien à voir avec une évaluation, un bilan ». Nous sommes invités à nous déplacer, à noter et écrire, puis à relier les points entre eux. Nous devons absolument être attentifs à ce qui se vit autour de nous, puis à faire le lien entre Bible et vécu.

Puis à l’aide de fiches bien articulées, père Paul-Antoine applique cette parole d’Ignace de Loyola : « Ce n’est pas d’en savoir beaucoup qui satisfait et rassasie l’âme, mais de sentir et goûter les choses intérieurement. » Nous y sommes ! « Relire c’est recueillir (faire mémoire) … relire c’est révéler (redonner du sens) … relire c’est raconter et c’est aussi relier et enfin rebondir ! » Tout cela merveilleusement articulé et argumenté ! « Voir – juger – agir » voilà le triptyque sur lequel nous devons nous appuyer pour avancer, ne pas faire fausse route, mais se recentrer sur l’essentiel, faire équipe, trouver des repères, prendre ses responsabilités (savoir dire Je… « et non pas un On ou un Nous vague, comme on l’entend beaucoup actuellement avec les téléphones portables qui veulent nous briffer comme des moutons trop souvent », me glisse à l’oreille Ludovic) …

Un petit temps de pause a contribué à refaire nos forces et à nouer des liens ! La deuxième partie de la rencontre a permis un riche échange autour des Disciples d’Emmaüs…  « Qui est comme une métaphore de la relecture de vie » explique Marc-André dans son groupe. Père Paul-Antoine guidant et unifiant la réflexion de tous pour qu’il en reste quelque chose et que le bagage ainsi accumulé nous permette de continuer la route et la réflexion soit personnellement soit en petit groupe (l’équipe de relecture de vie de la JOC ne doit pas excéder huit à dix personnes maximum pour qu’un vrai climat de confiance et de respect de la confidentialité puisse s’installer de manière pérenne. De même le lieu de la rencontre n’est pas neutre… sortir des sentiers battus… trouver un endroit favorable… « pourquoi pas en pleine nature »… et puis veiller à la régularité. Bref tous les ingrédients pour avancer personnellement et aussi avancer ensemble dans la compréhension, l’entraide et la relecture à partir de la Parole de Dieu. Enfin, le témoignage percutant et plein d’allant de Maïté jeune responsable JOC à Capesterre, est venu couronner le tout à travers les exemples concrets qu’elle nous a partagés. « Voir – Juger – Agir » voilà un trépied solide pour nous aider à avancer dans la relecture de vie qui seule peut nous empêcher de faire fausse route ! De quoi faire nôtre cette réflexion engageante du père Joseph Thomas, jésuite, dans la revue Christus : « Les événements qui ont été vécus ne sont rien par eux-mêmes. Seule compte la manière dont nous les faisons nôtres en leur donnant un sens. L’homme qui ne revient pas sur ce qu’il a vécu en reste à la surface de lui-même. Il n’y a pas d’expérience dans la pure facticité de l’évènement. La relecture est le passage au langage et rien n’est réellement humain qui n’accède au langage ! » « Osons les examens de conscience » fulminait père Albert Chalder dans ses rencontres avec les jeunes « ça ne peut faire que du bien, et déboucher sur plus de paix en soi, et plus de fraternité alentour ! ». « Avec la relecture de vie, on y tend n’est-ce pas ! » témoigne Nadia S., dans ses conclusions de prise de notes après un pèlerinage de début de carême avec Mysion Lari.

« Nous avons du pain sur la planche, mais le travail ne nous fait pas peur, n’est-ce pas ! Et la joie de la rencontre est ce qui est le plus exaltant. Nous y reviendrons » a conclu père Kaze, remerciant père Paul-Antoine, avant la prière de conclusion, la bénédiction et l’envoi ! « Les jeunes ne sont-ils pas les leviers de demain dans nos sociétés ! » comme le père Daniel Romulus, responsable du Prado dans la Caraïbe, aime le partager dans ses interventions auprès de l’association SEDHAF (sise en Guadeloupe) qui le soutient en Haïti.

Jean-Marie Gauthier