Par Pascal Gbikpi

Le porte-parole du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi, a officiellement annoncé les dates du voyage du pape François en Afrique : « À l’invitation des chefs d’État et des épiscopats locaux, le Saint-Père effectuera un voyage apostolique en Afrique, du 25 au 27 novembre au Kenya, du 27 au 29 novembre en Ouganda, puis en Centrafrique les 29 et 30 ».
Depuis son élection en mars 2013, le pape François s’est rendu en Asie, en Amérique du Sud et du Nord et dans les Balkans mais n’a pas encore posé le pied en Afrique, dont il a reçu au Vatican maintes délégations d’évêques en visite ad limina. Sa visite se situera après le Synode sur la famille qui se déroule du 4 au 25 octobre 2015 et où les pères synodaux africains (sur 253 participants, le synode comptera 54 représentants des conférences épiscopales catholiques et cardinaux originaires d’Afrique) pourraient jouer un rôle déterminant. Enfin, l'Afrique occupe une place non négligeable dans la curie romaine avec la présence du Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kinshasa, au sein de la commission de neuf cardinaux chargée de la réforme de la curie et du gouvernement de l’Église, du Cardinal Peter Turkson, président du Conseil Pontifical Justice et paix, du Cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le Culte Divin, de Mgr Barthélemy Adoukonou, secrétaire du Conseil Pontifical pour la Culture, …
Les trois pays que le pape visitera, ont en commun de compter d’importantes communautés catholiques et de connaître des tensions importantes. Ainsi, le Kenya subit les attaques meurtrières des Shebab, islamistes somaliens liés à Al-Qaïda, qui ont multiplié leurs offensives depuis que l’armée kényane est entrée en Somalie en octobre 2011 pour les combattre. En Ouganda, autre pays sous la menace des Shebab somaliens, le pape François suivra les pas de Paul VI qui y avait effectué un pèlerinage apostolique du 31 juillet au 2 août 1969 pour bénir le sanctuaire des 22 martyrs de Namugongo tués en 1878 et canonisés par lui-même en 1964.  Paul VI avait déclaré : « J’ai voulu venir de Rome pour bénir l'autel de ce Sanctuaire. Mon intention est de vénérer aussi, par cet acte, tous les autres chrétiens qui ont donné leur vie pour la foi catholique en Afrique, ici et partout. »

La Centrafrique reste dans une situation chaotique depuis le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par Michel Djotodia à la tête d’une rébellion à dominante musulmane, la Séléka. Celle-ci a commis des exactions, dès son arrivée au pouvoir, contre les populations en majorité chrétienne. En réaction, des milices d’autodéfense, les anti-balaka, se sont créées et s’en sont pris aux civils musulmans. Interrogé sur la prochaine visite du pape, Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui, a évoqué un engouement, envers  la visite papale, des centrafricains « qui attendent de recevoir un message de joie venant de ce père, ce pasteur, cet homme épris de miséricorde. » L’archevêque a ajouté que la visite pontificale était « un signal fort pour l’Afrique déchirée, pour que nous puissions cheminer ensemble vers le dialogue et la réconciliation. »
Pascal Gbikpi

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