« Rythmes en voix » une fraternité artistique géniale !

Ce mardi 5 mars à 19 h 30, la salle Gilles Floro à Gourbeyre a été le théâtre d’un très grand moment musical grâce au talent de nombreux artistes guadeloupéens (et pas seulement) de génie, et qui ont su, après un travail acharné et une collaboration fructueuse aboutir à cette œuvre étonnante et détonnante qui marquera le vingt-et-unième siècle chez nous en Caraïbe. Jean-Loup Pagésy, dont on connaît le parcours exemplaire, sait fédérer autour de lui des comédiens, des musiciens, des chanteurs, des danseurs et des instrumentistes chevronnés. Tous ont plaisir de faire corps, et c’est dans une harmonie contagieuse qu’ils évoluent sur la scène nous transportant dans leurs univers poétiques, théâtraux, imaginaires et historiques de très haute qualité. On est bien chez nous et le ka est servi là de mains de maître, n’est-ce pas Peyka, jeune tambouyé de très haute volée. Tous les rythmes du ka sont déployés par des textes écrits et déclamés par José Jernidier que l’on n’est pas près d’oublier. Les sopranos Stéphanie Rupaire et Magali Léger ajustent leurs voix superbement dans des invocations lyriques classiques aussi bien que sur des rythmes endiablés. Unifiant les uns et les autres jusqu’à nous envouter ! Le solo de Stéphanie nous a tiré les larmes aux yeux, tant la sensibilité était à fleur de peau. On n’est pas près d’oublier non plus les voix des basse, ténor et baryton que sont Josselin Michalon, Joël O’Cangha et le jeune Benjamin Korutos… tous très à l’aise et performants. On est touché en plein cœur :  et le tableau final où tous se rejoignent, se dispersent, se regroupent et se déploient dans une gestuelle très bien articulée, nous emporte avec lui ! Quelle énergie ! Quel talent ! Que du plaisir visuel, acoustique, musical, rythmique qui nous élève avec lui dans un tourbillon dont on voudrait qu’il ne finisse pas… « Ce Collectif qui a déjà produit de nombreux spectacles de qualité, se surpasse là » comme le disait un enseignant à la sortie. « Unir le lyrique et le ka, il fallait le faire ! c’est réussi ! » poursuivait une mère de famille antillaise dont les enfants adolescents sont conquis et veulent s’y mettre à leur tour. « Rythmes en voix » est une célébration de la diversité musicale qui caractérise la Caraïbe. Le spectacle de ce soir, captivant, a mis en scène une fusion unique d’opéra et de rythmes traditionnels. Beaucoup de scolaires et de jeunes ont pu le voir et c’est tant mieux… à Pointe-Noire comme à Gourbeyre (les jeunes du LEP de Blanchet n’en sont pas encore revenus !). Gregory Beer pianiste de renom en a assuré la maïeutique, de même les costumes de Michel Molza et les lumières de Christian Mitoyen. Tout ce monde d’amitié, et de labeur, entraîne une fraternité artistique que l’on n’est pas près d’oublier et qui ne peut faire que du bien aux groupes et communautés des temps, parfois difficiles, que nous vivons tous ! Merci mesdames et messieurs les artistes ! Chapeau à vous ! C’est une belle leçon d’humanité que vous nous avez donnée !

Jean-Marie Gauthier