Après la profanation en l’église de Saint-Claude… la question du mal !

 Père Sandro Lafranconi, curé de l'eglise de St Claude profanée nous aide à avancer…

En tant que chrétien catholique nous puisons notre force et notre raison d’être et d’agir dans les sacrements. Immédiatement donc nous nous plaçons d’un point de vue particulier par rapport au mal. On ne peut pas considérer le mal en lui-même, mais en le situant à la lumière du Ressuscité qui nous montre ainsi qu’il a détruit la mort, emblème par excellence du mal.
Cela dit, dans les repères archéologiques les plus anciens dont nous disposons, dans les populations les plus lointaines, dans les cultures ancestrales, on retrouve toujours des représentations, objets ou repères graphiques qui sont un cri face à ce qui reste inexplicable : pourquoi le mal ? Pourquoi dois-je souffrir ? Pourquoi la mort est-elle présente ? Et donc quand j’ai besoin de prévaloir sur l’autre, je vais employer ce qu’il y a de plus fort : la mort, et les sous-produits de la mort : la violence, la haine mortifère… Le mal est le grand point d’interrogation autour duquel l’homme continue de se battre. Car en même temps qu’on le constate on n’arrive pas à l’accepter. L’homme n’est pas fait pour le mal, mais pour le bien. Même si l’homme se fourvoie en  cherchant le mal, ne le chercherait-il pas pour un bien (les jeunes manipulés par DAECH se font tuer et sème la mort atrocement pour atteindre le Dieu du bien, c’est un comble) !

Différence fondamentale entre le mal et la souffrance. Si la souffrance a en elle-même les caractéristiques de la douleur, nous nous apercevons que par elle nous pouvons atteindre les résultats les plus importants de notre vie. La mère enfante dans la douleur, mais c’est pour la vie ! Il en est de même pour le passage par la mort, puisque le Ressuscité a vaincu la mort et nous ouvre la vie ! Notre Seigneur lui-même laisse dans ses paroles une description précise même si elle est discrète des souffrances qu’il a endurées ; les récits de la passion sont détaillés méticuleusement. La Parole de Dieu parle de la souffrance, c’est pour en donner le sens. La souffrance n’est pas le mal, par la souffrance on dépasse le mal. Ne parle-t-on pas du déchirement des entrailles pour montrer la souffrance profonde intérieure… dans le prolongement l’apprentissage c’est une souffrance mais pas une douleur. Dans cette perspective on retrouve l’un des besoins les plus ancestraux dans l’être humain qui est celui d’atteindre Dieu, le « posséder » pour donner un sens à la souffrance et au mal ! Or le dieu des religions naturelles s’exprime dans la tempête, la foudre, la puissance écrasante, mais dans la révélation chrétienne et c’est là toute la différence Dieu cherche un long chemin pour montrer son alliance avec l’homme et comme dit l’apôtre Paul « c’est sur la croix » que l’on sort de la religion naturelle… ainsi est révélé que Dieu vibre dans ses entrailles pour l’homme… voilà la Miséricorde !

Les profanateurs de notre église de Saint-Claude sont repartis avec entre leurs mains ce Dieu pour lequel ils étaient en train de faire « ça » : n’imaginaient-ils pas qu’Il les portait sur ses épaules eux qui venaient de le voler !
Ne pas oublier que le respect réciproque demande qu’on ait de l’attention pour tous les signes et  formes qui expriment le besoin de Dieu. Derrière tout cela il y a bien la petitesse de l’homme et la grandeur de Dieu. Même si nous serons toujours tiraillés, empêtrés par nos doutes et nos questions, la Miséricorde est fondamentale ! 
(propos recueillis par J.-M. Gauthier)