Décès du Père Yves Gillot, doyen des prêtres en Guadeloupe

Basse-Terre, 7 septembre 2024

Monseigneur Philippe GUIOUGOU, salue la mémoire du Père Yves GILLOT, doyen des prêtres de notre diocèse, décédé dans la soirée du vendredi 6 septembre 2024, au CHU de Guadeloupe, à l’âge de 93 ans. L’évêque de Guadeloupe en son nom personnel et au nom de l’ensemble de notre presbytérium exprime toute sa tristesse à la suite de l’annonce de la disparition de ce grand serviteur de l’Eglise catholique de notre territoire.

Père Yves GILLOT a marqué de son sacerdoce plusieurs paroisses dont il fut curé ou vicaire : A la cathédrale Notre-Dame de Guadeloupe à Basse-Terre, à Pointe-Noire, à Massabielle, à Saint-Pierre et Saint-Paul (P-à-P), qu’il dirigea 28 années durant ; mais aussi à Le Moule et à la Chapelle de Fatima où il s’était retiré pour vivre son ministère de prêtre aîné, tout en continuant à célébrer sur place et chez les religieuses de l’Ecluse.

Il se singularisait par son humilité, son empathie, son souci surtout d’annoncer la Bonne Nouvelle avec grand soin et bienveillance, ancré qu’il fut dans sa terre natale et observateur attentif de la société guadeloupéenne. Serviteur infatigable, Père GILLOT a également contribué à la vie de notre diocèse à travers notamment son implication dans la mission d’Evangélisation et la formation des laïcs, par ses nombreux écrits dans la revue diocésaine « L’Eglise en Guadeloupe », ou encore comme membre fondateur de Radio Massabielle.

En 2022, Père Gillot fêtait ses 60 ans de sacerdoce, nous laissant comme héritage tout le don qu’il fit de sa vie à Dieu, aux fidèles et au peuple de notre diocèse, qu’il accompagna sur plusieurs générations. De même que l’ouvrage autobiographique qu’il signa retraçant toute sa vie d’homme d’Eglise depuis le séminaire.

« J’ai choisi d’habiter la maison du Seigneur (Ps 126). J’ai choisi le bonheur et la vie » (Dt 30) aimait-il fredonner. Mais le chant religieux qu’affectionnait le plus Père GILLOT était « Couronnée d’étoiles : Nous te saluons ô toi, Notre Dame », souhaitant de son vivant que ces paroles réchauffent les cœurs et apportent à chacun le réconfort lors de ses funérailles.

Monseigneur Philippe GUIOUGOU, évêque de Guadeloupe, s’unit par la prière à la famille, aux proches de Père Yves GILLOT et à tous les fidèles qui l’ont côtoyé. Il invite tout un chacun rendre l’hommage qu’il mérite au doyen de notre diocèse lors de sa veillée et de ses obsèques à venir.

Que le Seigneur l’accueille dans la lumière de son visage.

Radio Massabielle rediffusera ce week-end, en mémoire de Père GILLOT, la grande interview qu’il avait accordée à notre média en mai 2022. Rendez-vous ce samedi 7 septembre 2024 à 16h45 et demain dimanche 8 septembre à 8h et 16h, pour revivre ce puissant témoignage de foi.

Le service diocésain de la communication

Les obsèques du père Gillot ce mercredi 11 septembre à 15h en l’église de St pierre et St Paul de Pointe à Pitre

La veillée sera le mardi 10 de 17h à 22h au Palais des sport de Bas du Fort au Gosier

Décès de Père Yves Gillot (1931-2024) : L’hommage de Mgr Jean-Yves RIOCREUX, évêque émérite de Basse-Terre et Pointe-à-Pitre

Evêque de Guadeloupe de 2012 à 2021, Mgr Jean-Yves RIOCREUX a bien connu Père GILLOT, le doyen de nos prêtres décédé à l’âge de 93 ans. En union de prières avec notre diocèse, il signe cet hommage émouvant, en rendant grâces à Dieu pour ce bon et fidèle serviteur. Nous publions intégralement.

Le Père Yves Gillot est décédé après quelques semaines d’hospitalisation en plusieurs hôpitaux et cliniques.  Au cœur de ces semaines, il a  reçu le sacrement de l’onction des malades des mains de Mgr Guiougou. Sa mort suscite une grande émotion et de nombreux hommages, tant « Père Gillot » a marqué la Guadeloupe. 

