Droits de l’Homme : Vivre ensemble le plus harmonieusement possible !

“Les Droits de l’Homme, mes amis, ce n’est pas une option, ce devrait être une obligation dans toutes les sections et tous les districts de toutes les nations quelles qu’elles soient à travers le monde ! Comme Robert Badinter je salue toutes celles de nos consœurs et tous ceux de nos confrères qui en ont le souci !” ainsi s’exprimait Maître Henri Leclerc, avocat de renom dans une interview à un quotidien récemment. Merci à la Ligue des Droits de l’Homme qui en Guadeloupe nous convoque ainsi régulièrement pour dialoguer, échanger, nous instruire, nous former et nous interpeler sur les sujets graves de notre société ! Un président de la République Haïtien, et non des moindres, au début des années 2000 déclarait de son côté : “Les Droits de l’Homme sont le marchepied indispensable à tout État digne de ce nom !”. Le décor est planté.

 

Nous y voilà ! Ce vendredi 26 avril de 18 h à 20 h au lycée Gerville-Réache, nous étions convoqués pour échanger sur le thème brûlant de “l’impact de l’immigration dans la société Guadeloupéenne”. Maître Robert Valérius, président de la ligue guadeloupéenne des Droits de l’Homme, est un expert en humanité, et il a placé haut la barre : le défi à relever est bien celui de la recherche de la cohésion sociale, de l’acceptation de soi et de l’autre, et de l’unité dans la diversité. Il y avait foule tant le sujet concerne tout un chacun. Il passait la parole à M. Louis-Auguste Joint, sociologue réputé, et M. Loïck Vatna, maître de conférence chevronné en Droit Public.

1-Joint, dans un exposé argumenté, a situé en chiffres les différentes strates de cette immigration à partir du XIXème siècle. Depuis les Arawaks, les “Blancs”, les Africains, les Indiens, les Asiatiques, les autres Européens, et les Caribéens. “En Guadeloupe nous venons de 138 pays différents (il faut se rappeler qu’en Martinique ce chiffre est de 115, et en Guyane il est de 139). Aujourd’hui il faut bien noter que 80% des immigrés viennent de la Caraïbe. Quelques pistes pour avancer dans la réflexion : n’est-ce pas le marché interne qui en profite ! Les réseaux des trafics qui font parler d’eux ne révèlent-ils pas en premier les carences de l’État ! Dans les années 1970, l’entrée des travailleurs Haïtiens comblait les besoins de travailleurs saisonniers indispensables ! Et de nombreux enfants sont nés issus de ces familles, de ces populations venues nous aider chez nous ! Au delà de la discrimination et de la xénophobie parfois ambiante, il convient de se demander quelle politique d’intégration sociale nous pouvons mettre en place. Dans ce but ayons toujours le souci d’une information objective !

 

2-Vatna, à partir d’un diaporama très pédagogique, a su situer les pôles qui méritent notre attention à tous : l’Immigration c’est quoi ? Il y a le départ, le mouvement, l’exil, le franchissement de frontières, l’entrée, l’installation, l’emploi. Tout cela a un impact grandissant ‘sur tout le monde’. Comment le vivre ensemble dans notre pays Gwadloup ? Le statut des réfugiés. L’accompagnement et l’éducation. Le politique doit être très vigilant pour éviter les dérapages, les abus et la stigmatisation.

 

S’en suivait un débat très enrichissant que Robert Valérius a maîtrisé de mains de maître. Car de nombreuses questions, et de multiples difficultés ont été soulevées… De l’obligation des parents de prendre bien en charge leurs enfants ! Mettre en place des cours d’adultes. Une école des familles. (ça s’est déjà fait, relevait une grand-mère, pourquoi ça n’existe plus dans nos quartiers ? – et une autre d’affirmer : “pourquoi on attend tout de l’État ?”…  Et les intervenants d’affirmer : “l’accueil et l’intégration doivent être l’affaire de tous !” Plusieurs maires sont intervenus, c’est dire le sérieux et la conscience collective de la rencontre de ce soir. L’immigration et l’émigration sont partout aujourd’hui dans le monde. Ainsi est l’évolution du monde dans lequel nous sommes, faisait remarquer une enseignante. L’impact de cette immigration chez nous vient aussi des médias qui jouent un rôle souvent néfaste dans l’apprentissage du vivre ensemble (on le voit bien avec le climat de violence qui s’installe partout !). Il y a une montée de la paupérisation dans de nombreux quartiers : faisons attention au communautarisme : il faut construire le vivre ensemble ! Faisons attention à l’exacerbation des rapports humains ! Un jeune me disait en aparté à la sortie : “mais c’est de fraternité qu’il nous faut parler le plus souvent pour écarter tout le mal être actuel. Je suis sportif et j’attends des J.O. qu’ils nous aident à dépasser tout ça et à voir plus loin !” Et John, son camarade de Saint-Martin, de renchérir : “regardez comme Admiral’T nous aide à réfléchir et à nous transcender !”

Maître Valérius concluait cette rencontre, en approuvant les réflexions de plusieurs avocats et juristes présents “de l’utilité indispensable de ces échanges” et “d’en poursuivre le cheminement”. Et de tonner à la fin pour nous encourager à aller prêcher la bonne parole : “quel type de société souhaitons-nous pour nous ? L’intelligence humaine ne nous commande-t-elle pas d’éduquer dans tous les lieux à la dignité humaine. Le monde change et exige que nous sortions des schémas faciles et désuets : que l’harmonie reste et que les Droits de l’Homme soient pris en charge ! Accueil, compréhension et fraternité doivent demeurer envers et contre tout ! L’ostracisme n’a rien à faire chez nous en Gwadloup !”

Sonia T. (jeune infirmière à la maternité du CHU) me disait en sortant : “j’ai beaucoup aimé cette soirée, je suis guyanaise et j’ai beaucoup appris. Vous avez vu toutes les mains se lever pour poser des questions et faire part de leur sentiment. Je voulais moi-même témoigner de ce que le Professeur Eustase Janky m’avait dit un jour durant mon stage de formation : “tu vois que c’est beau de travailler en maternité. N’est-ce pas la plus belle des transmissions. Il faut savoir aussi que sur dix naissances aujourd’hui en Gwadloup, la moitié sont des bébés “d’immigrés” ! Que transmettons-nous !  Il faut le savoir car dans vingt ans ils seront tous en responsabilité chez nous ! De l’utilité de nous redire souvent cette magnifique parole de Martin Luther King : Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots.”

 

Jean-Marie GAUTHIER