3è dimanche de Pâques : 18 avril 2021

Chaque dimanche les chrétiens devraient être au contraire de plus en plus nombreux à venir célébrer, parce qu’ils ont compris que chaque dimanche c’est Pâques !. Et de cela, l’évangile nous dit : «A  vous d’en être les témoins. » Vous ? Pas seulement les apôtres, mais nous tous les baptisés, fils et filles de l’Eglise, i.e. l’Eglise toute entière porteuse de  l’événement pascal. Et puis « témoin ! » ? Non pas témoin, à l’exemple de quelqu’un qui aurait assisté à un accident, mais témoin en ce sens que ce qui s’est passé est devenu important pour moi.

Pâques c’est la plus grande fête de l’Eglise. Pendant huit jours de suite (qu’on appelle l’octave) on célèbre la fête. Autrement dit la fête, (et la fête de Pâques en l’occurrence), ce n’est pas une parenthèse de notre vie, mais un moment fort de l’existence chrétienne où nous prenons conscience de cette réalité de la Foi qui finit par être occultée, et masquée par le quotidien.

Or qu’est-ce qui est masquée par le quotidien ? C’est cette extraordinaire nouvelle de l’Evangile qui nous a été livrée : Jésus est ressuscité. Ce Jésus ressuscité n’est pas un fantôme, ce n’est pas un mirage,  une hallucination ! « Touchez-moi, regardez : un esprit n’a ni chair ni os ». C’est ce que le Ressuscité dit aux Apôtres. Or dans les récits qu’ils rapportent au sujet des différentes manifestations de Jésus, comme par exemple aux disciples d’Emmaüs, c’est bien  ces réalités dont ils sont les témoins et qu’ils veulent nous communiquer. Nous ne sommes pas par conséquent dans une histoire imaginaire. L’Evangile rapporte encore que le Christ après sa résurrection a même pris un morceau de poisson grillé qu’il mangea devant ses disciples ! L’Evangile ailleurs rapporte également l’expertise de Thomas, qui constate que le ressuscité, est le même qui avait dit « prenez et manger ceci est mon corps, le même dont  les mains ont été percées,  le même dont le côté a été ouvert par une lance. Ce n’est donc pas pour rien que tout cela nous est raconté.

Tout au long de leur vie de disciples, quand viendront les moments difficiles, et la routine de la vie quotidienne, quand surtout arriveront les moments de doute et d’inquiétude, ils devront se souvenir (et ils vont se souvenir) de cette rencontre avec le Ressuscité. Et c’est cela qui va changer leur vie. Ils vont se souvenir de ce que Jésus a fait, et de ce qu’il leur a dit. Ils vont se rassembler pour vivre cette présence du Ressuscité qu’ils retrouvent au milieu d’eux quand ils sont réunis en son nom.

Le rassemblement dominical fait  vraiment mémoire du mystère pascal, c’est à la fois rappel du jour de l’événement et présence réelle du Ressuscité avec ses frères. Faute de l’avoir compris peut-être, la démarche dominicale, la messe du dimanche, devient alors pénible et ennuyeuse. Pâques donc ce n’est une parenthèse de notre vie : un événement qui se dégonfle comme une baudruche au fil des jours, et qui finit par entrer dans la banalité du quotidien. Je crois au contraire que c’est le sommet, la source, ou comme disait Peguy (le poète), c‘est « le genou, le coude, l’articulation de notre foi ».

Père Yves GILLOT