Lettre des évêques des Antilles et de la Guyane

Lettre des évêques des Antilles et de la Guyane
 
Chers frères et sœurs dans le Christ
  
La Bible en Nous
            Chez nous, dans la Caraïbe, la puissance de la Parole de Dieu est une évidence. Notre peuple aime cette Parole.  Nous avons expérimenté sa capacité à rassembler ceux qui sont dispersés, nous y trouvons, depuis toujours, l’expression de la vraie libération et nous y puisons, aujourd’hui encore, la force de lutter contre les ténèbres du présent et de l’avenir. 

Lettre des évêques des Antilles et de la Guyane

 

Chers frères et sœurs dans le Christ
  
La Bible en Nous

            Chez nous, dans la Caraïbe, la puissance de la Parole de Dieu est une évidence. Notre peuple aime cette Parole.  Nous avons expérimenté sa capacité à rassembler ceux qui sont dispersés, nous y trouvons, depuis toujours, l’expression de la vraie libération et nous y puisons, aujourd’hui encore, la force de lutter contre les ténèbres du présent et de l’avenir. Nous aimons la chanter, la prier, la partager, la méditer, la proclamer, l’étudier et la citer en toutes occasions. 
Au moment où ces livres saints arrivent entre nos mains, n’oublions pas que le principal moyen de transmission de la Parole est la communauté des disciples missionnaires : l’Eglise elle-même !
 
            «  Ecoute Israël ! » (Dt 6,4) ordonne Dieu au Peuple de la première Alliance à qui il parle par les prophètes. C’est le souvenir de ses paroles transmises de génération en génération, répétées aux fils, et aux fils des fils (Dt 4,9) que des scribes ont ensuite fidèlement transcrits.
            Puis « le Verbe s’est fait chair et Il a habité parmi nous » (Jn 1,14). La Parole s’est incarnée dans le sein de la Vierge Marie. « Bienheureuse celle qui a cru en la Parole qui lui a été dite de la part du Seigneur » (Lc 1,45), « elle retenait tous ces évènements et les méditait dans son cœur» (Lc 2,19) et devint par la volonté de Dieu le modèle des croyants et la mère de tous les amoureux de la Parole de Dieu. On ne peut comprendre l’enseignement de Jésus, disait le Père Lagrange, si l’on n’est pas un « disciple bien-aimé » qui repose sa tête sur le côté du Christ (Jn13, 23) et qui prend Marie pour mère au pied de la croix (Jn 19,23).
            Les Apôtres premiers détenteurs de la Bonne Nouvelle du salut universel en ont été « ses témoins à Jérusalem, en Judée, en Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1,8). Ils ont fait en sorte que cette Parole soit transmise de siècle en siècle sans souillure. Dans l’Esprit-Saint, leurs disciples ont recueilli ce témoignage vivifiant et donateur de vie et l’ont écrit pour qu’il soit une norme de foi des croyants à travers l’Histoire (2 Tm 3,10). Depuis 2000 ans, cet Evangile est si bien transmis par la communauté guidée par les évêques que même à travers les vicissitudes, les drames et les crimes de l’Histoire, la Parole a retenti jusque chez nous dans la Caraïbe. Et Dieu s’est manifesté.
 
 La Parole : Communauté et Ecriture Sainte
            La Parole de Dieu a convoqué et façonné une communauté guidée dans l’Esprit-Saint par les apôtres et leurs successeurs à travers les âges. Il y a 5 siècles, grâce au progrès technologique, un seul ouvrage rassemblant toutes les Saintes Ecritures a pu être imprimé.
            L’Ecriture Sainte transmise de siècle en siècle bien avant cela a montré sa fécondité dans la vie des croyants, des familles et des assemblées, pour guérir les cœurs, réconcilier les hommes divisés, chasser les démons, illuminer les âmes, répondre aux questions de ceux qui doutent, apprendre à aimer et à pardonner son prochain et retrouver le chemin de l’amour de Dieu de tout son cœur et de toute son âme.
            La Bible ne donne de fruits que si elle est reçue et lue en Eglise. Il faut la recevoir avec l’Eglise d’hier dans la tradition de son enseignement, avec l’Eglise d’aujourd’hui en communion avec les pasteurs légitimes, le pape, les évêques et leurs collaborateurs, les prêtres. Coupée de la Tradition vivante voulue par Dieu « la lettre tue » (2Co 3,6) et peut nourrir l’orgueil de ceux qui s’arrogent le droit de l’interpréter à leur guise.
            Dans l’histoire de l’Eglise, le fait qu’une indulgence ait été attachée à la lecture de la Bible, exprime l’importance de ces textes sacrés.
 
Animation biblique de notre vie chrétienne en Eglise
La Bible est un don de Dieu pour notre salut. Toujours, elle nous ramène vers la communauté pour que nous prenions notre place dans notre famille de disciples missionnaires. Dans l’autre sens, les communautés, les familles, les petites communautés ecclésiales (TKL, PCE…), les groupes de prière, les chorales, les mouvements, les services ou les associations ne peuvent porter du fruit que s’ils sont alimentés par la Parole de Dieu.
            Nous souhaitons que la Bible En Noussoit le fondement majeur de la vie ecclésiale, la base de l’animation pastorale de tous les responsables, l’ouvrage commun des familles de nos diocèses. C’est pourquoi, parmi les différentes traductions de la Bible, nous avons choisi celle qui est le signe du rassemblement et de l’unité des frères et des sœurs à travers les mers : la traduction liturgique. Par cette traduction, choisie pour son style oral simple et accessible, tous les catholiques accueillent la Parole dans la liturgie.
 
 Pourquoi faire ?
 
            Voici donc la Bible En Nous, don de l’Eglise à chacun de nous :
 
Qu’elle permette que les textes proclamés chaque jour dans nos assemblées, fécondent aussi nos foyers et nos vies.
Qu’elle donne aux pères et mères l’occasion de lire les récits de l’histoire du Salut à leurs enfants.
Qu’elle serve aux disciples-missionnaires à évangéliser et proclamer la Parole dans l’Eglise et dans le monde, à temps et à contretemps.
Qu’elle rappelle par sa présence sur nos tables de nuit, dans nos sacs à dos, dans nos voitures ou dans nos salons que Dieu s’adresse à nous à chaque instant.
Qu’elle communique aux animateurs et aux compositeurs les mots-mêmes de leurs chants.
Qu’elle soutienne la prière de ceux qui cherchent les expressions justes pour s’adresser à Dieu.
Qu’elle soit utilisée comme base par les groupes qui souhaitent partager leur foi.
Qu’elle repose dans les mains de ceux qui méditent la Parole dans l’intimité.
Qu’elle soutienne l’étude de ceux qui sont appelés à scruter la Vérité pour nourrir leur intelligence des choses de Dieu. 
Qu’elle soit, enfin, la référence des curieux et des assoiffés de sagesse qui cherchent en elle l’inspiration de leur vision de la vie.
  

+ Fr David Macaire op
Archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France
 
+ Jean-Yves-Riocreux
Evêque de Basse-Terre et Pointe-à-Pître
 
+ Emmanuel Lafont
Evêque de Cayenne