4è dimanche de carême : 27 mars 2022

En ce 4e dimanche de carême, par la parabole de l’enfant prodigue, Jésus nous révèle l’amour du Père miséricordieux.

Le plus jeune frère, dans son ignorance de la joie d’être fils et de vivre de l’amour paternel, s’est laissé avoir par les ambiances de la jeunesse, les modes, les tendances et sûrement par les conseils d’autres jeunes du même âge que lui. Il demande son héritage. Sans hésiter, le père lui donne ce qu’il a demandé et il part vivre comme beaucoup de jeunes de son âge. Saint Luc écrit : « le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. ». Et voilà ce qui arrive. Le jeune homme se trouver dans une situation dramatique. Puis une fois détruit, ruiné et miséreux, il est abandonné de tous. Il se retrouve dans la pire déchéance pour un juif : « garder les cochons ». Pour les juifs, les cochons sont considérés comme impurs d’après la loi.

Dans cette situation de déchéance, l’enfant prodigue comprend qu’il était en train de se perdre. Heureusement pour lui. Pris de remord, il décide de retourner vers le père pour vire, non plus comme fils mais comme serviteur. Il s’imagine certainement la colère de son père quand il le reverrait. « Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils ; prends-moi comme un de tes ouvriers. » Tout péché nous éloigne de Dieu comme l’enfant prodigue éloigné de son père par son mauvais comportement. Mais ce que Dieu attend de nous est la prise de conscience de notre état de pécheur par une vraie contrition qui nous ferait prendre le chemin qui nous ramène à l’amour et à la miséricorde.

Contrairement à ce que pensait l’enfant prodigue et, surement chacun de nous quand nous sommes en état de péché, le père miséricordieux qui attendait patiemment son fils le reçoit à son retour. Il l’embrasse, lui donne tout ce qu’il faut pour retrouver sa dignité de fils et fête son retour à la vie. « Le père dit à ses serviteurs : ‘Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.’ L’amour va jusqu’au pardon.

Le fils prodigue retrouve sa place de fils dans sa famille. Le fils aîné, à son retour du champ, s’indigne contre l’accueil miséricordieux de leur père. « Il y a tant d’années que je te sers et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.” Il refuse de reconnaître le deuxième  fils comme un frère. Il devient juge et qui condamne son frère au lieu de l’accueillir.

Bien sûr, dirions-nous, Jésus s’adressait aux scribes et aux pharisiens qui ne comprenaient pas son bon accueil des pécheurs et récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! ».

Mais il s’adresse aussi aujourd’hui à chacun d’entre nous pour d’abord nous dire que nous ne sommes pas si brebis galeuse pour ne pas mériter le pardon et l’amour de Dieu. Ensuite pour nous nous inviter à nous associer à la joie de Dieu et de ses Anges quand un pécheur se convertit : « Il y a de  la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. ». Et enfin, c’est pour nous rappeler que nous devons être miséricordieux comme notre Père céleste est miséricordieux.

Ce temps fort de carême que nous vivons actuellement est le moment favorable pour une prise de conscience de notre état de pauvres pécheurs pour revenir à Dieu toujours prêt à nous accueillir et nous pardonner nos péchés,  à nous accueillir les uns les autres et à nous rappeler que Dieu : « nous a réconciliés avec lui par le Christ, et il nous a donné le ministère de la réconciliation. Car c’est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui : il n’a pas tenu compte des fautes, et il a déposé en nous la parole de la réconciliation. » (2Co 5, 17-21)

 

 

Père Cossi Denis AVIMADJENON, Curé de Baie-Mahault