dimanche 16 août : 20è dimanche ordinaire

Qui d’entre nous aussi, ici en Guadeloupe ou durant un séjour à l’étranger, n’a pas entendu au bord d’une route un cri de détresse accompagné d’une main tendue. ? On se sent parfois,  le plus souvent, mal à l’aise et parfois incapable de ne  pouvoir faire quelque chose.

Or dans les Evangiles, il nous est aussi souvent rapporté les cris des aveugles, des boiteux,  des lépreux, assis au bord des routes qui demandaient l’aumône. Le cas de la Cananéenne raconté ici est tragique, parce que non seulement elle est une étrangère, i.e. non juive, mais parce que, elle crie encore que sa fille est tourmentée par un démon. Or celui qui aurait pu écouter sa demande et l’exaucer semble ne pas l’écouter. « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! »dit-elle. Elle sait qu’elle n’est pas une fille d’Israël, elle sait qu’elle n’a aucun droit, mais elle crie sa pleine confiance. Que répond Jésus à la demande qui lui a été faite ? « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël. ».            Le langage de Jésus pourrait même  nous choquer  lorsqu’ il dit : «  il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens ». Car dans nos pays, comparer une personne à un petit chien, c’est plus que la rabaisser. C’est une injure ! Or dans la culture hébraïque le mot « chien » n’est ni péjoratif ni insultant, comme on pourrait le penser dans cette parole, parce que, au contraire devant la foi de cette femme, Jésus change totalement d’attitude et dit : « Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! »

Derrière cette parole, il y a quelque chose de très important à laquelle le récit évangélique fait allusion. Il y avait à l’époque un débat, une discussion qui agitait les premières communautés chrétiennes et peut se résumer ainsi : Dieu n’a-t-il pas fait ses promesses au seul peuple élu, i.e. Israël ? Il a fallu donc du temps, et beaucoup de temps, pour que les premiers chrétiens, venus du Judaïsme, acceptent que des étrangers entrent dans les communautés chrétiennes sans pour autant suivre nécessairement leurs pratiques (i.e. la circoncision, les rites, les mœurs, les tabous, les traditions hérités des anciens). Il a fallu donc  beaucoup de temps pour que des non-juifs soient acceptés et reconnus également comme héritiers eux aussi, du salut apporté par Jésus,  sans limite de race ou de frontière. Or Jésus a montré par ses actes, par son enseignement, par le don de sa vie, que Dieu aime tous les hommes et qu’il veut le  bonheur de tous les hommes. Que Dieu, en la personne de Jésus, veuille sauver tous les hommes, sans distinction de race et de frontière, cela nous paraît tout à fait normal de nos jours…

Le maire d’une commune de France avait été condamné, il y a quelques années de cela, par un tribunal français pour avoir dit quelque chose qui montre que souvent vis-à-vis des étrangers, on n’a pas toujours le réflexe humain, le réflexe d’accueil, à plus forte raison, le réflexe chrétien. Cette histoire ne ressemble pas tout à fait, à ce qui est rapporté par les évangiles  au sujet de la Cananéenne, mais…Mais, alors qu’est-ce qu’avait dit ce maire de cette commune, à propos de ces Tziganes, Bosniaques et Romanichels, et autres étrangers qui envahissaient le territoire de sa commune ? Il avait dit : « Fichez le camp d’ici ! Hitler n’a pas fait assez ! Il aurait du vous exterminer tous ! » Ces paroles-là sont dures à entendre, et donnent en tous cas  beaucoup à réfléchir !!

Père Yves GILLOT