Ayant bénéficié de ses conseils et de sa collaboration à mon arrivée comme évêque de Basse-Terre en 2012, j’apporte ici le témoignage reconnaissant avec  mon amitié pour ce prêtre estimé.

Avant même d’arriver en Guadeloupe, j’avais entendu ce nom « Père Gillot ». Aussi, dès septembre 2012, je l’avais associé à la vie du diocèse. Il m’a ainsi fait découvrir l’Eglise en Guadeloupe, son histoire ainsi que sa complexité, sa diversité et sa richesse. Et j’ai beaucoup admiré sa disponibilité pour venir chaque semaine depuis le  Moule jusqu’à l’évêché à Basse-Terre, généralement très tôt le matin. Messe ensemble, échanges et  participation à divers conseils,  comme « chancelier » du diocèse.

Rapidement, j’ai connu son parcours commencé durant la guerre et qui s’est poursuivi en métropole en différents lieux,  à Allex dans la Drôme et au séminaire spiritain à La Croix-Valmer dans le Var. Il est ordonné prêtre en février 1960.

Ses capacités intellectuelles étant reconnues, il  est invité à poursuivre sa formation à Rome pour une licence en droit canon. Il aimait à parler de ces années importantes ayant contribué à son amour de l’Eglise et de la liturgie.  C’était une joie de l’entendre chanter des hymnes en grégorien, puisqu’ayant été formé avant le Concile Vatican II. Et il aimait aussi à évoquer les anciens connus durant ces années romaines.

 

De retour en Guadeloupe en 1962, il est prêtre au milieu des jeunes d’abord aumônier du lycée Gerville-Réache à Basse-Terre et ensuite à Pointe-Noire.  Et le voici nommé curé à Pointe-à-Pitre, d’abord à Massabielle, puis en 1972  à la grande église Saint Pierre Saint Paul. Il y restera plus d’un quart de siècle. Ah, comme il aimait à parler de ses années à Pointe-à-Pitre, période au cours de laquelle il a tissé de nombreux lieux d’amitié avec tant de personnes de tous milieux.  C’est d’ailleurs dans cette période de son ministère qu’il a accompli de nombreuses réalisations, celles connues et tant d’autres inconnues, mais  réelles auprès tant de familles et personnes.

Puis, après ces années marquantes pour la Ville et pour lui-même, disponible pour une autre paroisse,  il devient curé à St Jean Baptiste du  Moule. Grande paroisse où, là encore, il sera présent auprès de tous, sachant se faire aider par des jeunes prêtres venant d’Haïti.

Enfin, c’est dans cette commune du Moule, à la chapelle de Fatima qu’il se retire à 75 ans.  Nombre de fidèles connaissaient sa maison et venaient le rencontrer  pour un conseil ou une confession. Et, chaque année, le 13 Mai, avec les fidèles du quartier et les pèlerins venant nombreux, il  célébrait la fête de Notre-Dame de Fatima.

En conclusion, trois souvenirs. Le premier est lié à un lieu célèbre. « Pourrais-je célébrer un jour à Notre-Dame de Paris ? » me demanda-t-il. L’ancien recteur de la cathédrale pouvait permettre la réalisation de ce rêve. Et il put ainsi présider l’office de Vêpres et la messe un soir d’été en ce haut-lieu. Le second, ce fut sa présence à Marlhes pour la célébration de mes 40 ans de sacerdoce. En cure à Vichy, il avait pu se joindre à notre paroisse en concélébrant la messe. Et le dernier est lié à un épisode cocasse. Pour une ordination à Saint Pierre Saint Paul, je me suis trouvé dépourvu, une chaussure étant défectueuse. Immédiatement, il me propose ses propres chaussures, et en riant menu dit : « Vous raconterez cela le jour de mes funérailles ». Promesse tenue !

Au-delà de cette anecdote, il y a cette belle réalité du souvenir rendu à un prêtre, « Bon et Fidèle Serviteur » qui nous a quittés et pour lequel nous prions, en rendant grâces pour ces 64 années de sacerdoce dans l’Eglise en Guadeloupe.

+ Jean-Yves Riocreux, évêque-émérite de Basse-Terre et Pointe-à-Pitre