Evènement : Inauguration du “Trésor de la Guadeloupe”

L’inauguration du « Trésor de la Guadeloupe », ce 9 février 2019, est un événement majeur dont la portée dépasse les rivages de l’archipel. 

 

     

L’inauguration du « Trésor de la Guadeloupe », ce 9 février 2019, est un événement majeur dont la portée dépasse les rivages de l’archipel. Cette merveille, composée d’objets et de vêtements liturgiques, est installée dans les locaux de l’évêché à Basse-Terre, pour être accessible au plus grand nombre, mais surtout – souhaitons-le – aux enfants et jeunes des écoles ; car ils trouveront là à la fois la fierté de leur naissance et les ressources de leur avenir.

Deux leçons sont à tirer de ce Trésor. La première est, grâce à la présentation soignée, de plonger dans le passé pour en apercevoir les ombres et les lumières, à l’instar de toute existence humaine : regarder le passé des autres permet de modérer mon propre présent. Mais ce n’est pas tout : la nostalgie ou la fascination pour l’histoire peuvent être délétères. Alors si le passé nous donne de relativiser le présent, l’actualité nous accorde aussi un surcroît d’intelligence du passé. L’exposition du Trésor de la Guadeloupe ainsi ne nous enferme ni dans une vision idéaliste du papassé ni dans une lamentation désabusée de notre présent : elle nous dit d’aller de l’avant, puisque nous avons des yeux pour l’hier et l’aujourd’hui

Seconde leçon : elle touche à la jointure ultrasensible, parfois même douloureuse, des relations entre l’Eglise catholique et l’Etat en France, situation singulière dans le monde. Le Trésor de la Guadeloupe est d’abord le trésor d’un peuple. Ce peuple religieux a eu des rites, des célébrations, des dévotions et, pour ce faire, des objets liturgiques. Les voici à contempler directement, au chevet de la cathédrale de Basse-Terre. Par les vicissitudes de l’histoire, ils étaient devenus propriété de l’Etat ou des communes. Pour être exposés au public, ils sont non pas rendus à l’Eglise catholique mais disposés magnifiquement comme dans un écrin, en un local appartenant à l’Eglise : celle-ci, n’en étant pas propriétaire, les accueille, les protège, les offre à tous.

Deux missions ainsi se rencontrent : celle de l’Etat qui est de servir le bien de tous les citoyens, y compris par la culture et l’éducation ; et celle de l’Eglise qui est, à la suite du Christ, d’accueillir ce qui peut promouvoir le plus beau de l’être humain, notamment par l’art.

Deux leçons – l’intelligence du temps et l’intelligence de la Beauté – sont donc données par cette exposition permanente du Trésor de la Guadeloupe. Ce n’est pas que ce Trésor est seulement à la Guadeloupe ; c’est que la Guadeloupe est ouverte à tous ; car le plus grand trésor, c’est l’humain.

Elie MARECHAL, journaliste, de passage en Guadeloupe,
Ancien directeur de Radio Notre-Dame à Paris